Le PCC «supprime la vérité et répand ses mensonges» dans les Îles Salomon, explique un think tank australien

Par Epoch Times
8 octobre 2022 18:33 Mis à jour: 8 octobre 2022 18:40

Selon un rapport de l’Australian Strategic Policy Institute (ASPI), le régime de Pékin diffuse de fausses informations dans les Îles Salomon afin de miner les partenariats de cette nation du Pacifique avec l’Australie et les États‑Unis.

Le Parti communiste chinois (PCC) a utilisé les médias locaux et la désinformation pour influencer l’opinion publique et saper les partenariats existants des Îles Salomon avec des pays tels que l’Australie et les États‑Unis lors de manifestations de masse dans sa capitale l’année dernière, selon le rapport intitulé « Suppression de la vérité et diffusion de mensonges : comment le PCC influence l’environnement informationnel des Îles Salomon » publié le 5 octobre.

Lors d’une manifestation organisée en novembre 2021, des centaines de manifestants se sont massés devant le bâtiment du Parlement à Honiara pour protester contre le blocage du développement économique, la corruption du gouvernement et le clientélisme.

Les manifestants étaient inquiets face à l’influence croissante du PCC dans le pays et ont exigé l’éviction du Premier ministre Manasseh Sogavare, qui a fait passer l’allégeance diplomatique du pays de Taïwan à Pékin. La réponse musclée des autorités a conduit à des émeutes, dont le pillage et l’incendie de magasins dans le quartier chinois de Honiara.

Flammes dans le Chinatown de Honiara le 26 novembre 2021, après des jours d’émeutes au cours desquels des milliers de personnes ont ignoré l’ordre de confinement du gouvernement, incendiant plusieurs bâtiments autour du Chinatown, y compris des propriétés commerciales et une banque. (CHARLEY PIRINGI/AFP via Getty Images)

Immédiatement après les émeutes de Honiara, le PCC a tenté d’accuser l’Australie, les États‑Unis et Taïwan d’avoir provoqué les troubles, selon le rapport.

Dans les semaines qui ont suivi, les responsables du PCC se sont également employés à diffuser un narratif selon lequel des « forces étrangères aux motivations inavouées visaient à salir les relations entre les Îles Salomon et la Chine », indique une déclaration de l’ASPI.

« Ce discours a été diffusé par les médias du parti‑État (en anglais et en chinois) par le biais de déclarations de responsables chinois partagées par l’ambassade de Chine, publiées dans des médias locaux et citées par des journalistes locaux », indique le rapport.

Les États‑Unis et l’Australie décrits comme des « tyrans colonialistes »

Après qu’une proposition d’accord de sécurité entre le PCC et les Îles Salomon a été divulguée en ligne en mars, le régime communiste « a cherché à saper davantage les relations des Îles Salomon avec l’Australie et les États‑Unis ».

Le Premier ministre des Îles Salomon, Manasseh Sogavare (à g.), et le Premier ministre chinois, Li Keqiang, lors d’une cérémonie de signature au Grand Hall du Peuple à Pékin, le 9 octobre 2019. (THOMAS PETER/POOL/AFP via Getty Images)

À l’époque, les États‑Unis et l’Australie ont sollicité des réunions de haut niveau avec Sogavare pour discuter de leurs préoccupations concernant l’accord de sécurité. Pendant ce temps, le Premier ministre australien Scott Morrison a rejeté une rencontre avec l’ambassadeur chinois en Australie, Xiao Qian, affirmant que ce serait un signe de « faiblesse ».

Dans le même temps, le PCC a promu un narratif similaire selon lequel « l’Australie et les États‑Unis étaient des brutes colonialistes qui menaçaient la souveraineté des Îles Salomon ».

Au cours des deux périodes observées (18 semaines en tout), les médias du PCC ont publié 67 articles sur les événements dans les Îles Salomon. Quarante‑sept de ces articles (70%) soutenaient directement le narratif du PCC visant à saper les relations existantes des Îles Salomon (principalement avec les États‑Unis et l’Australie), tandis que les autres articles traitaient de la question sans ordre du jour précis.

