Le régime chinois en proie à une crise de légitimité

Le Parti communiste chinois étant illégitime à l'origine, il se heurte à une crise inéluctable et durable quant à sa légitimité.

Par Bradley A Thayer
19 septembre 2023 11:42 Mis à jour: 19 septembre 2023 14:44

Le ralentissement économique persistant que connaît la Chine et la myriade de problèmes sociaux auxquels le régime chinois est confronté ne peuvent être occultés par la place prépondérante accordée à Xi Jinping lors de la réunion des BRICS ou d’autres forums internationaux. Les problèmes du régime chinois sont multiples mais résultent d’une cause fondamentale. À la racine, le Parti communiste chinois (PCC) étant illégitime, il se retrouve, de ce fait, confronté à une crise de légitimité inéluctable et insurmontable.

Le PCC est un système politique illégitime pour la Chine, tel qu’il est perçu par la diaspora, les intellectuels et les médias libres, ainsi que par la grande majorité du peuple chinois. La raison principale tient à son idéologie, le marxisme-léninisme, dissociée de l’histoire, de la civilisation et de la culture politique chinoises – le cadre de la légitimité d’un régime, qui le renforce et le valide. La cause de cette illégitimité est l’idéologie marxiste-léniniste de ce régime. Il s’agit d’une idéologie en faillite qui propose un modèle raté de contrôle totalitaire du peuple chinois en rupture avec les principes traditionnels de gouvernance de ce pays. Cette tension idéologique pourrait provoquer une crise de légitimité en Chine.

Cette crise de légitimité pourrait entraîner le renversement du PCC. En tant que produit de la pensée intellectuelle occidentale, le PCC ne bénéficie même pas de la légitimité accordée à la dynastie Qing (1644-1911), qui était d’origine étrangère, mandchoue et non han, mais qui a gouverné selon l’idéologie dynastique chinoise, source de l’idéologie immuable qui caractérise la Chine. C’est ainsi qu’ils ont pu se maintenir au pouvoir malgré leur origine étrangère, les troubles considérables qu’ils ont connus et les interventions extérieures.

La prétendue légitimité du PCC trouve son origine dans la croissance économique. Mais cette époque est révolue. Les objectifs de croissance officiels fixés par la Chine ont été orientés à la baisse au cours de la dernière décennie, les décideurs politiques cherchant à contrôler l’endettement croissant du pays et à stimuler la consommation intérieure. Cette dépression économique montre que Xi ne parvient pas à rétablir les niveaux de croissance qui prévalaient avant la pandémie, alors même qu’il réussit à renforcer son pouvoir.

Un homme travaille sur un chantier de construction d’un gratte-ciel résidentiel à Shanghai le 29 novembre 2016. (Johannes Eisele/AFP via Getty Images)

L’illégitimité du PCC génère également une grande insécurité pour Xi et les dirigeants en place et ouvre la voie à la chute du PCC. Le fait que Xi invoque la grandeur de la civilisation Han tout en affirmant qu’une idéologie occidentale importée – le communisme – soit nécessaire pour gouverner ce pays est contradictoire et incohérent. Dans la version de l’histoire du PCC, le « siècle de l’humiliation », de la première guerre de l’opium à la victoire du PCC en 1949, a été une horrible aberration. Aujourd’hui, sous l’égide du PCC et de Xi en particulier, la Chine est prête à retrouver la position qui a toujours été la sienne. Ceci illustre le caractère historique inévitable que revêt l’émergence de la Chine en tant que superpuissance et sa victoire certaine sur les États-Unis.

Le narratif que le PCC et Xi mettent en avant est significatif car il informe le monde entier pour dire comment ils se perçoivent et s’attendent à être perçus – comme une puissance hégémonique éternelle reconnue comme tel par tous les autres États.

Si les différences entre Xi et Hitler sont grandes et multiples, ils partagent un point commun. Les motivations d’Hitler, quelles qu’elles soient, ont permis de mettre en avant l’idée presque paradoxale que le peuple allemand a toujours été supérieur aux autres, et pourtant opprimé partout dans le monde. Le message de Xi est le même. Il nourrit un sentiment d’infériorité en répétant sans cesse au peuple chinois qu’il est grandiose sous le PCC, alors qu’il a toujours été exploité par les Européens, les Mandchous, les Mongols, les Japonais et les Américains.

Ce qui révèle une grande insécurité quant à la conception que Xi et le régime chinois se font de la Chine. Certes, la Chine est puissante, mais pas assez, et même pas assez performante pour supplanter l’Occident. La genèse du PCC est Lénine ; elle a été nourrie par Staline et l’Internationale communiste (Komintern), puis soutenue par l’Occident, d’abord comme contrepoids au pouvoir soviétique, puis comme source de production et d’investissement.

Le peuple chinois a reconnu que pour accepter le communisme il devait rejeter les principes politiques propres à la Chine, à savoir l’unité, le gouvernement dynastique, la prévention du chaos et le respect du peuple en tant que fondement du système politique chinois. Un régime politique chinois nécessite l’acceptation du système politique traditionnel et le rejet des idéologies importées.

Le fait que Xi, en tant que dirigeant du PCC, et le Parti dans son ensemble adhèrent à une idéologie occidentale signifie qu’ils sont à la fois incohérents et profondément insécurisés quant à leur légitimité. Le règne de Xi en Chine a prouvé que le communisme n’a pas la solution pour créer une politique moderne et juste. Greffer une idéologie occidentale chargée de définir et de gouverner la Chine ne pouvait qu’engendrer une incohérence idéologique et politique pour la population.

Les intellectuels chinois de la diaspora devraient se demander pourquoi le Parti n’écoute pas le peuple, alors que la philosophie politique chinoise et Mencius exigent que « les bons dirigeants écoutent le peuple, les mauvais ne le font pas ». Xi impose un gouvernement totalitaire doté d’un état tyrannique de plus en plus puissant. Le peuple ne sera jamais écouté et, par conséquent, le Parti l’abandonnera. En outre, le « socialisme à visage humain », comme le Printemps de Prague en 1968, ou une interprétation plus tolérante du communisme n’existeront pas. Comme le dit le « Livre de l’Histoire », « le Ciel entend et voit comme le peuple entend et voit » et « le Ciel voit comme mon peuple voit ; le Ciel entend comme mon peuple entend ».

Il incombe donc à la diaspora et à Taïwan de démontrer au peuple chinois que le communisme est une entrave à la grandeur de la Chine ; c’est un frein qui l’empêchera de réaliser son potentiel. Ce n’est qu’en renversant le communisme que la Chine pourra réaliser pleinement la grandeur de sa civilisation et constituer une force positive dans la politique internationale.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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