L’application TikTok est interdite dans l’armée américaine en raison des menaces de sécurité qu’elle pose

Une application de propriété chinoise

Par Eva Fu
8 janvier 2020 21:12 Mis à jour: 9 janvier 2020 09:42

L’armée américaine a interdit à ses soldats d’utiliser l’application chinoise de partage de vidéos TikTok, sur les téléphones du gouvernement, en raison des risques liés à la cybersécurité – alors que les liens entre cette société et le régime chinois font l’objet d’une surveillance accrue.

Cette décision a été prise après que le ministère de la Défense a publié, le 16 décembre dernier, un « message de sensibilisation à la cybersécurité » qui identifiait le « risque potentiel » associé à l’application de médias sociaux, selon la porte-parole de l’armée, la lieutenante-colonelle Robin Ochoa, dans un courriel à Epoch Times.

Le message demandait à ceux possédant un téléphone du gouvernement de retirer l’application ainsi que des consignes à l’intention des employés pour protéger leurs renseignements personnels.

L’application de courtes vidéos est devenue très populaire auprès des adolescents américains, avec près de 26,5 millions d’utilisateurs mensuels actifs aux États-Unis, dont 60 % étant âgés de 16 à 24 ans.

Toutefois, l’application a fait l’objet d’une attention grandissante chez les législateurs américains, au cours des derniers mois, alors que les inquiétudes liées à la surveillance et la censure se multiplient.

« Il est conseillé de se méfier des applications que vous téléchargez, de surveiller vos téléphones pour détecter des textes inhabituels et non sollicités, de les supprimer immédiatement et de désinstaller TikTok pour éviter toute exposition d’informations personnelles », a déclaré Mme Ochoa.

La marine américaine a également interdit l’application sur les appareils gouvernementaux du personnel de la marine en décembre. L’armée de l’air américaine a déclaré au Wall Street Journal le 3 janvier qu’elle n’autorisait plus TikTok sur les appareils gouvernementaux.

Barry Lane, adjudant-chef et porte-parole de la Garde côtière, a déclaré au journal Epoch Times que TikTok « n’est actuellement pas une application utilisée sur les appareils officiels de la Garde côtière », ajoutant que c’est « toujours une préoccupation de risques potentiels ».

M. Lane a ajouté que tout le personnel de la Garde côtière reçoit une formation annuelle sur la sécurité et la cybersensibilisation, qui « comprend des pratiques exemplaires pour protéger les renseignements personnels et de nature délicate sur les plateformes des médias sociaux ».

Bien que le personnel de l’armée puisse toujours utiliser l’application sur leurs appareils personnels, Mme Ochoa a dit qu’elle a demandé à tous ceux qui le faisaient de « faire preuve de prudence et de vigilance lorsqu’ils affichent des renseignements personnels ».

TikTok n’a pas répondu à la demande de commentaires.

Le logo de l’application de partage de vidéos sur les médias sociaux Tiktok affiché sur un écran de tablette à Paris, le 21 novembre 2019. (Lionel Bonaventure/AFP via Getty Images)

Préoccupations en matière de sécurité nationale

Selon Reuters, le Comité sur les investissements étrangers aux États-Unis a récemment ouvert une enquête sur la sécurité nationale de la société mère de TikTok, ByteDance, à propos de son acquisition de l’application de médias sociaux Musical.ly (fusionnée plus tard avec TikTok), dont le siège est à Shanghai en Chine, pour un montant d’un milliard de dollars.

De nombreux sénateurs ont tiré la sonnette d’alarme au sujet de cette application ces dernières semaines, en raison de la censure de son contenu politiquement sensible et des problèmes de confidentialité des données.

En novembre, Chuck Schumer, le chef de la minorité au Sénat, a fait part au secrétaire de l’armée américaine, Ryan McCarthy, de ses préoccupations au sujet des plans de l’armée de terre d’utiliser TikTok pour recruter de nouveaux membres.

