La mystérieuse disparition du chef militaire chinois – troisième personnage le plus important de l’armée – soulève des questions sur la stabilité du Parti communiste chinois (PCC).
Au cours du mois dernier, le général He Weidong a manqué au moins trois événements politiques auxquels sa présence était attendue.
Le général, un proche allié du dirigeant du PCC Xi Jinping, est vice-président de la Commission militaire centrale (CMC) de Chine, qui commande les forces armées du pays. Il occupe également un siège au sein de l’élite du Politburo du PCC.
Plus récemment, M. He a manqué une session d’étude du Politburo le 25 avril. Les images diffusées par la chaîne de télévision d’État CCTV ont montré que tous les membres du Politburo étaient présents à la réunion, à l’exception du plus haut diplomate, Wang Yi, qui était en visite en Asie centrale, et de M. He.
Jusqu’à présent, Pékin n’a offert aucune explication sur le statut de M. He.
Cette absence a alimenté les spéculations selon lesquelles le général de 68 ans aurait été pris dans une purge militaire en cours, étant donné que ses absences inexpliquées sont suspectes à l’approche du remaniement de la direction du PCC qui a lieu tous les cinq ans.
Cela ajoute également à l’incertitude qui entoure l’establishment de la défense du pays, après une litanie de purges de commandements militaires qui ont soulevé des questions sur la capacité du PCC à mener une guerre et sur la stabilité générale de sa direction.
La dernière apparition publique de M. He remonte au 11 mars, lorsqu’il a assisté à la cérémonie de clôture de la législature fantoche du Parti à Pékin.
Pékin n’a ni confirmé ni infirmé aucune des spéculations concernant son troisième commandant en chef.
Le ministère chinois de la Défense a précédemment déclaré qu’il n’était « pas au courant » des informations selon lesquelles M. He faisait l’objet d’une enquête. Lors d’un point de presse mensuel le 24 avril, le ministère a esquivé une question sur le statut du général.
« Nous avons déjà répondu à cette question », a déclaré aux journalistes à Pékin, Zhang Xiaogang, porte-parole du ministère.
Pour les analystes qui surveillent le paysage politique chinois, l’absence de démenti officiel ne fait qu’approfondir l’incertitude entourant le sort du général.
En novembre 2024, en réponse à un article du Financial Times – citant des responsables américains actuels et anciens anonymes – selon lequel l’actuel ministre de la Défense chinois, l’amiral Dong Jun, faisait l’objet d’une enquête pour corruption, le porte-parole du ministère de la Défense a qualifié ces affirmations de « pures fabrications » diffusées par de malveillants colporteurs de rumeurs. Pour faire taire les spéculations sur son statut, le ministre de la Défense a fait une apparition publique en décembre, accueillant des responsables de la défense d’Afrique en visite.

Si les spéculations sur M. He se confirment, il deviendrait le plus haut gradé militaire ciblé par la campagne anticorruption menée depuis dix ans par le PCC.
Les analystes qui suivent l’Armée populaire de libération (APL) ont déclaré qu’une telle purge serait particulièrement problématique pour M. Xi Jinping, qui a élevé le commandant au plus haut rang militaire, le plaçant devant d’autres officiers militaires vétérans.
Les liens du général avec M. Xi remontent à vingt ans, dans le Fujian, une province côtière du sud-est de la Chine. Il a passé la majeure partie de sa carrière au sein d’une unité de l’APL dans le Fujian et a vu Xi Jinping gravir les échelons, passant de fonctionnaire local à gouverneur provincial.
Depuis que M. Xi a pris le pouvoir fin 2012, plusieurs officiers militaires de cette unité de l’APL – connue sous le nom de 31e armée de groupe – ont bénéficié d’une promotion accélérée.
Malgré tout, le rythme de l’ascension de M. He a été exceptionnel, selon Wang Youqun, qui a été rédacteur pour un haut responsable de la direction du Parti.
