Pour le quatrième jour consécutif depuis lundi, des émeutes ont éclaté dans une partie de l’Irlande du Nord. Celles-ci ont été déclenché après l’agression sexuelle sur une jeune fille à Ballymena – ville du comté d’Antrim, au nord de l’Irlande du Nord, située à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Belfast – les deux suspects interpellés étant issus d’une communauté étrangère.
Si depuis lundi, les troubles s’étaient surtout concentrés à Ballymena, une nouvelle nuit de tensions a eu lieu jeudi dans une ville au sud-ouest de Belfast. Des manifestants se sont en effet rassemblés dans les rues de Portadown (province d’Ulster) et des heurts ont éclaté lorsque des manifestants ont jeté des objets sur la police antiémeute présente en nombre, qui a tenté de disperser la foule.
Deux suspects issus d’une communauté étrangère interpellés
Tout a commencé ce lundi, après la circulation sur les réseaux sociaux d’une information faisant état de l’agression sexuelle d’une jeune fille à Ballymena par deux adolescents de 14 ans. Un appel à manifester pacifiquement a d’abord été lancé, mais la tension est montée et des débordements ont éclaté.
🇮🇪 Des émeutes visant la communauté roumaine à #Ballymena, en #IrlandeDuNord, ont éclaté pour la troisième nuit consécutive ce mercredi.
➡️ Les heurts ont débuté lundi après l’inculpation de deux adolescents de 14 ans pour la tentative de viol d’une jeune fille pic.twitter.com/SR62TXDC0G
— FRANCE 24 Français (@France24_fr) June 12, 2025
Concernant les deux jeunes agresseurs, la police, qui a toutefois qualifié ces violences de « racistes », n’a pas communiqué sur leur origine. Mais selon les médias britanniques, ils se sont exprimés par l’intermédiaire d’un interprète roumain lors de leur comparution lundi au tribunal. Par la suite, un troisième suspect a été « identifié », a annoncé jeudi le chef de la police nord-irlandaise Jon Boutcher. Il se trouve hors d’Irlande du Nord et la police œuvre à son retour, a-t-il précisé.
Maisons et commerces endommagés, véhicules incendiés
Après les inculpations des deux adolescents ce lundi, les rassemblements ont donc rapidement dégénéré et des émeutiers ont visé un quartier de Ballymena, où vit une importante population immigrée, notamment d’Europe de l’Est. Plusieurs maisons et commerces ont été endommagés, et des véhicules incendiés. Les émeutiers ont lancé des briques, des cocktails Molotov et des feux d’artifice contre la police. Les heurts avec la police ont fait une quarantaine de blessés parmi les forces de l’ordre.
Un centre de loisirs, servant d’hébergement d’urgence temporaire pour des personnes déplacées après deux nuits de troubles à Ballymena, a été incendié mercredi soir à Larne, ville située à une trentaine de kilomètres de Ballymena. Après avoir brisé des vitres, de jeunes assaillants ont projeté des poubelles enflammées à l’intérieur du bâtiment, sans qu’aucun blessé ne soit à déplorer.
Deuxième nuit d’émeutes en Irlande du Nord après une affaire d’agression qui a déclenché des troubles
La ville de Ballymena, a sombré dans la violence pour la deuxième nuit après l’inculpation de deux adolescents roumains de 14 ans pour tentative de viol sur une jeune fille. pic.twitter.com/qeRZyGAGol— Ribere Fabrice (@RibereF) June 11, 2025
Mercredi soir à Ballymena, la police antiémeute a essuyé des jets de cocktails Molotov et d’autres projectiles lancés par des émeutiers masqués, auxquels elle a répondu par l’usage de canons à eau. Toutefois, la violence n’a pas atteint l’intensité des jours précédents, et la foule s’est peu à peu dispersée, selon les observations d’un journaliste de l’AFP. Des incidents ont également été rapportés à Coleraine, une autre ville du comté.
