L’autisme peut être traité, selon des praticiens américains

Il est temps de dépasser le paradigme psychiatrique désuet

Par Armen Nikogosian
6 novembre 2019 15:32 Mis à jour: 10 novembre 2019 01:42

Au cours des 30 dernières années, les troubles du spectre de l’autisme (TSA) sont passés d’une curiosité médicale rare et obscure à un trouble du développement commun touchant des millions d’enfants.

Les traitements médicaux et psychiatriques conventionnels se limitent à la thérapie et à une poignée de médicaments à efficacité minimale. Par contre, des décennies de recherche et de pratique clinique menées par un petit groupe de praticiens dévoués ont démontré que l’autisme peut en fait être traité.

Les TSA affectent un enfant sur 59 et représentent aujourd’hui 1 % de la population totale des États-Unis. Le coût sur toute la durée de la vie de chaque personne autiste est estimé à près de 2 millions d’euros par personne. Environ 35 % des jeunes adultes atteints de TSA sont incapables de travailler et dépendent des services familiaux ou publics pour survivre. Ce taux devrait augmenter de 15 à 25 % au cours de la prochaine décennie, ce qui aggravera encore ces chiffres. L’Américain moyen accorde très peu d’attention à ce problème jusqu’à ce qu’il entre dans sa vie par l’intermédiaire d’un membre de sa famille affecté. À ce rythme, une proportion de plus en plus grande d’Américains devra bientôt y penser.

Les TSA sont des troubles comportementaux et neurodéveloppementaux caractérisés cliniquement par des difficultés de l’apprentissage social et de la communication ainsi que des comportements répétitifs et des intérêts restreints. Actuellement, la grande majorité des praticiens de la santé lui attribuent un diagnostic psychiatrique subjectif basé sur les comportements de l’enfant plutôt qu’un diagnostic médical objectif basé sur des déséquilibres cliniques mesurables résultant de leurs comportements anormaux. Cette différence subtile, mais importante, dans le diagnostic des patients autistes a eu des effets profonds sur les essais médicaux. Bon nombre de ces essais ont donné lieu à des résultats incohérents parce que les patients sont sélectionnés en fonction des comportements subjectifs qu’ils présentent plutôt qu’en fonction des déséquilibres cliniques objectifs qu’ils possèdent et qui sont à l’origine des comportements ou y contribuent. Cela réduit la compétence de l’étude et dilue le potentiel thérapeutique de l’agent thérapeutique étudié.

Il n’y a pas de cause unique à l’autisme. Au contraire, les causes sont aussi variées et diversifiées que les personnes touchées. C’est la principale raison pour laquelle l’industrie pharmaceutique n’a pas réussi à produire des traitements efficaces au-delà du simple contrôle des symptômes (comme les antipsychotiques pour l’agitation ou les stimulants pour l’inattention).

Je tiens à préciser clairement à quelles personnes atteintes de TSA je ne fais pas allusion. Il y a un nombre croissant d’adolescents et d’adultes atteints de TSA de très haut niveau qui peuvent écrire de longs articles éloquents sur les médias sociaux décrivant leur soutien à la neurodiversité et qui ne voient aucun besoin de changer quoi que ce soit en eux-mêmes. Je félicite ces personnes pour leur bravoure et le niveau d’aptitudes qu’elles ont atteint.

Je fais référence aux enfants atteints de TSA qui sont incapables d’engager une simple conversation avec leurs proches et de communiquer leurs besoins. Ces enfants peuvent passer la majeure partie de leur journée à des activités répétitives et autostimulantes et sont souvent incapables de faire du shopping ou même de s’asseoir dans un restaurant avec leurs parents sans avoir à subir de graves crises l’une après l’autre. Il s’agit des enfants dont le niveau de fonctionnement est très faible et qui, sans intervention, seront probablement dépendants des autres pour leur survie bien au-delà de l’âge adulte.