Gros titres des médias chinois sur les émeutes de novembre 2021 et sur l’accord de sécurité entre la Chine et les Îles Salomon. (ASPI)

L’influence du PCC sur les médias locaux

D’après l’analyse de l’ASPI, le canal d’influence le plus important du PCC pour façonner l’environnement informationnel des Salomon était « la publication d’articles dirigés par des fonctionnaires du PCC dans les médias locaux », qui comprenaient des articles d’opinion, des communiqués de presse et des articles produits localement qui ne contenaient pratiquement aucune citation directe des officiels du PCC.

« Ces publications étaient présentées sous l’emballage d’une source médiatique locale de confiance et permettaient au PCC de diffuser son message à un public plus large, ce qui se traduisait par une pénétration et un engagement accrus », peut‑on lire dans le rapport.

« Dans le cas des émeutes de Honiara, les fonctionnaires du PCC ont fait publier dans les médias locaux presque autant de déclarations sur la cause des émeutes que les fonctionnaires du gouvernement des Îles Salomon. »

Les auteurs du rapport ont également constaté que l’ambassade de Chine est en contact étroit avec plusieurs médias des Îles Salomon.

Par exemple, l’Association d’amitié Chine‑Îles Salomon, qui fait partie du système du Front uni du PCC, s’est avérée avoir des liens avec certains responsables politiques et journalistes des Îles Salomon.

Le Premier ministre des Îles Salomon, Manasseh Sogavare, et le Premier ministre chinois, Li Keqiang, inspectent les gardes d’honneur lors d’une cérémonie de bienvenue au Grand Hall du Peuple à Beijing, le 9 octobre 2019. (Wang Zhao/AFP via Getty Images)

Quelle solution ?

En réponse aux campagnes de désinformation du PCC, les analystes de l’ASPI encouragent les entreprises de médias sociaux à fournir des informations contextuelles sur les fausses informations dans les langues nationales du Pacifique et à cataloguer les messages des entités contrôlées par l’État.

« Les entreprises de médias sociaux pourraient encourager la société civile à signaler les affiliations avec l’État et à fournir des preuves pour aider les entreprises à faire respecter leurs politiques », peut‑on lire dans le rapport.

Les auteurs ont également appelé les gouvernements américain et australien à offrir davantage de soutien.

« Les pays insulaires du Pacifique auront besoin de soutien alors que la concurrence des grandes puissances s’intensifie dans la région », écrivent‑ils.

« Les États‑Unis, par exemple, peuvent faire plus pour démontrer que les narratifs du PCC sont faux, comme prouver l’intérêt réel de Washington à soutenir la région en répondant à l’appel de la population locale des Îles Salomon à faire plus pour nettoyer les munitions non explosées restantes de la Seconde Guerre mondiale sur Guadalcanal.

« Le gouvernement australien devrait se coordonner avec d’autres partenaires étrangers des Îles Salomon, notamment les États‑Unis, la Nouvelle‑Zélande, le Japon et l’UE, pour aider davantage les médias locaux du Pacifique à embaucher, former et conserver des journalistes professionnels de haute qualité. »

Exercices militaires chinois au large de Taïwan après la visite de la présidente de la Chambre des États-Unis, Nancy Pelosi, sur l’île autonome le 4 août 2022. (HECTOR RETAMAL/AFP via Getty Images.)

De même, un universitaire taïwanais a également exhorté l’Australie à tenir compte de la « dangereuse expansion » de Pékin et à assumer davantage de responsabilités dans le Pacifique.

« Quelles bonnes relations les Îles Salomon [avaient] avec l’Australie ! Mais peu importe la façon dont vous la traitez, le PCC corromprait [ses fonctionnaires] », a précédemment déclaré à Epoch Times David Yeau‑Tarn Lee, professeur adjoint à l’Institut d’études supérieures du développement de l’Université nationale Chengchi.

« Il est inévitable que l’Australie devra faire face aux conséquences de la dangereuse expansion [du PCC] », a‑t‑il déclaré. « Je pense donc que l’Australie doit se réveiller davantage. »

« Elle joue un rôle important dans la confrontation entre la démocratie libérale et l’autocratie. »

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