Y aurait-il eu un trafic d’influence caché entre l’ancien président Barack Obama et l’Iran?

Par Christopher C. Hull
23 novembre 2019 16:20 Mis à jour: 24 novembre 2019 09:42

Voici une question que les critiques iraniens comme les sénateurs américains Tom Cotton (R-Ark.) et Ted Cruz (R-Texas) voudront peut-être poser : l’ancien président Barack Obama a-t-il eu un trafic d’influence secret avec l’Iran en 2008 ou 2012 ?

La question trouve un nouvel écho, non seulement parce que l’administration Trump a été accusée à tort d’avoir mis en place une contrepartie avec l’aide à Ukraine, mais aussi parce que l’Iran aurait bel et bien de l’uranium sur un de ses sites que le pays avait appelé « une usine de nettoyage de moquettes ».

Plus précisément, le 11 novembre, la BBC a rapporté que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a confirmé que ses inspecteurs avaient « détecté des particules d’uranium naturel d’origine anthropique non déclaré à l’agence à un endroit en Iran ».

La révélation semble confirmer les accusations que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a soulevées dans son discours de 2018, montrant des photos d’un complexe à Turquzabad qu’il a appelé « un entrepôt atomique secret pour stocker des quantités massives d’équipement et de matériel du programme nucléaire secret de l’Iran ».

Le rapport de l’AIEA soulève des questions sur le processus qu’Obama a suivi pour créer l’accord avec l’Iran qui a été mis en place sans l’approbation du Congrès et que l’administration Trump a rejeté à juste titre.

Contrairement à l’Ukraine, le régime iranien est l’un des ennemis les plus détestés des États-Unis. Selon Gallup, le peuple américain depuis au moins 1990 – et probablement depuis la Révolution islamique iranienne de 1979 – a toujours eu une vision négative de l’Iran, ce qui est compréhensible si l’on tient compte des méthodes de prise d’otages, de meurtre de soldats américains et de « mort à l’Amérique«  organisé par l’Iran.

Pourtant, en 2008, le candidat de l’époque Barack Obama a ouvertement fait savoir qu’il espérait engager l’Iran dans un dialogue de collaboration. De plus, un critique a affirmé que B. Obama avait envoyé William Miller, ancien responsable du département d’État de l’ère Clinton, en Iran pour indiquer qu’il était un ami de la République islamique et que les iraniens seraient très heureux de la politique d’Obama.

Un autre critique a qualifié cette action de « citoyen privé se rendant à l’étranger de toute évidence pour échapper à la surveillance des services de renseignement américains et pour établir un canal parallèle avec un ennemi juré des États-Unis qui perturbait activement nos efforts militaires au Moyen-Orient ».

William Miller s’est rétracté, mais les Iraniens ont maintenu leur intransigeance face aux pressions de Bush, confirmant la prémisse publique de Barack Obama.

Avance rapide : À l’approche de 2012, un média à l’esprit Chamberlain a appelé B. Obama à suspendre sa « politique de pression » et à engager le président Mahmoud Ahmadinejad, qu’il a qualifié de « pragmatiste ».

Cependant, la Syrie a commencé à sombrer dans la guerre civile, aidée par les Iraniens et leurs mandataires, en tant qu’opposante, une force djihadiste sunnite que nous connaissons maintenant sous le nom de Daech (État islamique), métastasée en Syrie et en Irak. Les puissances du Golfe ont commencé à supplier Washington d’aider l’opposition sunnite « modérée ».

Une excellente exégèse de Michael Doran dans le magazine Mosaic rapporte que David Petraeus, alors directeur de la CIA, « a élaboré un plan pour former et équiper les rebelles syriens en Jordanie et pour les aider une fois de retour en Syrie », avec le soutien du secrétaire d’État de l’époque, Hillary Clinton, du ministre de la Défense, Leon Panetta, puis de Martin Dempsey, président conjoint des chefs d’État.

Mais Barack Obama a dit non.

Pourquoi ?

