Guerres de Vendée : le génocide franco-français que la République voudrait oublier

13 juillet 2018 La France et ses traditions

L’ampleur et la nature de la répression de l’insurrection vendéenne par les troupes républicaines qui ravagèrent l’Ouest de la France entre 1793 et 1794 furent longtemps mal comprises, méconnues, voire même occultées des discours officiels cherchant à exalter le souvenir de la Révolution française et à en faire « un bloc dont on ne peut rien distraire », selon la célèbre formule de Georges Clémenceau. 

Longtemps élagués, déformés, dénaturés ou amoindris au point de n’être plus représentatifs des faits qui se déroulèrent réellement, les évènements de la guerre de Vendée constituent pourtant un chapitre particulièrement douloureux de l’histoire de France.

Cependant, au milieu des années 1980, Reynald Secher, un jeune historien d’une trentaine d’années, bouscula profondément la recherche sur le sujet en fournissant de nouveaux éléments qui apportaient un éclairage inédit sur les guerres de Vendée.

Intitulée Contribution à l’étude du génocide franco-français : la Vendée-Vengé, sa thèse de doctorat mit en lumière le rôle central joué par le Comité de salut public et les députés de la Convention dans le massacre systématique du peuple vendéen par l’armée révolutionnaire.

L’analyse minutieuse des comptes rendus d’opérations militaires ainsi que le dépouillement des correspondances entre le Comité de salut public et ses représentants en mission dans l’Ouest, permit notamment à Reynald Secher d’exposer la volonté politique à l’œuvre derrière la destruction et l’extermination planifiées des habitants de la Vendée, dont les historiens estiment qu’ils furent environ 170 000 à être massacrés.

Les conclusions de l’auteur déchaînèrent les passions et suscitèrent de vifs débats parmi les historiens. Certains, comme Jean-Clément Martin – membre du comité scientifique de la Société des Études robespierristes – continuent d’ailleurs de contester vigoureusement les faits rapportés par Reynald Secher.

Dans un numéro du journal Le Point en date du 18 août 1988, Jean-François Revel – philosophe, écrivain, journaliste et académicien – s’étonnait déjà de l’ampleur de la polémique engendrée par les travaux de Reynald Secher :

« Il est très français que cette thèse d’État, coup de maître d’un historien de 30 ans, ait suscité, avant tout, une querelle de vocabulaire. Le premier mouvement a-t-il été pour soupeser l’intérêt d’archives mises au jour après deux siècles de cellier ? Mesurer l’ampleur des nouveaux renseignements fournis ? Evaluer le progrès accompli dans la compréhension des faits ? Que non ! Toutes affaires cessantes, les docteurs se sont empoignés sur la question de savoir si l’auteur était fondé à user dans son titre du terme de « génocide ». »

Une « querelle de vocabulaire » qui ne doit faire oublier ni l’horreur et l’étendue des massacres perpétrés, ni la volonté politique clairement exprimée d’exterminer un peuple dans son ensemble.

Jacques Cathelineau, par Anne-Louis Girodet de Roussy-Trioson, 1816. – Collection Musée d’Art et d’Histoire de Cholet.

Une rébellion populaire et spontanée pour la défense des libertés 

Souvent présenté comme une contre-révolution au service d’intérêts aristocratiques, le soulèvement de la Vendée au début de l’année 1793 correspond en réalité à une rébellion populaire et spontanée qui s’articule autour de la défense des libertés individuelles.

D’abord favorables à la Révolution et aux immenses espoirs de liberté qu’elle avait suscités parmi la population française, les Vendéens vont finir par se soulever 4 ans après le début de la Révolution.

« Les Vendéens ont, tout comme les autres Français, accueilli favorablement la Révolution de la Liberté et […] c’est contre le durcissement du régime, les persécutions – notamment religieuses – et contre la dérive terroriste qu’ils se sont révoltés quatre ans plus tard», soulignait Alain Gérard – historien, chercheur à l’université Paris IV-Sorbonne et ancien directeur du Centre vendéen de recherches historiques (CVRH) – à l’occasion d’une interview accordée à Epoch Times.

Profondément attachés à leur clergé et à la liberté de croyance, la plupart des Vendéens se montrèrent particulièrement hostiles à la nouvelle Église constitutionnelle promue par le régime révolutionnaire.

Adoptée le 12 juillet 1790 par l’Assemblée nationale constituante, la Constitution civile du clergé réorganisa en effet entièrement l’Église de France et fit exploser l’organisation traditionnelle du clergé séculier.

