La Cour des comptes a appelé à « réformer sans délai » la politique de l’éducation prioritaire, dans un rapport publié mercredi, estimant que celle-ci est aujourd’hui « complexe et peu lisible » et que ses impacts sur la réussite des élèves sont « limités ».
« La France mène sans discontinuité depuis 1981 une politique d’éducation prioritaire », dont une relance a été amorcée en 2015, rappelle la Cour des comptes dans ce bilan réalisé à la demande de la commission des finances du Sénat.
La refondation de 2015 a consisté à revoir la carte de l’éducation prioritaire, avec deux types de réseaux, les REP (réseaux d’éducation prioritaire) et les REP+ (réseaux renforcés), bénéficiant de mesures ciblées (indemnités spécifiques pour le personnel, dédoublement des classes de CP, CE1 puis grande section depuis 2017…). Mais la dynamique de cette réforme « s’est essoufflée », constate le rapport.
Pour la Cour des comptes, « la logique de moyens a prévalu au détriment des autres mesures en faveur de la réussite des élèves ». Ainsi, « le coût de cette politique n’a cessé de croître »: il a été plus que doublé pour l’Etat en près de dix ans (de 1,1 million d’euros en 2014 à 2,6 millions estimés en 2023).
Pourtant « les écarts de résultats entre les élèves de l’éducation prioritaire et les autres peinent à se résorber », souligne-t-elle. L’objectif fixé depuis 2006 de réduire « à moins de 10% » les écarts de niveau entre élèves de l’éducation prioritaire et les autres « n’a pas été atteint ».
Des progrès qui s’estompent
Quant au dédoublement des classes, s’il a été « plébiscité par les enseignants comme par les familles », son effet sur la réussite des élèves est « plus nuancé ».
Des « progrès en mathématiques » et « de façon plus modeste, en lecture et écriture », sont ainsi « mesurables à court terme » mais « semblent s’estomper à l’entrée au collège », constate le rapport, indiquant que le dispositif « devrait être remis en question ».
La carte de l’éducation prioritaire, qui devait être revue tous les quatre ans, ne l’a par ailleurs pas été depuis dix ans, déplore-t-elle. D’autres dispositifs ont en revanche été ajoutés, et « l’ensemble apparaît désormais complexe, peu lisible et peine à répondre à la diversité des besoins ».
Pour la Cour des comptes, « il conviendrait désormais de faire évoluer l’éducation prioritaire », qui devrait « être inclue dans une logique d’action plus globale, plus efficiente ».
Elle appelle ainsi à à « simplifier les mécanismes d’allocation des moyens » et à « mettre en cohérence l’ensemble des moyens concourant à la mixité sociale et à l’égalité des chances ».
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