Grenoble : hausse des agressions physiques en 2018 – le procureur dénonce une « culture de la violence »

12 septembre 2018 09:45 Mis à jour: 12 septembre 2018 09:45

Il y a quelques semaines, après le meurtre d’Adrien Perez – un jeune homme de 26 ans tué à coups de couteau à la sortie d’une discothèque –, plusieurs syndicats policiers dénonçaient la violence qui gangrène l’agglomération grenobloise. Le procureur de la ville de Grenoble vient de livrer aux journalistes de France 3 les chiffres précis de la délinquance sur les huit premiers mois de l’année. 

Le 18 août, moins de 3 semaines après le meurtre d’Adrien Perez qui bouleversa la cité iséroise, un représentant du syndicat de police Alliance n’avait pas hésité à qualifier Grenoble de véritable « Chicago français », expliquant qu’il ne se passait pas « une semaine sans des agressions au couteau ou des règlements de comptes ».

Le premier syndicat de police français avait déjà avancé quelques chiffres pour appuyer ses dires, affirmant que « le nombre d’agressions à Grenoble [était] de 63 % plus élevé que dans des villes de même taille ».

Une culture de la violence « historique »

Jean-Yves Coquillat, procureur de la ville de Grenoble, vient de dévoiler en exclusivité  aux journalistes de France 3 les chiffres de la délinquance sur les 8 premiers mois de l’année.

Des statistiques édifiantes qui sont relativement proches des chiffres avancés par la police et confirment les inquiétudes légitimes des forces de l’ordre.

« Il y a, à Grenoble, une culture de la violence qui est ancienne », a expliqué M. Coquillat aux journalistes de France 3.

Le procureur isérois estime qu’il est «très difficile de faire changer les choses » dans une ville où cette culture de la violence est « bien ancrée », « historique ».

« Une des caractéristiques de Grenoble, c’est la prégnance du trafic de stupéfiants », poursuit le magistrat.

« Quand on démantèle une bande sur un quartier, on crée un vide et les autres bandes vont essayer de combler ce vide parce qu’il y a une clientèle… et à ce moment là, il va y avoir des tensions et des règlements de comptes. »

Les agressions physiques beaucoup plus nombreuses à Grenoble qu’à Rennes ou à Toulon

Bien que la délinquance globale soit restée stable (+ 0,6 %) et que le nombre de vols avec violence ait diminué de 9,7 % sur les huit premiers mois de l’année, les atteintes aux personnes (atteintes à l’intégrité physique ou atteintes à la dignité et à l’honneur d’autrui) ont bondi de 18,5 % dans l’agglomération grenobloise, où plus de 3000 faits ont été enregistrés par les forces de l’ordre.

Des chiffres à relativiser selon les policiers, ces faits étant tellement courants qu’ils ne font pas nécessairement l’objet d’un dépôt de plainte de la part des victimes.

Dans le même temps, France 3 rapporte que les violences non crapuleuses – c’est-à-dire les actes qui ne sont pas commis dans l’intention de dérober un bien – ont augmenté de 21,9 %.

Jean-Yves Coquillat, procureur de la République de Grenoble. Crédit : JEAN PIERRE CLATOT/AFP/Getty Images.

Mais ce qui est le plus inquiétant correspond peut-être à la manière dont Grenoble se démarque par rapport à d’autres villes françaises de taille similaire.

Comparé à 8 villes de taille équivalente, comme Rennes ou Toulon par exemple, l’agglomération grenobloise enregistre en moyenne  53 % d’Atteintes volontaires à l’intégrité physique (AVIP) de plus.

Un écart préoccupant que l’on retrouve également en matière d’agressions crapuleuses : elles sont en moyenne 31,2 % plus nombreuses à Grenoble que dans les 8 autres villes étudiées.

Les données fournies par le procureur de la République de Grenoble démontrent que la ville est donc nettement plus dangereuse que la plupart de ses homologues dans l’Hexagone.

Une « violence qui est trop élevée par rapport à la population », selon le magistrat.

« Cette violence, on s’y habitue progressivement et puis un jour, elle vous tue », conclut M. Coquillat.

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