Les prêtres catholiques durent désormais prêter serment et jurer « de maintenir de tout [leur] pouvoir la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par le Roi » sous peine d’être destitués, considérés « réfractaires » et pourchassés en tant que hors-la-loi.

Mais selon Alain Gérard, l’événement déclencheur qui poussa les Vendéens à se soulever réside probablement dans la décision de la Convention de lever une armée via la conscription nationale.

Quelques mois après avoir déclaré la guerre à l’Europe le 20 avril 1792, la Convention décida en effet la levée en masse de 300 000 hommes tirés au sort parmi les célibataires et les veufs âgés de 18 à 25 ans.

Une décision qui provoqua le soulèvement de la population vendéenne pendant la première quinzaine du mois de mars 1793.

Au départ, cette rébellion ne différait guère de celles qui se développaient ailleurs en France au printemps et à l’été 1793. La différence tint au fait que, partout ailleurs, l’armée républicaine vint rapidement à bout des émeutiers.

Ce ne fut pas le cas en Vendée, où les rebelles mirent en déroute une colonne de soldats de métier dès le 19 mars 1793, entraînant progressivement la région vers une véritable guerre civile.

Désigné sous le terme de « Vendée militaire », le territoire insurgé regroupait près de 735 communes et comptait environ 800 000 habitants.

Il s’étendait sur les anciennes provinces du Poitou, de l’Anjou ou de la Bretagne et débordait les limites du département de la Vendée puisqu’il comprenait le sud de la Loire-Inférieure (renommé Loire-Atlantique depuis 1957), le sud-ouest du Maine-et-Loire et le nord-ouest des Deux-Sèvres.

Crédit : Vendéensetchouans.com

Mal équipées, les troupes qui constituaient les armées vendéennes ne disposaient d’aucune expérience militaire et étaient essentiellement composées de paysans armés de façon rudimentaire.

Mais leur connaissance du terrain, « un lacis de chemins creux, avec de petits champs et un habitat relativement dispersé […] extrêmement propice aux embuscades », représentait néanmoins un avantage non négligeable.

« Ils n’avaient rien, aucune expérience militaire, ne disposant que de vieilles pétoires de chasse, des bâtons, des faux pour couper les blés, etc. Et ils n’étaient pas susceptibles de mener une guerre contre l’armée révolutionnaire qui avait hérité des armes et de la formation de l’Ancien Régime. Rien d’autre que le courage que confère le don de soi », explique Alain Gérard.

Toutefois, les premières troupes que mobilisèrent les Révolutionnaires contre ces paysans n’étaient pas les plus aguerries et les insurgés obtinrent plusieurs victoires notables au cours des mois qui suivirent leur soulèvement.

Selon Alain Gérard, si l’on a souvent prétendu que c’étaient les nobles qui avaient soulevé les paysans vendéens contre le régime révolutionnaire, il n’en est rien.

L’historien estime en effet que la plupart des nobles avaient pris la fuite dès le début de la Révolution et qu’il ne restait plus que des membres de la petite noblesse comme Charrette, d’Elbée, Bonchamps, La Rochejaquelein ou Lescure.

Ceux-ci avaient pu conserver leurs biens et s’étaient mêmes enrichis en achetant des biens nationaux – des domaines et des possessions de l’Église confisqués en vertu du décret du 2 novembre 1789, avant d’être vendus pour résoudre la crise financière qui frappait le pays.

Ils n’étaient pas défavorables à la Révolution et ne se s’imposèrent pas aux insurgés de leur propre initiative. Au contraire, ce furent les paysans qui, après s’être choisi plusieurs chefs tels que Cathelineau ou Stofflet parmi les roturiers, vinrent d’eux-mêmes les chercher pour leur demander d’encadrer la révolte.

Alain Gérard souligne d’ailleurs que les troupes envoyées par la Convention et le Comité de salut public pour exterminer les insurgés comptaient souvent davantage de soldats issus de la noblesse dans leurs rangs : « Il y avait même plus d’officiers nobles du côté des Révolutionnaires que du côté vendéen. »

Exécution du général Charette place de Viarmes à Nantes, mars 1796, par Julien Le Blant, 1883. – Collection privée.

La mise en place de lois d’anéantissement et d’extermination

Pendant l’été 1793, las des défaites infligées aux troupes républicaines, le Comité de salut public parvint à convaincre la Convention nationale de voter un décret détaillant les mesures à prendre contre les rebelles.

