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La dernière chance contre la calvitie ?

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Photo: Illustration Epoch Times, Shutterstock

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Durée de lecture: 16 Min.

Pour beaucoup, la greffe de cheveux reste un dernier recours pour stopper la chute : on y voit l’espoir d’une solution rapide et définitive. Mais la réalité est souvent plus complexe.

Imaginer les cheveux comme un bosquet sur une colline : la greffe ne crée pas de nouveaux arbres, elle déplace simplement ceux qui sont en bonne santé, des zones où ils sont abondants vers celles qui sont clairsemées ou dégarnies. Ce transfert massif est une opération douloureuse et limitée : on ne peut pas le faire à volonté, et le nombre de « arbres » disponibles diminue au fil du temps.

La greffe moderne trouve ses racines au Japon.

En 1939, le dermatologue japonais Shoji Okuda publie une série d’études sur la transplantation capillaire chez l’homme. Son objectif : aider les patients victimes de brûlures ou de traumatismes du cuir chevelu. La méthode consistait à prélever, à l’aide d’un petit instrument circulaire, de minuscules greffons de cuir chevelu contenant des follicules. Ceux-ci étaient ensuite transplantés dans de petites incisions réalisées sur les zones chauves. Au fil du temps, les follicules transplantés s’implantaient et produisaient de nouveaux cheveux.

Shoji Okuda a également découvert que plus le greffon était petit — surtout lorsqu’il ne contenait qu’un seul follicule — plus le résultat paraissait naturel.

Son travail pionnier est resté longtemps méconnu en Occident, éclipsé par le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

En 1952, le dermatologue new-yorkais Norman Orentreich réalise avec succès la première greffe de cheveux moderne. Les greffons qu’il prélevait étaient relativement larges, d’environ 4 millimètres de diamètre. Résultat : les cheveux transplantés poussaient en touffes épaisses, peu naturelles. Ces greffons furent surnommés hair plugs, car, de près, les cheveux ressemblaient à ceux des poupées en plastique : les mèches n’étaient pas implantées individuellement mais regroupées en amas denses. Malgré leur aspect artificiel, cette technique devint à l’époque la solution chirurgicale la plus populaire pour les personnes souffrant d’une perte de cheveux sévère.

Norman Orentreich est considéré comme le pionnier de la greffe moderne en Occident, non seulement pour ses réussites chirurgicales, mais aussi pour avoir identifié les avantages uniques des cheveux prélevés à l’arrière et sur les côtés du crâne. Ces cheveux sont généralement plus résistants à la chute et conservent leur vigueur une fois transplantés, contrairement à ceux provenant d’autres zones.

Au fil du temps, les techniques de transplantation ont continué d’évoluer, offrant des résultats toujours plus naturels. La question demeure : cette procédure est-elle faite pour soi et comment en tirer le meilleur parti ?

Deux méthodes principales

Deux techniques dominent la chirurgie de la greffe de cheveux :

Deux méthodes sont couramment utilisées en greffe de cheveux : la transplantation d’unités folliculaires (FUT), également appelée technique de la bandelette, et l’extraction d’unités folliculaires (FUE). (illustration Epoch Times, Shutterstock)

La première est la transplantation par unité folliculaire (FUT), aussi appelée « technique de la bande ». Une bande de cuir chevelu avec des cheveux sains est prélevée à l’arrière de la tête, puis découpée en petits greffons contenant chacun de 1 à 4 cheveux. Une seule bande peut fournir entre 1000 et 1500 greffons, implantés ensuite dans de petites incisions sur les zones dégarnies. Plusieurs bandes peuvent être prélevées si nécessaire. L’aire donneuse est ensuite suturée, laissant une cicatrice linéaire parfois visible chez les personnes portant les cheveux très courts.

La seconde technique, FUE (extraction d’unités folliculaires), consiste à prélever individuellement de nombreux follicules sur une zone plus large à l’arrière et sur les côtés du crâne, à l’aide d’instruments de précision. Ces greffons sont ensuite implantés dans les zones chauves. Les cicatrices sont minuscules et dispersées, pratiquement invisibles même avec une coupe très courte.

Pour obtenir un résultat naturel, l’extraction et la transplantation des follicules exigent une grande maîtrise et de l’expérience.

