Il y a des semaines comme ça

19 octobre 2015 10:42 Mis à jour: 19 octobre 2015 21:24

ÉDITO – Connaissez-vous ces semaines grises, pluvieuses, où tout va de travers depuis les choses les plus mineures de votre vie jusqu’aux plus importantes ? Ces semaines où votre appartement est inondé par une fuite chez les voisins du dessus – et le plombier absent, où vous perdez vos clés, recevez une série de mauvaises nouvelles au travail, restez bloqué dans les transports en commun pour des raisons obscures ou inexistantes, arrivez en retard à des rendez-vous importants…

Voilà ce qu’a subi pendant cette deuxième semaine d’octobre, traduit dans son langage et dans sa vie d’homo politicus, le président des Républicains : qu’elles sont loin les plages de sable fin devant lesquelles lui et Carla Bruni se faisaient photographier par les magazines people cet été ; qu’elles sont loin les routes sur lesquelles, au moment du Tour de France, il chantait publiquement son amour du vélo, photographié gravissant une côte en danseuse. C’était l’été, il a passé, le froid automne le douche maintenant de sondages amers et de pluies de commentaires.

Si seulement tout avait pu s’arrêter après la vigoureuse promesse de Nadine Morano de « dézinguer » Nicolas Sarkozy, avec les inquiétudes dans l’entourage du chef de parti de voir arriver à droite une nouvelle Trierweiler furiosa. Mais il faut au chef de la droite affronter, en plus de la violence de cet amour (politique) déçu, l’expression du bon souvenir d’anciens collaborateurs. Jérôme Lavrilleux d’abord, pour qui dans l’affaire Pygmalion l’ancien président « se défausse, vit dans un monde irréel, et ne sait pas assumer. » Lavrilleux, qui dit craindre pour sa vie et évoque l’assassinat de Robert Boulin, affirme que Nicolas Sarkozy est bien personnellement responsable du dérapage des comptes de campagne de l’UMP en 2012. « Toute la hiérarchie, de haut en bas, a bafoué les règles de façon calculée et admise pour gagner à tout prix », lâche-t-il dans une interview explosive à L’Obs. Le conseiller au magnétophone Patrick Buisson enchaîne dans la presse en parlant de Nicolas Sarkozy comme d’un « mauvais président » après l’avoir plus tôt qualifié de « nain » et de « tête creuse ». Point commun des deux critiques, leur actualité judiciaire liée à leur période d’exercice auprès du président – et pour laquelle ils estiment servir de fusible face à la justice. D’après un sondage Odoxa publié la semaine dernière, deux Français sur trois pensent d’ailleurs que Nicolas Sarkozy ne pourra être candidat à l’élection présidentielle 2017 à cause de ses « affaires ».

Toujours cette même et unique semaine, un vol d’épithètes transalpins a fondu sur le candidat par l’ancien président du Conseil italien Silvio Berlusconi, qui dans un livre tout juste publié, se souvient de M. Sarkozy comme d’un « crétin », « arrogant » et « jaloux » : « Il était obsédé par l’argent, il enviait ceux qui étaient fortunés. Il était jaloux, parce que j’étais riche et lui non. » Il y a dans tout cela de quoi déstabiliser l’animal politique le plus résistant. Lors d’un meeting de soutien à la candidate des Républicains pour la région Aquitaine, Nicolas Sarkozy en perdait le fil (à la grande joie du Petit Journal de Canal+) et déclarait : « Je voudrais leur dire qu’on a reçu un coup de pied au derrière, mais que c’est pas parce que vous voulez renverser la table que vous descendez de la voiture dont vous vous abstenez de choisir le chauffeur ». La vie des hommes politiques est vraiment dure, et il y a des semaines comme ça où – tout bien réfléchi – ce n’est pas si désagréable que ça de s’occuper de clés perdues et de fuites d’eau, même quand le plombier ne répond pas.

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