Le 1er août 1793, la loi d’anéantissement de la Vendée fut ainsi adoptée par les députés après un discours enflammé de Barère – rapporteur attitré du Comité de salut public – qui exhorta l’Assemblée à « exterminer cette race rebelle, à faire disparaître leur repaires, à incendier leurs forêts, couper leurs récoltes, et à les combattre autant par des ouvriers et des pionniers que par des soldats».

Des dispositions reprises dans les articles de la loi du 1er août, qui actera également l’envoi de la garnison de Mayence pour prêter main-forte aux troupes républicaines de l’Ouest. Commandée par le général Kléber, elle était composée de soldats d’élite chevronnés ayant combattu les Prussiens et les Autrichiens.

Mais malgré l’adoption de cette loi, les armées républicaines ne parvinrent toujours pas à anéantir les troupes vendéennes au cours de l’été et une seconde loi fut votée par la Convention le 1er octobre 1793. Appelée loi d’extermination, elle était destinée à renforcer les dispositions prises en août pour annihiler la résistance des insurgés.

Elle fut à nouveau vigoureusement défendue par Barère, qui encouragea les députés à adopter les mesures préparées par le Comité de salut public pour « accélérer la destruction de la Vendée » et « effacer le nom de la Vendée du tableau des départements de la République », exigeant que « les brigands depuis dix ans jusqu’à soixante-six » soient « vaincus et exterminés sur leur propres foyers ».

Adoptées à l’unanimité, ces deux lois furent publiées au Journal officiel de l’époque et, selon Reynald Secher, il s’agit du seul cas connu dans l’histoire où les représentants élus d’un peuple souverain décidèrent en conscience d’exterminer une partie de leur peuple.

Au cours d’un entretien radiophonique sur la station RCF Vendée en 2012, l’historien rappela d’ailleurs que ces deux lois, bien qu’elles n’aient désormais plus aucun effet juridique, ne furent jamais abrogées et font toujours partie du corpus législatif français aujourd’hui.

Peu après l’adoption de la loi d’extermination du 1er octobre 1793, les colonnes républicaines finirent par écraser les troupes vendéennes devant Cholet le 17 octobre, avant d’anéantir les restes de la grande armée vendéenne à Savenay le 22 décembre.

Dans un rapport adressé à la Convention et au Comité de salut public à la fin de l’année 1793, le général républicain Westermann – surnommé « le boucher de la Vendée » – déclarait ainsi :

« Il n’y a plus de Vendée. Elle est morte sous notre sabre avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer dans les marais et les bois de Savenay. J’ai écrasé les enfants sous les pieds de nos chevaux, massacré les femmes qui, au moins celles-là, n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé… Nous ne faisons pas de prisonniers, car il faudrait leur donner le pain de la liberté, et la pitié n’est pas révolutionnaire. »

Une fois les insurgés taillés en pièces, les Révolutionnaires continuèrent pourtant à massacrer les civils et à se rendre coupables de nombreux crimes.

Le massacre de Machecoul, par François Flameng, 1884. – Collection Musée d’Art et d’Histoire de Cholet.

Une répression sanguinaire et impitoyable

Dès le début de l’année 1794, un déluge de feu et de sang s’abattit ainsi sur la Vendée déjà exsangue par l’intermédiaire des redoutables colonnes infernales commandées par le général Louis-Marie Turreau. Celui-ci élabora un plan destiné à en finir avec la Vendée avant de le présenter aux représentants de la Convention dépêchés dans les territoires de l’Ouest :

« Mon intention est de tout incendier et de ne préserver que les points nécessaires à établir nos cantonnements propres à l’anéantissement des rebelles, mais cette grande mesure doit être prescrite par vous […] Vous devez également décider sur le sort des femmes et des enfants que je rencontrerai en ce pays révolté. S’il faut les passer tous au fil de l’épée, je ne puis exécuter une pareille mesure sans un arrêté qui mette à couvert ma responsabilité », écrivait l’officier, soucieux d’obtenir des garanties de la part de la République.

