«Il l’a étranglée… avec les mains qu’il avait!», la fin tragique d’Estelle Mouzin selon le récit de Monique Fourniret

Par Anais Duroy
15 décembre 2023 10:02 Mis à jour: 15 décembre 2023 10:02

« C’était l’enfant que tout le monde cherchait » : une photo projetée des yeux verts d’Estelle Mouzin a surplombé la salle d’audience, jeudi à Nanterre, pendant l’interrogatoire laborieux de Monique Olivier, accusée de complicité dans l’enlèvement et le meurtre de la fillette de neuf ans. 

Parfois exaspérée, parfois hésitante, l’ex-épouse du violeur et tueur en série Michel Fourniret a souvent répondu devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine « je ne sais pas » et « je ne me souviens plus ». Elle répondait aux questions sur les faits qui se sont déroulés du 9 janvier 2003, jour de l’enlèvement d’Estelle à Guermantes (Seine-et-Marne), au 11 janvier de la même année, date à laquelle Michel Fourniret a enfoui la fillette dans une forêt, comme elle l’a elle-même raconté.

« C’est le dernier moment où on parle d’Estelle ! C’était l’enfant que tout le monde cherchait, je vous en supplie, dites-nous ! », lui a lancé Me Didier Seban, avocat de la famille Mouzin. Plusieurs fois, il lui demande de donner plus d’indications sur le lieu où se trouve toujours le corps de la petite fille. « Je ne sais pas, je n’en sais rien ! », répond l’accusée de 75 ans, à chaque fois que la question est posée. « Je n’ai rien à cacher », répète-t-elle, assurant que si elle connaissait l’emplacement, elle le dirait. Malgré plusieurs campagnes de fouilles dans les Ardennes, le corps d’Estelle Mouzin n’a jamais été retrouvé.

Le jour de l’enlèvement, Michel Fourniret confie à Monique qu’il part « chasser ». En fin d’après-midi, alors qu’Estelle rentre de l’école. Michel indiquera alors à sa femme qu’il a trouvé « un beau petit sujet » dont il compte « s’occuper ».

Monique Olivier esquisse un début d’émotion quand Me Seban commence à l’interroger, en faisant projeter la photo des yeux d’Estelle. « Il aurait fallu que je réagisse autrement, que je la sauve », a-t-elle confié. Elle souffle ou bafouille mais reste froide quand on lui demande ce qu’elle a pu dire ou faire à Estelle lorsqu’elle l’a gardée plusieurs heures dans la maison insalubre et glaciale de Villes-sur-Lumes dans les Ardennes, le lendemain de l’enlèvement. Selon l’accusée, Michel Fourniret a séquestré la petite fille, vêtue d’un pull rouge et d’un pantalon bleu marine, dans cette maison qu’il avait héritée de sa sœur.

Elle demandait sa maman

La maison inhabitée n’est pas chauffée. La fillette y est séquestrée, depuis la veille au soir, dans une chambre mansardée. Michel, surveillant de cantine dans une école, doit partir travailler et appelle Monique pour qu’elle vienne le remplacer et surveiller sa victime. Quand elle la voit, elle est assise sur un matelas. Elle n’était « pas attachée » mais « pas remuante » non plus, et « elle pleurait ». A-t-elle été droguée ? « Possible » répond Monique Olivier, qui assure ne lui avoir donné aucun médicament. Elle a raconté l’avoir emmenée aux toilettes et lui avoir donné un verre d’eau, mais pas de nourriture.

D’après ses dires, Estelle a dit qu’elle voulait sa maman et Monique Olivier lui a promis qu’elle la reverrait, seul échange qu’elle reconnaît avoir eu avec la fillette. Un unique échange auquel Me Seban ne croit pas : « ce n’est pas possible (en) six heures avec une gamine terrorisée ! », s’est-il emporté. « Je ne peux pas penser une seconde que vous n’ayez pas dit un mot à cette petite fille, pas (fait) une caresse, pas (apporté) une réponse à son angoisse ! ».

Après avoir enfermé de nouveau Estelle dans une chambre du premier étage, Monique Olivier est redescendue au rez-de-chaussée « faire du ménage »… « J’étais totalement étonnée de voir cette petite fille là, c’est pour ça que je ne suis pas restée trop longtemps avec elle », a-t-elle affirmé pour justifier sa gêne. « Je suis choquée, en colère, de voir une si petite fille », veut-elle convaincre.

Lorsque Michel Fourniret rentre, Monique part rejoindre leur domicile en Belgique, en laissant la victime seule avec ‘‘l’ogre des Ardennes’’. Il rentrera tard dans la nuit : « il me dit, c’est terminé ». « Comment est-elle morte ? », a demandé le président. « Je n’ai pas posé de questions mais il l’a étranglée, affirme-t-elle, avec les mains qu’il avait ! »

Il voulait être le meilleur, surpasser Dutroux

Elle a tenté d’expliquer pourquoi son mari avait choisi une si jeune victime. « Il voulait être le premier partout, donc il fallait qu’il soit pire que (Marc) Dutroux », le pédocriminel et tueur multirécidiviste belge. Interrogée à plusieurs reprises par le président et Me Seban sur d’éventuelles violences sexuelles commises par Michel Fourniret sur Estelle, elle a dans un premier temps répondu : « il ne m’en a pas parlé ». « Le connaissant lui, ça ne m’étonnerait pas qu’il ait fait une tentative (de viol) et qu’il n’y soit pas arrivé », a-t-elle lâché plus tard, bousculée par les questions de Me Seban.

Michel Fourniret avait fini par avouer, en mars 2020, avoir enlevé et tué Estelle Mouzin. Monique Olivier avait confessé son implication un an plus tard. Pourquoi ce silence pendant tant d’années ? « Dans ma tête, je ne voulais pas admettre cette affaire-là », souffle-t-elle, en raison du très jeune âge de cette dernière victime de son ex-mari.

En fin d’audience, les questions se bousculent toujours, chez les parties civiles comme côté défense. Me Richard Delgenès choisira pourtant de couper court, jugeant qu’après huit heures d’interrogatoire, sa cliente n’est plus en état de répondre.

Le président a refusé que l’interrogatoire se poursuive vendredi.

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