Dans un commentaire publié dans l’édition en langue chinoise d’Epoch Times le 1er mai, M. Wang a décrit M. He comme le « confident numéro 1 de Xi Jinping » dans l’armée et a déclaré que le général avait gravi les échelons à « un rythme extraordinaire sous le patronage du dirigeant chinois ».
Lors du 19e Congrès national en 2017, M. He ne figurait pas sur la liste des plus de 100 suppléants au Comité central du Parti.
Lors du 20e Congrès du Parti cinq ans plus tard, M. He a essentiellement sauté trois grades, devenant membre à part entière du Comité central et intégrant le groupe de direction de l’organe, le Politburo. Il est également devenu l’un des deux généraux occupant le poste de vice-président de la CMC, contournant l’étape habituelle consistant à être d’abord un simple membre.
Si M. He était démis de ses fonctions, ce serait « un événement marquant qui signalerait l’emprise déclinante de Xi Jinping sur les forces armées », a déclaré M. Wang dans son commentaire.
La chute des alliés de Xi
L’absence de M. He survient à un moment où l’équipe de direction centrale de Xi Jinping au sein de l’armée a subi de nombreux revers.
L’amiral Miao Hua, qui supervisait la loyauté de l’armée envers le Parti en tant qu’allié de M. Xi, a été démis de ses fonctions de délégué à la législature dirigée par le PCC, a révélé Pékin le 30 avril.
Bien que les autorités n’aient pas fourni d’explication au départ de M. Miao, les experts ont déclaré que cette destitution indiquait des progrès dans l’enquête sur l’amiral.
Le ministère chinois de la Défense a déclaré en novembre 2024 que M. Miao avait été suspendu de ses fonctions et faisait l’objet d’une enquête pour « violations graves de la discipline », un terme qui fait souvent référence à la corruption ou à la déloyauté.
M. Miao, qui a également servi dans la 31e unité militaire dans les années 1990, est considéré par les observateurs de la Chine comme un proche allié de Xi Jinping. Avant sa suspension, M. Miao a occupé pendant sept ans un poste de membre ordinaire de la CMC et de directeur du Département du travail politique. Le département supervise l’endoctrinement politique et joue un rôle clé dans la promotion des officiers militaires supérieurs.

Le 6 mai, le nom de M. Miao figurait toujours sur une liste des membres de la CMC sur le site web du ministère de la Défense, bien que toute autre référence à M. Miao ait été effacée du site.
Si M. Miao était démis de la CMC, la commission actuelle ne compterait plus que quatre membres sous la présidence de Xi Jinping.
Il y a déjà un poste vacant à la CMC, créé par la chute de Li Shangfu, qui a été démis de ses fonctions de ministre de la Défense en octobre 2023, après deux mois de disparitions inexpliquées. M. Li a finalement été expulsé du Parti en juin 2024 et a été accusé d’avoir accepté des pots-de-vin massifs et de « polluer gravement » le secteur et les entreprises d’équipements militaires.
Le contrôle déclinant de Xi
Les dirigeants du PCC ont longtemps considéré leur contrôle sur les forces armées comme crucial pour maintenir leur emprise sur le pouvoir. Mao Zedong, le dirigeant suprême du parti, a proclamé que le pouvoir croît au bout du fusil.
Xi Jinping a utilisé la campagne anticorruption pour affirmer son contrôle sur l’armée et faire avancer une campagne de modernisation visant à transformer l’APL en une force armée de classe mondiale capable de mener une guerre, selon les experts.
Les purges ont fait tomber des personnalités puissantes de l’armée qui s’opposaient au règne de M. Xi, ouvrant la voie à l’ascension d’officiers que les analystes considéraient comme étroitement associés à Xi Jinping.
Au cours des deux dernières années, cependant, la campagne anticorruption a également piégé les alliés de M. Xi, y compris des officiers de haut rang tels que MM. Miao et Li. De tels développements ont conduit à s’interroger sur la stabilité de l’emprise de M. Xi sur l’armée.
