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Louis XIV devient Louis 14 : pour quelles raisons les musées français abandonnent-ils les chiffres romains ?

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Cette vue générale du musée Carnavalet à Paris montre les travaux de rénovation le 21 septembre 2018. - Le musée a fermé en octobre 2016.

Photo: THOMAS SAMSON/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Alors même que la fonction d’un musée est, entre autres, de raconter l’histoire d’un pays, d’une civilisation, de grands musées comme le Carnavalet ou même le Louvre abandonnent les chiffres romains au profit des chiffres arabes. Mais quelles en sont les raisons ?
À Paris, le musée Carnavalet, situé dans le quartier du Marais du 3e arrondissement, est consacré à l’histoire de Paris, des origines de la ville à nos jours. Après quatre années de fermeture en raison de travaux, ce plus ancien musée de la ville est prêt à rouvrir ses portes, lorsque les restrictions sanitaires seront levées.
Une nouveauté cependant, le musée a décidé d’abandonner les chiffres romains pour utiliser les chiffres arabes. Désormais, « Louis XIV » sera écrit « Louis 14 ». Cela fait étrangement penser au sketch des Inconnus sur la Révolution française, dans lequel l’un des humoriste déclare : « À mort Louis-croix-vé-bâton ». Pour Noémie Giard, chef du service des publics du musée Carnavalet, « les chiffres romains peuvent être un obstacle à la compréhension », rapporte le quotidien italien Corriere della Sera.

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Tout cela dans le soi-disant but d’atteindre un public plus large
En troquant les chiffres romains contre les chiffres arabes, certains accusent le musée d’avoir opté pour la solution de facilité ou pire encore, d’avoir capitulé devant la loi du marketing, toujours bien présente. On reproche d’ailleurs fréquemment aux musées français de faire « trop de concessions pour s’ouvrir au marketing et aux touristes », indique le journal.
Le quotidien italien insiste sur le fait que cette initiative ne fait donc pas l’unanimité. En effet, cette décision interroge et relance la polémique entre la vulgarisation et la culture de masse sous couvert de « bonnes intentions » d’un côté, et de la protection de la culture et du savoir d’un autre côté. « Sommes-nous sûrs que la solution vis-à-vis des difficultés consiste à les effacer ? » interroge le journal italien, soulignant que « le passage de ‘IV’ à ‘4’ devient le symbole du renoncement progressif à l’enseignement de la culture classique. »
François Martin, président de la Coordination des enseignants de langues anciennes (Cnarela), s’est exprimé dans les colonnes du Figaro. « Moins on utilise les chiffres romains, moins les gens sont capables de les comprendre », a-t-il déclaré, ajoutant que les enfants aiment particulièrement apprendre les chiffres romains, car pour eux c’est comme un jeu.

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Le journal italien s’étonne que « même le Louvre » abandonne les chiffres romains pour parler des siècles. La différence avec le musée Carnavalet, c’est que le Louvre a conservé les chiffres romains pour les rois et les reines. Les musées de Rouen ont failli prendre le même chemin mais se sont ravisés, le directeur Sylvain Amic s’y étant opposé. Et pour ceux qui résistent encore, on est en droit de se demander pour combien de temps.
À noter qu’à l’inverse, dans des domaines aux antipodes de la « culture », à savoir dans le monde du sport ou encore dans certains jeux vidéo, les chiffres romains résistent magistralement à cette suppression, voire les revendiquent. Un constat pour le moins paradoxal, sachant que les jeux vidéo sont l’apanage des plus jeunes. Un exemple frappant ; aux États-Unis, le Super Bowl s’écrit avec des chiffres romains. En 1971, l’organisateur Lamar Hunt avait convaincu ses partenaires que cela donnerait « du prestige et de la solennité à l’événement, en évoquant les exploits des gladiateurs », conclut le journal italien.