Le 15 novembre, le dirigeant et chef du Parti communiste chinois Xi Jinping a inauguré un mégaport au Pérou. Pékin prévoit de faire de ce port en eau profonde, d’une valeur de 3,5 milliards de dollars, le point de départ d’un réseau routier qui s’étendrait à toute l’Amérique latine et lui permettrait d’extraire des matières premières comme le lithium, le minerai de fer et le soja en échange de voitures électriques, d’appareils électroniques et d’autres produits chinois.
La Chine exporte déjà vers l’Amérique latine 33 milliards de dollars par an de plus qu’elle importe de ce continent. Le port péruvien accélérera cette dynamique, autrefois dénoncée comme mercantilisme : l’accumulation de richesses par un pays grâce à des exportations massives de produits souvent subsidiés par l’État, combinées à des droits de douane et à des réglementations limitant les importations. Aujourd’hui, des économistes liés à des entreprises occidentales qui exportent vers la Chine défendent cette pratique d’accumuler les richesses par l’État-parti chinois comme s’il s’agissait de la leur.
Le mercantilisme agressif de Pékin est la raison pour laquelle le président élu américain, Donald Trump, a fait, en dépit des économistes, grand cas du surplus commercial mondial de la Chine – un surplus qui s’élève à près de 1000 milliards de dollars par an. C’est aussi pourquoi il prévoit de rendre à la Chine une partie de la monnaie de sa pièce sous la forme de droits de douane sur ses produits importés en Amérique allant jusqu’à 60 %. Ces tarifs douaniers, qui pourraient être encore plus élevés, puniront le régime chinois et contribueront à relancer l’industrie manufacturière américaine.
Cependant, ils n’empêcheront pas le Parti communiste chinois (PCC) de réorienter son commerce et d’accroître son pouvoir ailleurs. La réponse de Pékin aux droits de douane consistera, en partie, à déplacer les exportations précédemment destinées aux États-Unis vers l’Amérique latine et d’autres parties du « Sud mondial » – notamment vers l’Afrique, l’Asie du Sud et l’Asie du Sud-Est. Xi Jinping utilisera le commerce avec d’autres pays, combiné à une idéologie antiaméricaine et antioccidentale, pour réaliser sa stratégie de domination mondiale et réorienter le monde de l’Occident vers Pékin, non seulement sur le plan économique, mais aussi sur le plan diplomatique. Telle est la nature du conflit géopolitique que l’État-parti chinois a décidé de mener contre l’Occident et, en premier lieu, contre les États-Unis en tant que première puissance occidentale.
Le PCC utilise la richesse accumulée par la Chine par le biais du commerce pour renforcer son armée qui est en passe de devenir plus puissante même que l’armée américaine. À ce moment-là, Pékin sera en mesure d’imposer des démarches autoritaires à l’échelle mondiale à un rythme encore plus rapide que celui qu’il a atteint aujourd’hui grâce à son influence dans des pays comme la Russie, l’Iran et la Corée du Nord.
En fin de compte, le régime chinois vise l’hégémonie mondiale, comme le reconnaissent les experts. Pour y parvenir, le PCC pourrait utiliser sa puissante Armée populaire de libération (APL) pour commencer à taxer le commerce international ou à saisir les navires commerciaux et militaires des pays démocratiques. Le régime chinois disposerait ainsi d’une richesse et d’une puissance militaire encore plus importantes pour imposer son influence.
Le renforcement rapide de l’APL sur fond de croissance du commerce chinois place le monde à un point de basculement menaçant de remplacer l’ordre international, fondé sur les règles formées après la Seconde Guerre mondiale, par une version beaucoup plus autoritaire et communiste – une version que le PCC pourrait utiliser pour transformer les démocraties et les marchés libres partout dans le monde. Il suffit de regarder ce que le régime chinois a fait dans des endroits comme le Xinjiang, le Tibet, Hong Kong et la mer de Chine méridionale pour avoir une idée de ce qu’il fera au reste du monde s’il en a l’occasion.