« La FUE peut offrir des résultats exceptionnels lorsqu’elle est réalisée avec précision et sens artistique », explique le Dr Jeffrey Epstein, chirurgien spécialisé dans la restauration capillaire depuis 30 ans.

FUT et FUE ne conviennent pas à tous les profils. La FUT est souvent recommandée pour ceux qui ont besoin de greffer de grandes quantités de cheveux. « Avec la FUT, on peut déplacer plus de cheveux », précise le Dr Jeremy Wetzel, chirurgien. Avec plusieurs interventions, la FUT peut fournir jusqu’à 10.000 greffons au total, contre 5000 à 6000 pour la FUE.

Si la perte de cheveux a déjà commencé au sommet du crâne, la zone dégarnie risque de continuer à s’étendre, nécessitant d’éventuelles greffes supplémentaires. Dans ce cas, la FUT est souvent plus pratique. Au centre du Dr Wetzel, environ 60 % des greffes sont réalisées en FUT et 40 % en FUE.

« Le principal motif de choix de la FUE est l’envie de porter une coupe très courte », explique le Dr Wetzel.

Parfois, les deux techniques sont combinées, par exemple pour améliorer l’apparence des cicatrices linéaires laissées par une FUT précédente.

Cinq points essentiels à connaître

1. Qui est éligible ?

« Tout le monde n’est pas un bon candidat », avertit le Dr Wetzel. Les personnes dont la chute de cheveux commence dans la vingtaine voient souvent un amincissement rapide et agressif, contrairement à celles qui perdent leurs cheveux après 40 ans. Dans ces cas, la priorité est de stabiliser la perte grâce à des traitements médicamenteux et non chirurgicaux.

La chirurgie ne devrait être envisagée qu’après un à deux ans de traitement régulier, pour s’assurer que la chute a nettement ralenti ou cessé.

Chez les patients qui continuent de perdre leurs cheveux malgré un traitement long, multiplier les greffes n’est pas réaliste. Plus l’amincissement progresse, moins il reste de follicules disponibles pour la transplantation.

« On ne pourra jamais compenser la perte continue en multipliant les interventions », souligne le Dr Wetzel.

La qualité des follicules est cruciale pour le succès de la greffe. Certains patients ne parviennent pas à obtenir une repousse satisfaisante car leurs follicules à l’arrière du crâne sont insuffisamment sains. L’historique familial joue aussi un rôle : si le père, le grand-père et les oncles paternels ont tous perdu la quasi-totalité de leurs cheveux, le patient suivra probablement le même schéma et n’est pas un bon candidat pour la chirurgie.

Personnes éligibles à une greffe de cheveux. (illustration Epoch Times, Shutterstock)

2. Le bon moment

Les meilleurs candidats sont ceux présentant une perte de cheveux génétique modérée et disposant d’un nombre stable de follicules sains et permanents à l’arrière du crâne.

Pour beaucoup, la greffe est perçue comme un ultime recours contre la calvitie. Mais à un stade avancé, il est souvent trop tard pour obtenir un résultat significatif.

« Nous leur expliquons généralement qu’il n’y a rien que je recommanderais de faire, ni chirurgicalement ni médicalement, car cela ne serait probablement pas efficace », explique le Dr Wetzel.

L’essentiel est de gérer la perte de cheveux dès les premiers signes et de la contrôler rapidement.

Pour les patients dont la chute est liée à des maladies auto-immunes — comme l’alopécie areata, le lichen planopilaire ou la folliculite décalvante — la greffe n’est pas recommandée tant que la maladie est active. Les études suggèrent d’attendre au moins deux ans sans poussées avant de considérer la chirurgie. Même dans ce cas, le résultat peut rester limité. De plus, l’intervention peut déclencher une récidive, le traumatisme chirurgical pouvant surstimuler le système immunitaire.

3. Une solution à long terme, mais pas unique

Même après une greffe réussie, les patients atteints d’alopécie androgénétique doivent souvent continuer un traitement médicamenteux pour protéger leurs cheveux restants. Si les cheveux transplantés — issus de l’arrière du crâne — sont résistants à la DHT (l’hormone responsable de l’amincissement des follicules) et moins susceptibles de tomber, les cheveux natifs du sommet restent vulnérables.

