Le concept français d’islamo-gauchisme mériterait d’être exporté au Royaume-Uni, selon Alexandre del Valle

Par Owen Evans
3 avril 2024 13:49 Mis à jour: 3 avril 2024 14:00

Les autres pays, et notamment le Royaume-Uni, devraient s’inspirer de ce concept largement répandu en France qu’est l’ « islamo-gauchisme », a déclaré Alexandre del Valle, un expert en géopolitique. Le terme islamo-gauchiste est utilisé pour désigner l’alliance entre les islamistes radicaux et l’extrême gauche.

Depuis qu’ils se sont ralliés à la cause palestinienne suite aux attaques du 7 octobre 2023 en Israël, les groupes d’extrême gauche des pays occidentaux affichent ouvertement leur soutien à des actions menées par des groupes tels que le Hamas. Ces actions ont donné lieu à d’importantes manifestations partout en Occident et font craindre que les islamistes radicaux ne trouvent un terrain d’entente avec les idéologies communistes.

Alors que l’ « islamo-gauchisme » est reconnu en France comme un aveuglement volontaire face aux enseignements violents et anti-occidentaux de l’islam radical, les autorités et les gouvernements d’autres pays, notamment le Royaume-Uni, commencent à peine à explorer cette relation. 

En France

Alexandre del Valle, professeur franco-italien de géopolitique et de relations internationales à l’IPAG Business School, a déclaré à Epoch Times que la liberté de discuter de l’islam en France permet l’utilisation de ces termes.

Il ajoute que la France a une forte tradition de laïcité qui, bien que le pays souffre d’attaques islamistes plus meurtrières, permet des discussions avec des personnalités éminentes qui condamnent ouvertement l’islamo-gauchisme, et qui parle ouvertement de son influence perturbatrice dans les universités et ses liens potentiels avec le terrorisme.

Par exemple, le ministre français de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, avait publiquement dénoncé l’islamo-gauchisme et les « ravages » qu’il provoque dans les universités françaises, et qui « mène au pire » avait-il dit, tout en évoquant leurs « complicités intellectuelles » avec le terrorisme.

En 2021, la ministre française de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a également déclaré que « l’islamo-gauchisme ne gangrène pas seulement les universités, mais l’ensemble de la société ».

Libre de parler ?

M. Del Valle a expliqué à Epoch Times que le terme est utilisé parce qu’en France, contrairement au Royaume-Uni, les gens sont libres de parler de l’islam.

Il estime que dans les pays anglo-saxons, il y a toujours eu une forme de tolérance à l’égard de l’islamisme.

Il définit l’islamisme radical comme une idéologie totalitaire qui mélange politique et religion et vise à dominer l’ensemble de l’humanité, et le compare au nazisme ou au communisme. 

Il a également déclaré qu’il existe une disparité entre le Royaume-Uni et la France en ce qui concerne la liberté de montrer des représentations du prophète Mahomet.

On ne peut pas montrer le prophète Mahomet sur les grandes chaînes de télévision britanniques, explique-t-il, mais en France, tout le monde l’a vu après Charlie Hebdo.

La seule raison pour laquelle nous pouvons parler d’islamo-gauchisme, a-t-il ajouté, est que la France est un pays laïque. 

Il y a une gauche modérée et anti-autoritaire, précise-t-il.

Il explique qu’en France, même la gauche « politiquement correcte » et la gauche socialiste « anti-Trotsky » dénoncent l’alliance islamo-gauchiste.

Triste nouvelle pour les lecteurs. Les kiosquiers ont décidé de jeter l’éponge dans certains quartiers de la capitale.
Des kiosquiers parisiens. (Photo de Aurelien Meunier/Getty Images)

M. Del Valle a déclaré avoir rencontré un jour un agent du MI6 en 1998, alors qu’il était fonctionnaire français et qu’il travaillait sur la radicalisation. Il lui a demandé pourquoi le Royaume-Uni comptait autant d’islamistes, pourquoi le pays avait hébergé des terroristes ayant commis des actes en France et pourquoi l’Angleterre ne les extrade pas.

L’agent du MI6 a répondu (avec une certaine fierté) « parce que nous pouvons les surveiller de près, nous savons pourquoi ils le font, et c’est pourquoi nous n’avons pas d’attaques terroristes ». Il a ajouté que donner une image de tolérance de l’islam était importante pour les relations et que l’État ne voulait pas être perçu comme « islamophobe ».

Mais c’était avant le premier attentat-suicide islamiste au Royaume-Uni, les attentats de Londres en 2005.

Aujourd’hui, il pense que les hommes politiques britanniques comprennent qu’il y a un changement, tout en ajoutant qu’il existe un « énorme » pouvoir islamiste à Londres. 

M. Del Valle explique que si le terrorisme islamiste reste une menace importante en Europe occidentale, le Royaume-Uni est influencé par un « puissant lobby musulman », notamment en raison des investissements dans les infrastructures, les universités et autres, réalisés par des monarchies du Moyen-Orient telles que l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït et l’Égypte.

