Les garçons défavorisés sont les premières victimes de la pornographie, selon les milieux associatifs

Il s'agit de "la plus grande expérience sociale non réglementée" de l'histoire de l'humanité

Par Owen Evans
1 avril 2024 14:15 Mis à jour: 2 avril 2024 12:21

L’accès illimité à la pornographie provoque des changements profonds et alarmants dans le développement cognitif des garçons issus des milieux les plus défavorisés, selon des associatifs.

Les jeunes garçons issus de milieux économiques difficiles qui ont un accès illimité à des contenus toujours nouveaux, de plus en plus violents et déviants, sont un « accident de voiture au ralenti » pour la société, a déclaré une organisation caritative britannique qui cherche à éduquer et sensibiliser aux dangers de la pornographie.

Mary Sharpe, PDG de la Reward Foundation, a déclaré au journal Epoch Times qu’il s’agissait de « la plus grande expérience sociale non réglementée de l’histoire de l’humanité ».

« Jamais auparavant les gens n’ont eu un accès illimité à des contenus toujours nouveaux, de plus en plus violents et déviants, susceptibles de modifier leurs goûts sexuels et de provoquer des dysfonctionnements de la sexualité résultant d’une sur-stimulation », dit-elle.

« C’est un cauchemar pour les services sociaux et le système de justice pénale, qui sont à bout de souffle face au nombre de cas d’agressions sexuelles, de violences domestiques et d’abus sexuels sur des enfants qui sont signalés », dit-elle.

L’œil de Sauron

Les associations de défense des enfants et les experts en sécurité en ligne expriment la même inquiétude face à l’accès des enfants à la pornographie.

Mais ceux qui travaillent directement avec certains des enfants les plus défavorisés ont constaté des changements majeurs chez les garçons en temps réel du fait de ce type de matériel.

L’organisateur d’un centre chrétien d’activités d’apprentissage en plein air, qui a des dizaines d’années d’expérience dans l’enseignement auprès d’enfants de ce groupe, a déclaré à Epoch Times qu’il avait remarqué un changement radical chez les garçons, qui sont souvent atteints d’autisme, quant à la manière dont ils utilisent un langage sexuel explicite.

Epoch Times a choisi de ne pas nommer la personne ou le centre.

Les associatifs, les journalistes et les universitaires qui plaident en faveur de la reconnaissance des risques de dépendance ou de préjudice liés à la pornographie affirment qu’ils sont souvent victimes d’attaques lancées par des gens proches de cette industrie.

« Lorsque vous les entendez parler, certains enfants mais pas tous, on se dit que vraiment on n’a jamais entendu des gamins parler de trucs comme ça », a déclaré l’organisateur, ajoutant que les garçons regardent « des choses extrêmes et très explicites ».

Les smartphones sont bannis du centre. « Ils sont comme l’œil de Sauron », dit-il, en référence au « Seigneur des anneaux », ajoutant toutefois qu’arriver à  leur prendre leurs smartphones était « un gros problème ».

« C’est leur vie, leur identité tout entière est dans leur téléphone ! »

Mais lorsqu’ils rentrent chez eux, ils ont de nouveau accès à la pornographie.

« Seuls les parents peuvent faire quelque chose », a-t-il assuré.

Mais aujourd’hui, la barre est si haute, le problème si profondément répandu, qu’il est difficile pour les services sociaux ou les écoles de faire quoi que ce soit.

« Et si un parent monte à l’étage pour confronter son enfant, les garçons peuvent saccager la maison si la Wi-Fi leur est refusée », a-t-il ajouté.

Le porno ne fait qu’ajouter de l’huile sur le feu

Mme Sharpe explique à Epoch Times que « l’impact de la ‘porno-dépendance’, ou son utilisation compulsive, est totalement sous-estimé chez les enfants socialement défavorisés ».

Selon elle, ils ont souvent subi un stress supplémentaire pendant leur enfance en raison de la pauvreté, de la maltraitance ou d’un attachement parental insuffisant.

« Ces facteurs les poussent davantage à développer des dépendances pendant l’adolescence. Le porno ne fait qu’ajouter de l’huile sur le feu. L’exposition précoce au porno est considérée comme un ECA supplémentaire. C’est un accident de voiture au ralenti pour la société », dit-elle.

Selon elle, les parents s’inquiètent à juste titre de voir leurs enfants « péter un cable » si on leur retire leur téléphone, car « quand quelqu’un est accro, c’est pour lui une question de vie ou de mort ».

« C’est le pouvoir des envies et l’inconfort du sevrage. Mais les parents se doivent de s’informer sur les effets de la pornographie qui affectent le cerveau des adolescents et ils doivent se montrer suffisamment courageux pour faire face aux arguments et guider leurs enfants à travers cette étape difficile de leur développement. S’ils ne le font pas, qui le fera ? »

« L’industrie pornographique ne demande qu’à profiter de l’attention que les jeunes portent à ces sites pour collecter et vendre leurs données personnelles et les préparer à devenir de futurs clients payants ! »

« Le problème, c’est que les jeunes issus des milieux économiquement défavorisés sont attirés par les sites de médias sociaux à caractère pornographique et croient qu’ils peuvent gagner beaucoup d’argent en vendant des actes sexuels en ligne sur des plateformes comme OnlyFans ou TikTok. »

« Ils pensent peut-être que c’est sans danger parce qu’ils n’ont pas à rencontrer les clients dans la vie réelle, mais ce que nous rapportent ceux qui sont sortis de ce qui s’apparente à de la prostitution virtuelle, ce sont les conséquences psychologiques que cela entraîne au fil du temps s’ils sont reconnus, outre les dommages physiques. »

Un adolescent regarde un écran d’ordinateur portable présentant des contenus interdits aux mineurs, à Londres, le 17 janvier 2023. (Leon Neal/Getty Images)

« Le problème avec ce groupe social, c’est que leurs attentes quant à l’avenir sont de toute façon réduites. La consommation intensive de matériel pornographique, souvent jusque tard dans la nuit, les prive du sommeil dont ils ont tant besoin pour être attentifs à l’école et progresser. L’accès facile à du matériel sexuel extrêmement stimulant et fondamentalement gratuit semble être une solution évidente aux défis normaux de l’adolescence. »

Selon elle, les recherches sur la dépendance à la pornographie ont montré qu’elle provoque de l’anxiété sociale, des dépressions, des difficultés pour se stimuler sexuellement et qu’elle contribue à « des attitudes et des comportements qui réduisent les femmes à des parties de corps à consommer, puis à ignorer ».

« Cette situation entraîne à son tour d’énormes problèmes de santé mentale chez les jeunes femmes qui ne s’engagent pas dans des relations où elles se sentent chéries et aimées, mais où l’on attend plutôt d’elles qu’elles soient disponibles pour le plaisir des hommes, sans rien ou presque en retour. La confiance en soi, déjà très fragile, se trouve ainsi détruite. »

« Le type de sexualité qu’ils apprennent se révèle de plus en plus violent et coercitif et ne favorise pas l’intimité qui donnerait aux enfants défavorisés une chance de bénéficier d’une relation de soutien. »

Les sites pornographiques comptent chaque mois plus de visiteurs que Netflix, Amazon et Twitter réunis, et aux États-Unis, environ un tiers de tous les téléchargements sur le web relève de la pornographie.

La dépendance à la pornographie n’est souvent pas classée comme comportement addictif. Il n’existe donc pas de critères diagnostiques officiellement reconnus pour la dépendance à la pornographie.

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