La fin des filières d’excellence dans l’apprentissage des langues?

29 avril 2015 01:38 Mis à jour: 3 avril 2016 03:24

Mi-avril, le Conseil supérieur de l’éducation adoptait le texte sur la réforme du collège. Interdisciplinarité et accompagnement étaient les maîtres-mots caractérisant la vie d’un collège moins uniforme. Pourtant l’incompréhension gronde du côté des défenseurs des langues, vivantes ou anciennes, face aux mesures décidées.

Selon la Commission européenne, les lycéens français ne seraient que 14% à maîtriser une première langue, l’anglais en l’occurrence, et seulement 11% une deuxième langue. Des résultats plus que catastrophiques compte tenu de l’importance de l’ouverture culturelle à l’international.

 

Alors, bien sûr, la réforme du collège ne peut pas faire l’impasse sur l’enseignement des langues: les collégiens bénéficieront donc de 4 heures hebdomadaires de LV1 en 6e, puis 3 heures dans les classes suivantes. Les petits Français consacreront ensuite 2h30 de leur temps hebdomadaire, dès la 5e, à l’apprentissage d’une deuxième langue vivante, et autant en 4e et en 3e.

Jusque-là, tout va bien. Sauf que la généralisation de cet apprentissage précoce passe par la suppression des classes bilangues actuelles, lesquelles, permettent à quelque 16% d’élèves de 6e de bénéficier de l’enseignement de deux langues dès leur entrée au collège.

Jugées «élitistes» par la ministre de l’Éducation Najat Vallaud-Belkacem, celles-ci seront donc purement et simplement supprimées à la rentrée 2016. Au grand dam des professeurs de ces classes et des défenseurs des langues qui y voient au contraire un gage de diversité culturelle et dénoncent un nivellement par le bas de l’enseignement des langues.

Les germanistes notamment montent au créneau: c’est le cas des 59 députés membres du groupe d’amitié France-Allemagne qui, dans un courrier à la ministre, soulignent que ces classes, «ont permis d’enrayer dans notre pays la baisse des effectifs de germanistes et de les stabiliser». Parmi eux, l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault ou encore l’ancien ministre de l’Éducation nationale, Luc Chatel.

Toutefois, exception sera faite pour les élèves ayant étudié une autre langue que l’anglais au primaire, c’est le cas des régions frontalières comme l’Alsace: ils pourront encore bénéficier de l’enseignement de deux langues dès la 6e.

Autre inquiétude, concernant cette fois l’enseignement des langues anciennes, le latin et le grec, dont les heures seront diminuées. Pour justifier cette diminution, la ministre invoque la nécessité d’instituer cet enseignement pour tous les élèves, par le biais des EPI, les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires, dans lesquels les «langues et cultures de l’Antiquité» feront partie des 8 thèmes proposés, lesquels devant tout de même être sélectionnés par la direction de l’établissement.

 

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