Doran affirme que l’une des raisons possibles était la « peur de M. Obama de contrarier l’Iran », ce qui a conduit non seulement au massacre de la Syrie, mais aussi à la plus grande crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale.

Au lieu de cela, en juillet 2012, Jake Sullivan, alors directeur de la planification des politiques au ministère des Affaires intérieures, s’est rendu secrètement à Oman pour rencontrer des responsables iraniens.

On ne sait pas ce que M. Sullivan a dit, mais nous savons qu’à peu près au même moment, Barack Obama a dit à un autre dirigeant étranger – qui n’est autre que la Russie – que « cela peut être résolu, mais il est important […] de me donner de la place. C’est ma dernière élection. Après mon élection, j’aurai plus de flexibilité. »

Un message similaire a-t-il été transmis à Oman ?

En d’autres termes, Barack Obama s’est-il allié non seulement à la Russie mais aussi à l’Iran pour remporter l’élection présidentielle de 2012 ?

Début 2013, avec Barack Obama réélu en toute sécurité et sa nouvelle flexibilité en main, son administration a développé un autre canal bilatéral secret pour le gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad – non pas avec le gouvernement dit modéré de Hassan Rouhani à partir de juin 2013, comme l’administration Obama l’a affirmé plus tard, mais bien avec la ligne dure.

En février 2013, le canal s’est élargi pour inclure non seulement M. Sullivan, mais aussi William Burns, alors secrétaire d’État adjoint, et Susan Rice, alors ambassadrice de l’ONU, tous en communication avec leurs homologues iraniens.

Pourtant, interrogée à ce sujet le même mois, Victoria Nuland, alors porte-parole du ministère des Affaires intérieures, a nié « les pourparlers bilatéraux directs et secrets avec l’Iran ». Face à la vérité, un journaliste a demandé plus tard si « la politique du ministère des Affaires intérieures était de mentir pour dissimuler des négociations secrètes » ; le remplaçant de Mme Nuland a répondu : « Il y a des moments où la diplomatie a besoin d’intimité pour progresser. »

Par une série de coïncidences étranges, Victoria Nuland a continué à tenir le portefeuille de l’Ukraine, s’est jointe à Joe Biden pour demander au procureur ukrainien chargé d’enquêter sur Burisma d’être renvoyé, a interfacé avec le dénonciateur probable dans l’enquête de destitution et a travaillé avec Christopher Steele pour fournir du matériel anti-Trump au département de la Justice.

William Burns a également refait surface pour défendre les diplomates de carrière venus critiquer le président.

« Le fait qu’ils soient licenciés injustement et accusés d’avoir agi pour des motifs politiques est, à mon avis, tout simplement inacceptable », a déclaré William Burns, aujourd’hui président de l’organisme Fonds de dotation Carnegie pour la paix internationale. « Cela donne un mensonge à la caricature profonde de l’État. Ce ne sont pas des gens qui complotent dans le dos de quelqu’un. Ils se préparent pour réaliser leur travail. »

Avec les accusations de trafic d’influence ukrainiennes (et les révélations de Turquzabad) qui résonnent dans nos oreilles, nous ne savons pas si M. Miller est réellement allé en Iran en 2008, ni ce qu’il a dit et ce qu’il l’a fait, ni ce que M. Sullivan a dit dans sa rencontre secrète avec les Iraniens en juillet 2012.

Mais étant donné l’intérêt soudain des démocrates de la Chambre et du Sénat à enquêter sur les contreparties étrangères, le moment est peut-être venu pour MM. Cotton, Cruz et d’autres de commencer à demander quand nous allons obtenir des détails sur les contacts de MM. Miller et Sullivan en Iran également.

Commentaire de Christopher C. Hull, titulaire d’un doctorat en administration publique de l’université de Georgetown. Il est président d’Issue Management Inc. et membre chevronné chez Americans for Intelligence Reform (Les Américains pour la réforme du renseignement), ainsi qu’auteur de Grassroots Rules (Règles de base) (Stanford, 2007).

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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