En l’absence de réponse, il réitéra sa demande en s’adressant directement au Comité de salut public :

« Je le répète. Je regarde comme indispensable de brûler villes, villages et métairies, si l’on veut entièrement finir l’exécrable guerre de Vendée, sans quoi je ne pourrais répondre d’anéantir cette horde de brigands. J’ai donc lieu d’espérer que vous l’approuverez. Je vous demande la grâce de me répondre par retour du courrier. »

Le 19 janvier 1794, Lazare Carnot – membre du Comité de salut public et délégué aux Armées – lui fit une réponse pour le moins ambiguë :

« Tu te plains de n’avoir pas reçu du comité l’approbation formelle de tes mesures ; elles lui paraissent bonnes et tes intentions pures. Mais éloigné du théâtre de tes opérations, il attend les grands résultats pour se prononcer dans une matière sur laquelle on l’a déjà trompé tant de fois, aussi bien que la Convention nationale. [… ] Extermine les brigands jusqu’au dernier, voilà ton devoir ; [… ] Nous regarderons comme traîtres tous les généraux, tous les individus qui songeraient au repos, avant que la destruction des révoltés soit entièrement consommée. »

C’est ainsi que les colonnes du général Turreau pénétrèrent en Vendée pour y semer la mort et la désolation.

Louis-Marie Turreau de Garambouville, attribué à Louis Hersent. – Collection Musée d’Art et d’Histoire de Cholet.

Dans le même temps, Jean-Baptiste Carrier, député du Cantal envoyé à Nantes par la Convention nationale, entassa des milliers de prisonniers dans les geôles de la cité des Ducs de Bretagne avant de les massacrer en les faisant fusiller ou noyer dans la Loire – un supplice qu’il qualifiait lui-même de « déportation verticale » :

« Dans un premier temps, Carrier va procéder à des noyades en mettant les prisonniers dans des bateaux qu’il va faire couler au milieu de la Loire. De cette manière, il noie deux cargaisons de 90 puis 50 prêtres trop âgés pour être déportés, incarcérés mais non justiciables. Les prisonniers de droit commun de la prison du Bouffay subiront aussi le même sort, ainsi que les Vendéens rescapés de Savenay. On estime qu’il y eut environ 5000 noyés victimes de Carrier », explique Alain Gérard.

Désireux de stimuler l’ardeur des généraux révolutionnaires chargés de détruire la Vendée, Carrier n’aura de cesse de les encourager à « mettre au nom de la loi le feu partout et de n’épargner personne, ni femmes, ni enfants, de tout fusiller. Rien n’est plus beau que de savoir sacrifier tous sentiments humains à la vengeance nationale ».

Cherchant à justifier les massacres épouvantables dont il se rendait coupable, le représentant en mission eut d’ailleurs cette phrase terrible : « C’est par principe d’humanité que je purge la terre de la liberté de ces monstres. »

Député de l’Eure et représentant de la Convention dans l’Ouest, Marie-Pierre-Adrien Francastel participa activement aux exactions. Considéré comme « modéré » par Carrier, il fit pourtant de son mieux pour inciter les troupes républicaines à réprimer durement l’insurrection vendéenne :

« Tu feras trembler les brigands, auxquels il ne faut faire aucun quartier ; nos prisons regorgent des prisonniers en Vendée !… Il faut achever la transformation de ce pays en désert. Point de mollesse ni de grâce… Ce sont les vues de la Convention… Je le jure : la Vendée sera dépeuplée », écrivait-il ainsi au général Grignon, lorsque celui-ci était à la tête d’une des 12 colonnes infernales commandées par le général Turreau.

Les noyades de Nantes en 1793, par Joseph Aubert, 1882. – Collection Musée d’Art et d’Histoire de Cholet.

Des crimes abominables, précurseurs des massacres de masse du 20siècle

Épouvantables et d’une rare cruauté, plusieurs crimes commis par les Révolutionnaires rappellent d’ailleurs certaines des exactions perpétrées à grande échelle par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

C’est notamment le cas des tanneries de peaux humaines dont plusieurs témoins relatèrent l’existence en France pendant la Terreur.

Au nombre de trois selon les différents témoignages rassemblés par les historiens, l’une d’entre elles se trouvait aux Ponts-de-Cé – une petite commune située au sud d’Angers, à seulement quelques kilomètres du territoire occupé par les insurgés.