« Sans traitement, les bénéfices d’une greffe peuvent être de courte durée », prévient le Dr Wetzel. Les cheveux natifs continueront de tomber avec le temps, laissant des zones dégarnies entre les cheveux naturels et transplantés.

Avec un traitement continu par finastéride, les résultats d’une greffe durent généralement une dizaine d’années, après quoi une nouvelle intervention peut être nécessaire. Par exemple, un patient greffé à 30 ans aura souvent besoin d’une deuxième opération vers 40 ans, puis d’une troisième — et dernière — vers 45 ans.

Les chirurgiens expérimentés évitent d’utiliser la majorité des greffons dès la première opération, de positionner la ligne frontale trop bas ou de densifier excessivement l’avant du cuir chevelu, afin de conserver des options pour gérer la perte future.

4. Qui réalise l’intervention ?

La loi française exige que les greffes de cheveux soient réalisées par un médecin ou un chirurgien, qui supervise et délègue certaines tâches à une équipe médicale spécialisée et formée. Le praticien demeure responsable de l’intervention.
Les greffes de cheveux en France sont donc réalisées par des médecins, principalement des dermatologues, chirurgiens plasticiens ou médecins esthétiques spécialisés, assistés d’équipes médicales expérimentées. L’acte médical doit être effectué dans des centres spécialisés et cliniques agréées, avec plusieurs établissements et praticiens reconnus sur tout le territoire qui utilisent des techniques avancées (FUE, FUT, DHI).

Il existe aussi la profession de trichologue, mais « ce ne sont pas des médecins ». Ils peuvent conseiller les personnes qui ont des problèmes liés aux cheveux, tels que la perte de cheveux ou les affections du cuir chevelu.

5. Quand voit-on les résultats ?

Après une greffe de cheveux, il peut s’écouler jusqu’à un an avant d’en voir les résultats complets.
Dans les mois qui suivent l’intervention, les anciens cheveux des follicules transplantés tombent. Les cheveux peuvent même sembler plus fins qu’avant la chirurgie — c’est parfaitement normal.

La plupart des patients remarquent une amélioration de la densité capillaire entre six et neuf mois après la greffe. La repousse ne se fait pas d’un coup, mais progressivement.

Il faut attendre un an après la greffe pour constater les résultats. (illustration Epoch Times, Shutterstock)

Après l’intervention, le repos est une priorité. Avec la FUT, nécessitant de larges incisions et sutures, la récupération prend environ deux semaines, il est donc important de planifier et de prendre des congés. La récupération après une FUE est plus rapide, mais il est conseillé de prévoir environ une semaine de repos.

Les complications et effets secondaires possibles incluent démangeaisons, gonflement du front, folliculite, cicatrices hypertrophiques (FUT), infections et chute de greffons.

Soins post-greffe

Certaines précautions favorisent une bonne cicatrisation.

Appliquer une compresse froide sur le front pendant 20 minutes toutes les deux à trois heures les premiers jours aide à réduire gonflement et ecchymoses.

Durant la première semaine, surélever la tête de 15 à 30 degrés au repos ou en dormant contribue aussi à diminuer l’enflure du cuir chevelu et du front.

Avec l’accord du médecin, le lavage doux des cheveux avec un shampoing pour bébé peut débuter quelques jours après la chirurgie. Éviter le jet direct de la douche, qui pourrait être trop agressif pour le cuir chevelu en cicatrisation.

Les deux premières semaines, les follicules transplantés ne sont pas encore solidement ancrés et nécessitent des précautions : éviter peignage, massages du cuir chevelu ou port de chapeaux serrés. Les activités provoquant transpiration ou effort intense sont également à proscrire.

Pour une récupération optimale, il est recommandé d’éviter tabac et alcool avant et après l’intervention. Le tabac réduit le flux sanguin vers les follicules, compromettant leur cicatrisation. L’alcool interfère avec la production de collagène et la formation de nouveaux vaisseaux sanguins, essentiels à la cicatrisation, et peut altérer la coagulation, augmentant le risque de saignement et diminuant les chances de succès.

La greffe de cheveux n’est pas une opération simple. Elle nécessite évaluation et planification par des médecins expérimentés, information adéquate et réflexion attentive du patient. Si de nombreux cas aboutissent à des résultats réussis, chaque réussite répond à des critères précis.