« Je reconnais que l’armée de terre doit adapter ses techniques de recrutement afin d’attirer de jeunes Américains, mais je vous exhorte d’évaluer les risques potentiels pour la sécurité nationale que posent les entreprises technologiques appartenant à des Chinois avant de choisir d’utiliser certaines plateformes », a-t-il écrit dans une lettre.

Plus tard, toujours en novembre, l’Armée a donné l’ordre à ses cadets d’arrêter d’utiliser l’application alors qu’ils représentent l’armée.

Dans une lettre en octobre 2019, adressée au directeur intérimaire du renseignement national, Joseph Maguire, M. Schumer et le sénateur Tom Cotton ont demandé à l’organisme d’enquêter sur les risques que présente TikTok pour la sécurité nationale, compte tenu de ses liens avec la Chine et de son utilisation croissante au pays.

Malgré les affirmations de ByteDance que TikTok n’opère pas en Chine et qu’elle ne stocke pas les données des utilisateurs américains sur des serveurs chinois, les sénateurs ont noté que la société « est toujours tenue de respecter les lois de la Chine ».

La loi chinoise sur le renseignement national exige que toutes les organisations et tous les individus « soutiennent, aident et coopèrent aux efforts de renseignement national ».

La Chine a aussi récemment mis en œuvre une nouvelle loi sur le cryptage, entrée en vigueur le 1er janvier 2020, pour réglementer la cryptographie. Les critiques ont averti que cette loi permettrait aux autorités chinoises d’assumer un contrôle accru sur les données en ligne des entreprises étrangères.

Le sénateur Josh Hawley a récemment présenté un projet de loi sur la sécurité visant à couper le flux de données américaines de nature sensible vers la Chine, à la suite d’une audience qui a attiré l’attention sur les liens de TikTok avec le Parti communiste chinois (PCC).

(AFP/Getty Images)

« Vecteur de censure »

En décembre, TikTok a fait l’objet de controverse pour avoir suspendu le compte d’une adolescente américaine qui avait publié des vidéos faisant la lumière sur la répression par le régime chinois des Ouïghours et d’autres minorités musulmanes et ethniques dans la région du Xinjiang en Chine.

La compagnie a également fait l’objet d’une poursuite d’un étudiant de l’université de Californie après avoir apparemment transféré de ses données d’utilisation privées. Misty Hong, qui a déposé la plainte, a déclaré que TikTok avait créé un compte à son nom sans son consentement et qu’elle avait recueilli des renseignements privés, y compris ses données biométriques, à partir de vidéos qu’elle n’avait jamais publiées.

En février, TikTok a accepté de payer une amende de 5,7 millions de dollars pour régler une plainte de la Commission fédérale du commerce selon laquelle elle aurait recueilli des renseignements personnels d’utilisateurs âgés de moins de 13 ans, ce qui constituerait une violation de la loi fédérale.

L’Institut australien de Stratégie politique, un groupe de réflexion basé à Canberra, a averti dans un rapport le 28 novembre que de nombreuses entreprises technologiques chinoises ne sont pas des « acteurs politiquement neutres ».

Le rapport a constaté que ByteDance collabore étroitement avec l’appareil de sécurité publique chinois dans toute la Chine « comme vecteur de censure et de surveillance » et a joué un rôle actif à diffuser les récits du Parti communiste chinois (PCC) sur le Xinjiang.

Tiktok a également demandé à ses modérateurs de censurer les vidéos mentionnant des sujets de nature sensible, tel que ceux liés à la place Tiananmen, au Tibet et au Falun Gong – une discipline spirituelle persécutée – a rapporté The Guardian, citant des documents ayant fait l’objet de fuite.

« Pékin a démontré une propension à contrôler et à façonner les médias étrangers de langue chinoise », selon le rapport. « La croissance fulgurante de TikTok met maintenant le PCC dans une position où il peut essayer de faire la même chose sur une plateforme largement non chinoise – avec l’aide d’un algorithme avancé alimenté par l’intelligence artificielle. »

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