Des « violences à caractère raciste »
Jeudi, la police a de nouveau appelé au calme et prévenu qu’elle serait ferme avec les émeutiers. Quinze personnes ont été arrêtées depuis lundi. Parmi elles, quatre ont été inculpées, dont trois jeunes hommes jeudi pour leur participation aux violences.
Les représentants du gouvernement nord-irlandais — une coalition de quatre partis politiques dirigée par Michelle O’Neill, élue républicaine du Sinn Féin — ont condamné mercredi ces « violences à caractère raciste » et lancé « un appel urgent au calme ». Un porte-parole du Premier ministre Keir Starmer a lui aussi dénoncé ces émeutes, mentionnant des scènes de violence « insensées » et « scandaleuses ».
Le commissaire Jon Boutcher, qui a qualifié ces débordements de « totalement inacceptables », a quant à lui appelé à des « peines de prison ferme importantes » pour les personnes qui seront condamnées pour avoir participé à ces émeutes. « Nous devons envoyer un message très clair », a-t-il insisté.
« L’inquiétude croissante des habitants face à l’immigration incontrôlée »
S’il a lui aussi condamné ces violences, le député du parti Traditional Unionist Voice Jim Allister a néanmoins déclaré à la Chambre des Communes qu’elles reflétaient « l’inquiétude croissante des habitants face à l’immigration incontrôlée » et « des frustrations de longue date », rapporte Le Figaro. Il estime que le gouvernement « doit prendre conscience des tensions sous-jacentes engendrées par une immigration incontrôlée et souvent clandestine », relaye également France 24.
Jim Allister a de surcroît appuyé le fait que Ballymena avait connu une « évolution démographique rapide » au cours des dernières années, soulignant que les autorités avaient échoué à encadrer cet afflux et à répondre aux préoccupations locales, donnant à de nombreux résidents « le sentiment d’être ignorés et méprisés ». Allison McCurdy, une habitante d’une cinquantaine d’années, a déclaré à l’AFP : « Nous envoyons le message que Ballymena en a assez des étrangers ! »
« Ceux qui instrumentalisent la situation pour attiser les tensions raciales se moquent de la justice et n’ont rien à offrir à leurs communautés, si ce n’est de la division et du désordre » ont signifié les membres de l’exécutif du gouvernement d’Irlande du Nord dans un communiqué.
Des pancartes « Foyer britannique » déployées par des habitants pour se protéger
À Ballymena, où la plupart des émeutes ont eu lieu, les portes et les fenêtres de plusieurs habitations portent les stigmates des violences. Des drapeaux du Royaume-Uni, d’Angleterre ou d’Irlande du Nord ont été déployés sur la plupart des fenêtres. Certains habitants ont même affiché des pancartes portant la mention « Foyer britannique », dans le but de protéger leur domicile. À Harryville – un quartier situé à Ballymena connu notamment pour son histoire sociale et ses tensions communautaires passées – des panneaux « Locals live here » (ce qui signifie « Des gens du coin vivent ici ») ont fait leur apparition sur des habitations.
Des incidents ont aussi eu lieu mercredi soir à Carrickfergus et Newtownabbey, non loin de Belfast, ainsi qu’à Coleraine, dans le nord de la province britannique, où le trafic des trains et des bus a dû être interrompu. Des rassemblements se sont produits à Belfast mais se sont déroulés « majoritairement dans le calme », selon la police.
Marquée par les émeutes de l’été dernier, Londres a réagi avec fermeté en déployant des renforts policiers venus d’autres régions du Royaume-Uni afin de tenter d’endiguer ces violences. Pour rappel, l’été dernier, l’Irlande du Nord, tout comme d’autres régions du Royaume-Uni, a été secouée par des émeutes anti-immigration, déclenchées après le meurtre de trois fillettes lors d’une attaque au couteau survenue dans le nord-ouest de l’Angleterre.
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