Le Parlement européen veut sanctionner Bakou accusé d’«épuration ethnique» et remet en cause le partenariat gazier

Par Epoch Times avec AFP
5 octobre 2023 16:50 Mis à jour: 5 octobre 2023 16:56

Le Parlement européen s’est prononcé jeudi en faveur de sanctions « ciblées » contre Bakou, dénonçant dans un texte voté à une très large majorité, une « épuration ethnique » au Haut-Karabakh, après l’intervention militaire azerbaïdjanaise.

Les eurodéputés, réunis à Strasbourg, « estiment que la situation actuelle équivaut à une épuration ethnique » et réclament des « sanctions ciblées » contre les dirigeants azerbaïdjanais, qui se seraient rendus coupables de violations des droits humains et du cessez-le-feu au Haut-Karabakh. Après une offensive éclair des forces de Bakou le 19 septembre, la quasi-totalité de la population arménienne a fui la république autoproclamée du Haut-Karabakh, qui a annoncé sa dissolution au 1er janvier 2024.

Les eurodéputés ont également « vivement déconseillé à l’Azerbaïdjan de se lancer dans une opération militaire contre l’Arménie » et réclamé le départ des troupes de Bakou stationnées dans ce pays. Plusieurs dirigeants européens, dont le Président français Emmanuel Macron, ont exprimé ces derniers jours leur inquiétude sur une possible offensive militaire contre l’Arménie de l’Azerbaïdjan qui a déjà pris position dans le sud du pays près de Djermouk.

Réduire la la dépendance de l’UE au gaz azerbaïdjanais

Le Parlement souhaite enfin un « réexamen complet des relations de l’Union européenne avec l’Azerbaïdjan ». Lors du débat précédent ce vote, plusieurs députés ont réclamé d’aller plus loin en plaidant pour une dénonciation immédiate de l’accord gazier conclu entre l’UE et l’Azerbaïdjan.

Le 18 juillet 2022, alors que l’UE cherchait à diversifier ses approvisionnements en hydrocarbures en remplacement du gaz et du pétrole russes, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait signé à Bakou un « nouveau protocole sur un partenariat stratégique » énergétique avec l’Azerbaïdjan.

La résolution adoptée jeudi, fruit d’un compromis entre les différents groupes politiques du Parlement de l’UE, a jugé sur ce point qu’il était nécessaire d’attendre la suite des événements avant de s’engager. Les eurodéputés se sont dits favorables à une suspension de toutes les importations d’hydrocarbure en provenance d’Azerbaïdjan, mais uniquement dans le cas où Bakou attaquerait le territoire de l’Arménie ou déstabiliserait de façon « significative » ses institutions démocratiques.

Cette décision rejoint le sentiment partagé à Bruxelles, où, selon des diplomates, le sujet des sanctions n’est pas encore sur la table, et ne le serait que si la situation devait se détériorer. Les eurodéputés ont en revanche plaidé pour une « réduction » de la dépendance de l’UE au gaz azerbaïdjanais.

Pas renouvellement du « partenariat »

Le Parlement européen n’est également pas favorable, en l’état, à un renouvellement du « partenariat » conclu l’an dernier, et a appelé la Commission européenne à interrompre les négociations sur ce sujet, tant que Bakou n’aura pas donné des garanties sur les droits des Arméniens du Karabakh. Pourtant, la dénonciation immédiate de l’accord gazier paraissait pour certains députés d’autant plus logique que plusieurs d’entre eux soupçonnent le gaz azerbaïdjanais acheté par l’UE d’être d’origine russe.

« Est-ce qu’acheter du gaz à Bakou est moins coupable que d’en acheter à Moscou, et d’ailleurs, est-ce que ce n’est pas le même gaz ? », s’est ainsi interrogé lors du débat préalable au vote l’eurodéputé français François-Xavier Bellamy (PPE, droite).

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