Il ajoute qu’au Royaume-Uni, le problème actuel est que la migration de masse a privilégié les pays du Commonwealth, notamment avec les musulmans du Pakistan et de l’Inde » après le Brexit, par opposition à l’Europe, de sorte que les problèmes liés à l’islamisme sont susceptibles de se poursuivre.

Selon lui, l’Angleterre a été trompée par le libéralisme politique de John Locke, en référence au philosophe du XVIIe siècle qui favorisait la tolérance religieuse, un modèle pour le multiculturalisme britannique contemporain, par opposition à l’assimilation à la française.

Et l’islamisme profite de la liberté, ajoute-il.

Manifestations pour la Palestine

Dans un rapport de 2021 sur « L’islamisme et la gauche » pour le groupe de réflexion Policy Exchange, l’auteur et diplomate britannique Sir John Jenkins a écrit qu’un « réseau d’universitaires et d’activistes communautaires semble être en train de former une idéologie hybride », avec le langage de la théorie de la race critique, qui est enracinée dans le marxisme.

« Incorporant une forme particulièrement conflictuelle de politique identitaire basée sur la communauté, cette idéologie reste aussi islamiste à la base qu’elle est post-moderne et post-coloniale dans ses apparences extérieures », a-t-il déclaré.

Il a pointé du doigt la manière « remarquable » dont les « revendications influencées par la théorie critique » ont trouvé leur place dans des documents tels que le rapport de 2018 du groupe parlementaire multipartite sur les musulmans britanniques sur la définition de l’islamophobie.

Ce rapport parlait de la « nature intersectionnelle de l’islamophobie », de l’ « islamophobie genrée », des « micro-agressions », de l’ « expérience vécue », de l’existence d’un « récit binaire » sur les musulmans dans les médias, de la « problématisation » de la « musulmanité », ainsi que de la « racialisation » et de l’ « altérisation » impliquées dans les représentations de l’islam.

Il a également mis en garde contre le fait que les islamistes et la gauche « essentialisent l’Occident » et utilisent « les mêmes tropes pour prédire – et accueillir – sa destruction ».

Apaisement

Les critiques ont accusé le gouvernement britannique de ne pas avoir agi plus tôt. En février, l’ancien ministre d’État à l’immigration, Robert Jenrick, a déclaré qu’il avait été « diffamé pour avoir essayé de parler des extrémistes islamistes ».

Dans un article paru dans The Telegraph, il écrit que « l’apaisement n’a fait qu’enhardir les islamistes et leurs alliés d’extrême gauche ».

« Ils ont rapidement tenté de me discréditer pour avoir osé diagnostiquer cette épidémie d’extrémisme comme étant d’une persuasion distinctement « islamiste » », a-t-il ajouté.

Tous ces éléments communistes sont présents dans l’islam

L’écrivain et commentateur Momus Najmi a parlé à Epoch Times de la relation entre l’extrémisme islamique et ses origines communistes.

M. Najmi explique que « tous les éléments socialistes, tous les éléments communistes se trouvent dans l’Islam ».

Il pense que l’islamisme a été utilisé comme un outil politique, comme une idéologie pour surmonter l’idéologie régionale dominante.

M. Najmi a indiqué que si les extrémistes islamistes considèrent « qu’ils sont en guerre contre vous, alors leur contrat social change complètement avec vous, parce que la religion leur permet de changer le contrat social ».

Cela est dû en partie à une compréhension historique et complexe de la notion de « Taqiyyah », l’action de commettre un péché (par exemple feindre l’incrédulité) dans un but pieux, « une mesure extraordinaire à n’utiliser qu’en cas d’extrême nécessité ».

Quant à savoir pourquoi la gauche britannique semble être aveugle à l’extrémisme terroriste du Hamas, il a déclaré que l’histoire de la Palestine elle-même était « imprégnée de marxisme ».

Par exemple, le Front populaire de libération de la Palestine, le deuxième groupe le plus important au sein de l’Organisation de libération de la Palestine, se caractérise par son idéologie marxiste-léniniste laïque et socialiste révolutionnaire, ce qui en fait une composante importante du mouvement national palestinien.

La série d’Epoch Times « Comment le spectre du communisme dirige le monde » rappelle que l’islam radical a été nourri par le bloc soviétique comme moyen de déstabiliser le monde musulman, lorsque le concept de « socialisme islamique » a commencé à s’imposer pendant la guerre froide, lorsque l’Union soviétique soutenait les États arabes contre Israël.

« Ils considèrent Israël comme un symbole du capitalisme », a déclaré M. Najmi.

« Et ils considèrent, comme n’importe qui, que détruire Israël, ou aider à détruire ce grand symbole capitaliste, sera vu comme une victoire pour les marxistes. Je pense que c’est le cœur du problème. C’est pourquoi ils sont si déterminés par l’idéologie », a-t-il ajouté.

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