Des dissidents étrangers se demandent si Xi Jinping n’est pas confronté à une lutte de pouvoir interne, en particulier avec le général Zhang Youxia, le deuxième plus haut gradé militaire chinois, qui reste en poste à 74 ans, soit bien au-delà de l’âge de retraite prévu de 68 ans.

Étant donné le secret du système politique opaque de la Chine, les analystes ont du mal à évaluer la situation réelle.
Quelle que soit l’identité de celui qui a donné l’ordre de démettre les hauts responsables, la chute des élites militaires, y compris les proches associés de Xi Jinping, est embarrassante pour le dirigeant chinois, selon Edward Huang, une personnalité médiatique basée à Taïwan.
« Je pense que l’emprise de Xi Jinping sur l’armée n’est plus aussi forte qu’avant, c’est certain », a déclaré M. Huang à Epoch Times.
M. Huang et d’autres analystes sont à l’affût de tout signe de changement de pouvoir qui pourrait apparaître lors des prochaines réunions du PCC, en particulier un conclave secret connu sous le nom de quatrième plénum.
La Chine tient généralement sept sessions plénières entre les Congrès du Parti, la quatrième étant traditionnellement chargée de traiter les questions de personnel. Les dirigeants du Parti n’ont pas encore annoncé la date de cette réunion, bien qu’elle soit censée avoir eu lieu avant la fin de 2024.
Alors qu’il ne reste que deux ans avant le 21e Congrès du Parti – un événement qui marquera la transition de la génération actuelle de dirigeants à la suivante – les préparatifs de la passation de pouvoir commencent souvent des années à l’avance.
Taïwan
L’incertitude au sein des hautes sphères de l’armée chinoise survient alors que les tensions entre Pékin et Washington continuent de s’intensifier, ce qui fait craindre que le PCC n’attaque Taïwan pour détourner l’attention de ses difficultés économiques liées aux tarifs douaniers américains.
Des experts taïwanais ont souligné que l’instabilité au sommet de l’armée chinoise pourrait affecter la stratégie de Pékin à l’égard de Taïwan, une île autonome que Xi Jinping s’est engagé à placer sous le contrôle du PCC.
« Xi Jinping a la capacité de lancer une attaque [contre Taïwan], mais une fois qu’il appuiera sur le bouton « Guerre », il pourrait perdre le pouvoir, un pari qu’il n’est pas prêt à faire », a indiqué M. Huang.
M. Huang a souligné que le général chinois disparu avait auparavant été commandant du théâtre oriental de l’APL, responsable de la supervision des opérations à Taïwan et en mer de Chine orientale.
Selon une évaluation du ministère américain de la Défense publiée en décembre 2024, il aurait joué un rôle clé dans la planification des exercices de tir réel autour de Taïwan en août 2022, en représailles à une brève visite sur l’île de la présidente de la Chambre de l’époque, la démocrate Nancy Pelosi.

Shen Ming-Shih, chercheur à l’Institut de recherche sur la défense nationale et la sécurité, un groupe de réflexion financé par le gouvernement taïwanais, a expliqué que les luttes de pouvoir internes au sein de l’armée chinoise pourraient pousser Pékin à déclencher un conflit pour détourner l’attention, bien qu’il ait prédit que le conflit serait bref.
Par ailleurs, M. Shen a indiqué à Epoch Times que les luttes de pouvoir pourraient conduire à un chaos politique, sapant ainsi la capacité de la Chine à mener une guerre. Dans ce scénario, le PCC « ne pourrait pas déclencher de conflit extérieur ou de guerre tant que les problèmes internes ne seraient pas réglés », a-t-il estimé.
Néanmoins, M. Shen pense que les luttes de pouvoir offrent la possibilité de mettre fin au régime communiste en Chine, surtout si les États-Unis s’y impliquent.
Luo Ya a contribué à la rédaction de cet article.
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