Les praticiens de la médecine conventionnelle ont très peu à offrir à ces enfants parce qu’ils ont appris qu’il n’existe aucun traitement ou remède contre l’autisme et que les symptômes et les comportements de l’enfant sont le résultat de son autisme. Dans le paradigme diagnostique actuel, le diagnostic de l’autisme chez l’enfant est établi de façon subjective, en fonction des symptômes et des comportements qu’il présente. Ce raisonnement dicte que les symptômes définissent la maladie (comportements, donc, autisme) et que la maladie cause les symptômes (autisme, donc, comportements). C’est une erreur logique appelée cause et conséquence circulaire. Avec cette pensée illogique, il n’est pas étonnant que la médecine conventionnelle n’ait pas grand-chose à offrir à ces enfants, si ce n’est une thérapie d’analyse appliquée du comportement (ACA) et peut-être un médicament suppresseur de symptômes. L’autisme n’est pas une entité qui infecte votre enfant et provoque ensuite la maladie, c’est juste un nom pratique pour placer des individus présentant des comportements similaires provenant d’une multitude de facteurs physiologiques différents et de déséquilibres. Le langage peut guider la pensée, mais les noms ne causent pas la maladie.

Le rôle de la génétique

Au cours de la dernière décennie, la médecine conventionnelle a consacré une grande partie de ses efforts de recherche et de son financement à l’identification des gènes responsables de l’autisme. Des milliards de dollars ont été dépensés sans qu’aucun changement substantiel n’ait été apporté à la proportion de patients identifiés comme ayant une cause génétique évidente. Cette mauvaise orientation des ressources de recherche a gravement nui aux enfants autistes. Les générations futures d’enfants autistes pourraient peut-être bénéficier de cette recherche, mais la génération actuelle est marginalisée par les décisions d’allocation des ressources de notre modèle médical conventionnel actuel. Il existe aujourd’hui des traitements efficaces pour ces enfants et, avec des fonds de recherche suffisants, ces traitements pourraient être perfectionnés et améliorés à un rythme beaucoup plus rapide qu’actuellement.

L’approche de traitement de la médecine fonctionnelle

Nous allons commencer par deux questions clés :

1. Le corps et le cerveau obtiennent-ils ce dont ils ont besoin pour fonctionner de façon optimale (c.-à-d. vitamines, minéraux, acides gras oméga-3, aliments sains et propres, etc.) ? Absorbez les bonnes choses.

2. Y a-t-il quelque chose dans le corps et le cerveau qui interfère avec sa capacité de fonctionner de façon optimale (toxines, infection occulte, microbiome perturbé, radicaux libres, cytokines, histamine, etc.) ? Enlevez les mauvaises choses.

Dans le contexte de ces deux questions, les causes et les facteurs contribuant aux déséquilibres cliniques sont identifiés et corrigés.

Nous n’acceptons pas la pensée conventionnelle selon laquelle l’autisme est une entité en soi qui cause la maladie chez l’individu, mais nous pensons que l’autisme est plutôt considéré comme une étiquette pour un groupe d’individus qui partagent des anomalies similaires dans le développement et les comportements. En fournissant au corps et au cerveau ce dont ils ont besoin et en éliminant ce qui peut interférer, il est possible d’améliorer considérablement les fonctions cérébrales et la qualité de vie de ces personnes.

Traitement actuel de la TSA

Le socle du traitement actuel de la TSA est l’analyse comportementale appliquée ou ACA.  Il s’agit d’une forme de thérapie fondée sur les principes du conditionnement opératoire et les données probantes confirmant que cette thérapie est efficace pour les enfants atteints de TSA.  L’ergothérapie et l’orthophonie peuvent également être utiles. Toutes ces modalités doivent être poursuivies alors que l’enfant et sa famille travaillent avec un praticien expérimenté pour déterminer les causes et les facteurs qui contribuent à l’autisme.

