Hong Kong : des manifestants défient l’interdiction du port du masque

Par Epoch Times avec AFP
4 octobre 2019 20:25 Mis à jour: 4 octobre 2019 20:34

De nouveaux affrontements avec les forces de l’ordre ont éclaté vendredi à Hong Kong à la suite de l’interdiction du port du masque pendant les manifestations que venait de décider le gouvernement de cette ex-colonie britannique.

La cheffe de l’exécutif local Carrie Lam a pour ce faire invoqué des dispositions d’urgence (Emergency Ordinance Regulations) datant de 1922 et auxquelles il n’avait plus été recouru ces 52 dernières années. Elle n’a en outre pas exclu de prendre d’autres mesures dans ce cadre si la situation continuait de s’envenimer.

Sitôt cette interdiction rendue publique, des actions de protestation ont été déclenchées un peu partout à Hong Kong, tandis que fleurissaient sur les réseaux sociaux les appels à manifester les trois prochains jours.  De vastes foules, constituées pour l’essentiel d’employés de bureaux, ont bloqué des artères dans le coeur-même du quartier des affaires, certains déchirant des bannières à la gloire de la Chine.

Dans la soirée des heurts ont éclaté, la police faisant usage de gaz lacrymogène en de très nombreux endroits pour disperser les manifestants qui ont non seulement envahi des rues, y ont allumé des feux, mais ont vandalisé des stations de métro et s’en sont pris à des établissements commerciaux prochinois.

Dans l’arrondissement de Yuen Long, la voiture d’un policier a été encerclée et un cocktail molotov a explosé à ses pieds, d’après des témoins de la scène.

Hong Kong traverse depuis juin sa pire crise politique depuis sa rétrocession à Pékin en 1997, avec des actions quasi quotidiennes et des confrontations de plus en plus violentes entre forces de l’ordre et protestataires masqués.

L’interdiction entrera en vigueur à minuit

« Nous pensons que la nouvelle loi aura un effet dissuasif sur les manifestants violents et les émeutiers masqués et aidera la police dans sa mission de maintien de l’ordre », a déclaré Mme Lam au cours d’une conférence de presse vendredi. Elle a toutefois précisé que cette interdiction, qui devait entrer en vigueur à minuit et aux termes de laquelle les contrevenants risquent jusqu’à un an de prison, ne signifiait pas que l’état d’urgence avait été décrété dans ce territoire semi-autonome.

De leur côté, les autorités centrales chinoises ont jugé « extrêmement nécessaire » la mesure prise à Hong Kong. « Il est grand temps de mettre fin aux violences en adoptant une attitude plus claire et des mesures plus efficaces », a déclaré dans un communiqué le porte-parole du Bureau chargé, au sein du gouvernement, des affaires de Hong Kong et de Macao, Yang Guang. « Le chaos actuel à Hong Kong ne peut pas continuer indéfiniment », a-t-il martelé.

Les contrevenants risquent jusqu’à un an de prison

Plus tôt dans la journée, des milliers de Hongkongais avaient devancé l’annonce de Mme Lam pour manifester et promettre de ne pas se plier à l’interdiction.

Pour ne pas être identifiés et éviter les poursuites judiciaires, les manifestants ont depuis juin pris l’habitude de défiler le visage masqué. Certains portent aussi des casques, des lunettes de protection ou des masques à gaz afin de se protéger du gaz lacrymogène et des projectiles tirés par la police.

« Les jeunes risquent leur vie, cela leur est égal d’être emprisonnés pour dix ans, donc ce n’est pas le fait de porter un masque qui leur posera problème », a dit à l’AFP un employé de 34 ans ayant dissimulé son visage.

Hong Kong a connu mardi sa journée la plus violente depuis juin. Tandis que la Chine populaire célébrait son 70e anniversaire, cette ex-colonie britannique a été le théâtre d’affrontements dans de nombreux quartiers qui ont considérablement éprouvé les capacités de maintien de l’ordre de la police. Et pour la première fois, un manifestant a été blessé par le tir à balle réelle d’un policier dont l’unité avait été attaquée.

Depuis, des élus fidèles à Pékin et des syndicats de police avaient appelé l’exécutif à recourir à la loi de 1922 qui autorise l’exécutif à prendre « n’importe quelle mesure », sans le feu vert du corps législatif, dans l’éventualité d’une situation d’urgence ou d’un danger pour la population.

Pendant les émeutes de 1967 -un mouvement social qui dégénéra pendant sept mois en batailles de rue entre forces de l’ordre et militants gauchistes-, la Grande-Bretagne avait mis en application ce texte loi pour élargir les prérogatives de la police en matière d’arrestations mais aussi pour très largement censurer les médias.

La majorité politique juge ces mesures d’urgence nécessaires face à une frange radicale de plus en plus violente. Mais l’opposition estime que permettre ainsi à Mme Lam de court-circuiter le contrôle parlementaire engagerait le territoire sur une pente glissante, d’autant que Hong Kong a assis sa réputation de centre financier mondial sur le respect de l’Etat de droit et l’indépendance de la justice.

Pour Joshua Wong, une figure de proue du combat pour la démocratie, cette loi « annonce le début de la fin de Hong Kong ». « Il est ironique qu’une arme de l’ère coloniale soit utilisée par le gouvernement chinois et le Parti communiste chinois », a-t-il dit à l’AFP.

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