Établie sous l’autorité du chirurgien-major Péquel du 4bataillon des Ardennes, la tannerie des Ponts-de-Cé produisit une trentaine de culottes et de pantalons à partir de la peau de prisonniers vendéens écorchés après leur exécution. Les sinistres atours furent ensuite portés avec fierté par des officiers de l’armée républicaine de l’Ouest…

Une coutume lugubre qui semble aussi avoir eu cours en région parisienne à la même période. Dans le deuxième tome de l’ouvrage La Révolution et la Vendée, l’historien Émile Gabory rapporte en effet des propos adressés par Saint-Just à la Commission des moyens extraordinaires dans son rapport du 14 août 1793 :

« On tanne à Meudon la peau humaine. La peau qui provient d’hommes est d’une consistance et d’une bonté supérieure à celle du chamois. Celle des sujets féminins est plus souple mais elle présente moins de solidité. »

De plus, dans son ouvrage Le Génocide franco-français : La Vendée-Vengé, Reynald Secher indique que dans la commune de Clisson, en Loire-Atlantique, les corps des victimes vendéennes furent fondus afin d’en récupérer la graisse, afin qu’elle soit ensuite vendue aux hôpitaux ou utilisée pour fabriquer du savon…

L’auteur précise également que plusieurs Vendéens furent brûlés vifs dans des fours à pain par les soldats républicains.

En outre, le 28 février 1794, une des colonnes infernales du général Turreau incendia la chapelle de la commune des Lucs-sur-Boulogne où s’étaient réfugiés 564 villageois dont des femmes, des vieillards et une centaine d’enfants de moins de 7 ans. Un épisode épouvantable qui n’est pas sans rappeler le terrible massacre d’Oradour-sur-Glane du 10 juin 1944…

Par ailleurs, Reynald Secher explique que le chimiste Antoine-François Fourcroy fut chargé par le général Turreau d’élaborer un gaz capable de tuer plusieurs centaines de Vendéens réunis dans un espace clos. Après plusieurs essais infructueux, les recherches furent finalement abandonnées…

Mais les différents moyens mis en œuvre par les élus de la République pour exterminer le peuple vendéen eurent aussi un écho retentissant en Russie par la suite.

Historien spécialiste du communisme, directeur de recherche au CRNS (Paris X) et professeur à l’Institut catholique d’études supérieures (ICES) de La Roche-sur-Yon, Stéphane Courtois a récemment publié une biographie de Lénine dans laquelle il souligne l’influence déterminante de la répression vendéenne sur le chef de file des bolcheviks.

L’auteur du célèbre ouvrage Le Livre noir du communisme rappelle que Lénine s’inspira des crimes commis par les troupes révolutionnaires en Vendée pour annihiler la résistance cosaque dans le sud de la Russie, parlant même de « Vendée russe » pour désigner le territoire où éclatèrent les troubles.

Crédit : Erasmjap – Wikimedia Commons

À travers ses écrits et ses discours, le premier dirigeant de la Russie soviétique fit régulièrement référence à la Révolution française qu’il considérait comme un véritable modèle. Il n’hésita d’ailleurs pas à reprendre son goût « pour la surenchère, la désignation des ennemis intérieurs et des suspects, la violence, et enfin la terreur comme moyen de gouvernement ».

« Lorsqu’il [Lénine] prend le pouvoir en novembre 1917, la guerre civile est au programme. La répression en Vendée étant le point d’acmé de la guerre civile en France, elle lui a servi de modèle », expliquait ainsi Stéphane Courtois au cours d’une interview accordée au journal Presse Océan le 27 février dernier.

Le 26 septembre 1993, à l’occasion de l’inauguration du mémorial des Lucs-sur-Boulogne en Vendée, Alexandre Soljenitsyne – écrivain russe et dissident soviétique, prix Nobel de littérature en 1970 – répondit à l’invitation de Philippe De Villiers – alors député de la Vendée – et vint témoigner de son opposition farouche à toutes les révolutions :

« La Révolution française s’est déroulée au nom d’un slogan intrinsèquement contradictoire et irréalisable : liberté, égalité, fraternité. Mais dans la vie sociale, liberté et égalité tendent à s’exclure mutuellement, sont antagoniques l’une de l’autre ! La liberté détruit l’égalité sociale – c’est même là un des rôles de la liberté –, tandis que l’égalité restreint la liberté, car, autrement, on ne saurait y atteindre. Quant à la fraternité, elle n’est pas de leur famille.»

Plus de 200 ans après l’extermination programmée des Vendéens par les représentants élus de la République, et près de 100 ans après les premières exactions des bolcheviks en Russie, les paroles de l’auteur de L’Archipel du goulag résonnent encore avec force aujourd’hui.

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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.