Causes et facteurs qui contribuent aux troubles du spectre autistique

Un vaste corps de recherche en croissance rapide indique que la TSA est une maladie inflammatoire associée à un dysfonctionnement immunitaire activé par des déclencheurs environnementaux. Les diverses permutations de ces trois composants deviennent alors les causes et/ou les facteurs contributifs que nous relions au diagnostic psychiatrique actuel de TSA du patient. Il existe une myriade de déséquilibres cliniques fondamentaux qui peuvent affecter directement ou indirectement les fonctions cérébrales des enfants autistes.

Stress oxydatif et inflammation chronique : Les deux sont présents dans la grande majorité des enfants autistes. Il est essentiel de s’attaquer à ces deux questions clés pour assurer le succès du traitement.

Dysbiose gastro-intestinale avec perméabilité intestinale accrue : Une altération pathologique du microbiome de l’intestin avec « fuite intestinale », les deux pouvant être à l’origine d’un dysfonctionnement immunitaire ou d’une auto-immunité ultérieure.

Dysfonctionnement mitochondrial : Il s’agit de la fonction altérée de la partie de la cellule responsable de répondre à tous les besoins énergétiques de l’individu. Il a été théorisé que dans cet état, les mitochondries deviennent génératrices d’inflammation plutôt que d’énergie.

Besoins en nutriments non satisfaits : Il s’agit rarement d’une cause, mais généralement d’un facteur contributif.  Celles-ci résultent de carences nutritionnelles, de malabsorption gastro-intestinale ou de variations et mutations des enzymes impliquées dans l’utilisation des nutriments.

Sensibilités et intolérances alimentaires : C’est particulièrement vrai pour le gluten et la caséine. Ils peuvent produire un dysfonctionnement immunitaire et de l’inflammation ou des sous-produits de type opiacé chez les patients sensibles.

Désintoxication affaiblie : Il s’agit généralement d’une conséquence d’autres déséquilibres et parfois d’une cause isolée de maladie.

Auto-immunité ou dysfonction immunitaire : Ceci est souvent causé par des problèmes intestinaux persistants et un facteur contribuant à la diminution de la production d’énergie et à l’inflammation chronique.  Il faut faire preuve de prudence lorsqu’on modifie la fonction immunitaire.

Diminution de la production d’hormones et de neurotransmetteurs : Ceci est évident dans la diminution des niveaux d’ocytocine (l’« hormone de l’amour »), l’augmentation des niveaux de cortisol (l’« hormone du stress »), ainsi que des niveaux erratiques d’adrénaline, de dopamine et de sérotonine étant à la source de la plupart des comportements auto-stimulants et des troubles du sommeil communément présents.

Conclusion

Un ou plusieurs de ces facteurs sont présents chez presque toutes les personnes atteintes d’autisme et c’est l’interaction complexe de ces déséquilibres qui finit par créer la présentation clinique complexe des TSA.  Des dizaines d’autres déséquilibres, moins courants, ont également été identifiés comme contribuant à l’état complexe des TSA.

L’autisme est maintenant traitable, mais nous devons déplacer le bagage psychiatrique désuet qu’il apporte avec lui depuis le 20e siècle.  L’approche optimale pour traiter les TSA au 21e siècle continue d’être l’intervention précoce avec des services psychologiques et éducatifs (ACA, éducation spécialisée, orthophonie et ergothérapie) travaillant de l’extérieur vers l’intérieur, ainsi qu’une enquête approfondie en médecine fonctionnelle sur les causes et facteurs y contribuant, travaillant de l’intérieur vers l’extérieur.

Armen Nikogosian, MD, pratique la médecine fonctionnelle et intégrative à Southwest Functional Medicine à Henderson au Nevada. Il est certifié en médecine interne et membre de l’Institute for Functional Medicine et de l’Académie de médecine des besoins spéciaux pédiatriques. Sa pratique est axée sur le traitement de troubles médicaux complexes, plus particulièrement les troubles du spectre autistique chez les enfants ainsi que les problèmes intestinaux chroniques et les maladies auto-immunes chez les adultes.

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