Le pétrole : le motif caché derrière l’expansion des BRICS

Par Michael Wilkerson
22 septembre 2023 09:12 Mis à jour: 22 septembre 2023 09:12

Une grande partie des commentaires portant sur les motivations derrière l’expansion de l’alliance commerciale des BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud – annoncée le mois dernier, s’est concentrée sur le parti pris anti-américain de la coalition.

Plus précisément, derrière la façade souriante d’une communauté de coopération économique ostensible se cache une opposition profonde au système financier mondial dominé par les États-Unis et le recours à des sanctions économiques contre toute nation qui s’opposerait à l’ordre mondial dirigé par les États-Unis. La dédollarisation – c’est-à-dire la disparition imminente du dollar américain comme monnaie de réserve mondiale – est devenue un sujet de discussion de plus en plus courant.

Tout cela peut certainement être vrai à long terme. Mais il existe une autre motivation à plus court terme et très pragmatique pour les membres fondateurs, en particulier pour la Chine (le dominant, premier parmi les pairs du groupe) d’élargir le club de cette façon, et cette motivation, c’est le pétrole.

Pour rappel, la première communauté des BRICS a été créée en 2010 avec cinq pays membres : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. Ces dernières années, une quarantaine de pays ont manifesté leur intérêt pour rejoindre le groupe, et certains ont déposé une demande officielle. En août, lors du sommet annuel 2023 des BRICS, six pays ont été acceptés pour rejoindre officiellement les BRICS en 2024 : L’Argentine, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

L’ajout de ces six nations ne contribue guère à augmenter la puissance économique des BRICS, ni leur part dans le commerce mondial, ni même leur part dans la population mondiale. Les premiers BRICS représentent près d’un quart du produit intérieur brut (PIB) mondial, la Chine représentant à elle seule 18,4%. Les six nouveaux pays n’ajouteront que 3% à la part des BRICS+ dans le PIB mondial.

De même, la Chine représente 14,4% du commerce mondial, les quatre autres membres initiaux y ajoutant 4,4%. Les nouveaux membres contribueront à hauteur d’un peu moins de 5%. Les BRICS fondateurs regroupent plus de 38% de la population mondiale, les nouveaux membres contribuant à hauteur de 5% supplémentaires.

La véritable différence se situe au niveau du pétrole, qui est l’élément vital de l’économie moderne. Aujourd’hui, les nations BRICS représentent 17,1% de la production mondiale de pétrole brut. Avec l’ajout des nouveaux membres, notamment l’Arabie saoudite, l’Iran et les Émirats arabes unis, les BRICS+ contrôleront 43,4% de l’offre mondiale de pétrole.

Pour la Chine, qui ne possède que 4,4% de la production mondiale de pétrole brut, il s’agit d’une énorme aubaine. L’alliance, et ses dispositions commerciales relatives aux nations les plus favorisées, représente une étape importante pour garantir sa sécurité énergétique et tenter de maintenir son économie, afin d’essayer de préserver la stabilité politique du Parti communiste chinois (PCC).

Au cours de la dernière décennie, la Chine a construit la deuxième plus grande infrastructure de raffinage de pétrole brut au monde (seuls les États-Unis en ont davantage), mais sans accès au brut du reste du monde, cela ne lui servira pas à grand-chose.

Les leçons de l’histoire n’ont pas échappé au PCC. En particulier, le PCC sait parfaitement comment, dans les années 1930, les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont coupé le Japon impérial, une nation insulaire totalement dépourvue de pétrole et d’autres ressources naturelles, de l’accès à leurs sources d’approvisionnement industriel. L’embargo commercial et les autres sanctions imposées par les États-Unis ont rendu le Japon vulnérable et isolé, et ont conduit à l’ascension de nationalistes radicaux et d’une armée expansionniste pour dominer le pouvoir politique de l’époque. Le résultat fut une guerre que le Japon était destiné à perdre, faute de ressources.

Le fait de voir les États-Unis imposer des sanctions à d’autres pays producteurs d’énergie tels que l’Iran, la Russie et le Venezuela n’a fait que confirmer les soupçons de la Chine et renforcer sa détermination.

Alors que d’autres pays comme l’Inde, la Russie et l’Afrique du Sud peuvent s’irritent de la domination de la Chine au sein des BRICS+, le fait est que c’est la Chine qui donne le ton, et qu’ils sont obligés suivre le mouvement.

Pour l’Arabie saoudite, l’alignement sur la Chine et les autres membres des BRICS est tout aussi pragmatique. L’Arabie saoudite, qui produit 13% du pétrole mondial, dépend fortement des exportations de brut, qui constituent sa principale source de revenus. Les relations de longue date entre l’Arabie saoudite et les États-Unis ont été de plus en plus tendues ces dernières années. Les États-Unis, ainsi que les nations de l’Union européenne, ont tout fait pour dire au monde qu’ils voulaient éliminer la dépendance aux combustibles fossiles, et au pétrole en particulier, dans les dix ans à venir.

N’étant pas dupes, les Saoudiens ont sagement décidé de concentrer leur attention sur les nations clientes telles que la Chine et l’Inde, qui ont clairement fait savoir qu’elles n’avaient pas l’intention de réduire leur dépendance à l’égard du pétrole comme moteur de leur économie.

À cette fin, les Saoudiens sont prêts à s’allier à l’Iran, leur ennemi historique et concurrent régional, selon la formule « l’ennemi de mon ennemi est mon ami ».

Alors que les États-Unis disposent d’une capacité abondante de production de pétrole brut et de raffinage, les pays d’Europe et d’Occident sont de plus en plus menacés. Cette situation pourrait déboucher sur une instabilité géopolitique qui devrait tous nous préoccuper.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.