Le mégaport péruvien, appelé port de Chancay, est emblématique de ce changement en faveur de Pékin. C’est bien plus qu’un port pour le régime chinois. Pour la première fois et par le biais du contrat avec le Pérou, le PCC aura un contrôle presque total sur ce qui entre et sort du port, y compris en provenance de l’extérieur du Pérou. C’est un statut sans précédent pour un port construit par la Chine dans le monde entier, et il y en a beaucoup.
Le contrat de Pékin avec le Pérou, d’une durée de 30 ans, a été conclu sans consultation publique. Outre le commerce, Pékin utilisera probablement ce port à des fins militaires et de renseignement. Lima, la capitale du Pérou, ne pourra pas faire grand-chose, étant donné qu’elle a renoncé à ses droits souverains de décider de ses importations et exportations. La cession de ces droits par Lima aurait été une erreur et a été contestée par la suite par le Pérou. Néanmoins, Pékin a refusé de modifier le contrat et a menacé ce pays de conséquences suffisantes pour le faire reculer.
On peut donc dire que le port est davantage un territoire souverain de la Chine que du Pérou. C’est probablement la raison pour laquelle Xi Jinping a ouvert le port personnellement. Il considère que cela fait partie de son héritage historique et permet d’élever le contrôle de son régime sur le commerce mondial à un nouveau niveau, compromettant davantage la souveraineté des pays où Pékin opère.
Chancay est un peu ce que le port de Hong Kong a été pour l’Empire britannique pendant plus de 150 ans : une porte d’entrée lucrative et souveraine pour le commerce avec tout un continent. L’atteinte à la souveraineté du Pérou par Pékin est une nouvelle preuve du fait que la dénonciation par le PCC de l’« impérialisme » britannique, américain ou français n’est que de l’hypocrisie intéressée. Pékin ne s’oppose qu’à l’impérialisme des autres, pas à son propre impérialisme.
Personne n’a jamais voté pour accorder au PCC une mainmise sur la Chine. L’État-parti n’a pas de mandat populaire. Il n’y a donc aucune raison éthique pour que les pays occidentaux accordent les mêmes privilèges commerciaux au territoire contrôlé par le PCC qu’aux autres pays démocratiques. Le PCC n’a pas le droit d’imposer son contrôle à la Chine, et encore moins à un port péruvien situé à plus de 16.500 kilomètres de Pékin, même si le président péruvien a été amené à signer un contrat renonçant en fait à la souveraineté de son pays.
Pendant ce temps, le PCC harcèle la marine des États-Unis et leurs alliés dans des zones comme la mer de Chine méridionale et le détroit de Taïwan – les zones que le droit international autorise à traverser librement. Tant que la Chine compliquera la navigation dans ces régions, les États-Unis auront, eux aussi, plusieurs moyens de riposter en compliquant les flux commerciaux vers l’Amérique latine contrôlés par Pékin.
Au moins jusqu’à ce que le régime chinois abandonne ses revendications illégales sur Taïwan et la mer de Chine méridionale, l’Amérique pourrait imposer, par exemple, des droits de douane allant jusqu’à 30 % sur les échanges commerciaux de la Chine avec l’Amérique latine – et ce, afin d’aider ses partenaires dans la mer de Chine méridionale, y compris Taïwan et les Philippines, à faire face à leurs dépenses de défense. Si les nombreux cargos chinois ne paient pas la taxe, la marine américaine pourrait les saisir et les vendre.
Compte tenu de l’augmentation de la dette nationale américaine, ce serait le genre d’approche financière gagnante vis-à-vis de la Chine – l’approche que Donald Trump a déjà si bien réussie dans le passé. Les droits de douane qu’il a imposés à Pékin lors de son premier mandat ont d’abord choqué, mais ont été progressivement acceptés dans le monde entier par la suite, y compris par l’Europe qui impose désormais ses propres droits de douane aux importations chinoises.
Si les États démocratiques ne taxent pas les transactions commerciales mondiales de Pékin, des nations comme les Philippines et Taïwan n’auront pas les moyens de se défendre et des pays comme le Pérou seront amenés à renoncer à leur souveraineté, s’exposant ainsi à l’exploitation par le régime chinois. Cela se ferait au détriment de la liberté, de la démocratie, des droits de l’homme, du droit international et, à long terme, du monde entier.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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