L’Ukraine, l’OTAN, l’Amérique, les comédiens et les écologistes

Par Dennis Prager
2 mars 2022 17:26 Mis à jour: 6 mars 2022 13:40

N° 1 : Le prétexte de l’OTAN

Une explication souvent avancée de l’invasion russe de l’Ukraine est que la Russie – qui, à l’heure actuelle, signifie essentiellement son dirigeant Vladimir Poutine – craint l’expansion de l’OTAN à ses frontières, en particulier en Ukraine. L’argument est souvent présenté sous forme d’analogie : comment les États-Unis réagiraient-ils si le Mexique avait un pacte de défense mutuelle avec la Russie et recevait des armes de la Russie ?

Une autre explication bien courante est que la Russie est « paranoïaque » parce qu’elle a subi les invasions de la France de Napoléon au XIXe siècle et de l’Allemagne d’Hitler au XXe siècle. C’est une excuse que de nombreux apologistes professionnels ont avancée pour justifier le fait que l’Union soviétique a abattu – sans aucun avertissement – le Boeing 747 assurant le vol Korean Air Lines 007 en 1983 – et ce, en tuant tous les 269 passagers et membres d’équipage.

« Les Russes sont paranoïaques » est devenue une explication très répandue. Seymour Hersh, le journaliste d’investigation le plus connu du New York Times depuis des décennies, a écrit un livre sur le Boeing coréen abattu en 1983. On peut citer une critique de ce livre, publiée dans le New York Times en 1986 : « Du côté soviétique, écrit M. Hersh, il y avait de la paranoïa. »

Lorsque j’étais étudiant à l’Institut russe de l’université Columbia, je rencontrais régulièrement l’explication « paranoïaque » en ce qui concerne la conduite des politiques soviétiques/russes. Cela me paraissait alors, et encore plus aujourd’hui, être une explication anormale ou fausse, voire les deux. La Russie est de loin le plus grand pays du monde, elle couvre environ un neuvième de toute la surface de la Terre. Si l’on ajoute à cela le vaste armement nucléaire de la Russie, l’explication de l’agression russe en Ukraine par la « paranoïa » devient absurde.

Elle est encore plus absurde si l’on considère les pays que prétendument la Russie craint de vouloir l’envahir. Lequel de ses pays frontaliers européens – Lettonie, Estonie, Lituanie, Finlande, Moldavie, Biélorussie, Ukraine – est susceptible d’envahir la Russie ? Chacun d’entre eux n’a-t-il pas été envahi par la Russie ? Chacun d’entre eux ne devrait-il pas être « paranoïaque » ?

On peut conclure la discussion sur la « paranoïa » par cette règle de l’histoire : en général, les guerres se produisent soit entre deux États policiers, soit entre un État policier et un État libre. Et ces guerres sont presque toujours initiées ou provoquées par l’État policier. La Russie n’a rien à craindre de ses voisins européens. En revanche, ses voisins ont beaucoup à craindre de la Russie.

N° 2 : L’Amérique ne fait qu’observer et n’intervient pas

Je ne connais aucun Américain – qu’il soit de droite ou de gauche – qui a appelé à envoyer les militaires américains en Ukraine. Mais chaque Américain devrait se sentir mal – moralement et en tant qu’Américain – à l’idée que l’Amérique assiste sans rien faire à la première invasion majeure d’un pays pacifique d’Europe depuis les temps de l’Allemagne nazie d’Hitler et de l’Union soviétique de Staline et ses successeurs. L’une des raisons est que, depuis cette époque, les nations pacifiques et relativement faibles ont toutes gardé l’espoir que si elles étaient attaquées par une nation plus forte, les Américains viendraient à leur secours.

L’Amérique aide l’Ukraine en lui fournissant des armes et en imposant des sanctions à son agresseur. Mais, alors que je regarde comment la paisible Ukraine se fait dévorer par la Russie agressive, je ne peux m’empêcher de penser qu’il semble que le mal triomphera – et entraînera davantage de mal sur Terre. Je n’ai jamais été d’accord avec l’expression « l’Amérique n’est pas le gendarme du monde ». Est-ce que le monde n’a vraiment pas besoin d’un gendarme ? Et si ce n’est pas l’Amérique, alors qui ? La Chine ? La Russie ? L’ONU ?

Si le garçon le plus fort de l’école, celui vers lequel les garçons et les filles les plus faibles se tournent pour la protection, décidait un jour de les observer plutôt que de les protéger alors qu’ils sont battus par la brute de l’école – même s’il y avait telle ou telle raison pour ne pas intervenir – ne serait-ce pas bien triste ? Et cela n’affecterait-il pas la manière dont le protecteur lui-même se voit ?

La plupart des Américains se voient comme des protecteurs des nations faibles contre les États voyous. C’est la première fois de notre vie que l’Amérique abandonne ce rôle.

N° 3 : Un comédien est le dirigeant politique le plus courageux du monde

De l’opinion générale des médias et des nations du monde entier, le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy est le dirigeant le plus courageux du monde actuel.

Pour beaucoup de gens, c’est d’autant plus remarquable que le parcours professionnel de Zelenskyy est celui d’un humoriste. La plupart des gens trouvent étonnant qu’un comédien se révèle être le dirigeant le plus inspirant du monde.

C’était, bien sûr, la raison pour laquelle tant de personnes ont rejeté Donald Trump lorsqu’il s’est présenté à l’élection présidentielle américaine de 2016 : « Il n’a aucune expérience politique, ce n’est qu’un riche promoteur immobilier. » Toutefois, à l’époque, ce promoteur immobilier s’est également avéré être le leader le plus courageux du monde. Les gens qui détestent Trump doivent au moins reconnaître son courage – tout comme ses partisans doivent reconnaître l’absence de filtre entre son cerveau et sa bouche.

C’était Trump qui a eu le courage d’exiger des alliés américains de l’OTAN de respecter leurs obligations en matière de dépenses militaires. Ironiquement, grâce à Poutine, les pays de l’OTAN commencent enfin de le faire aujourd’hui. C’était Trump qui a découvert un état profond de corruption dans presque toutes les principales institutions gouvernementales américaines. C’était Trump qui s’est attaqué aux grands médias, considérés par la moitié des Américains comme ne valant guère mieux que la Pravda, le journal soviétique (à l’époque, les Russes blaguaient que la Pravda – « vérité » en russe – ne contenait qu’une chose vraie : sa date de parution). C’était Trump qui a eu le courage de faire ce que tous les présidents et tous les congrès américains avaient demandé, mais n’avaient jamais fait : déplacer l’ambassade américaine en Israël vers sa capitale Jérusalem. Il l’a fait malgré l’opposition de presque tous les dirigeants mondiaux et de son propre département d’État. Si ce n’est pas du courage, qu’est-ce que c’est alors ?

Cela reste un fait que Poutine n’aurait pas envahi l’Ukraine alors que Trump était président. Poutine avait peur de Trump. En revanche, ni Poutine ni personne d’autre ne craint le président Joe Biden.

Il n’est donc pas du tout étonnant qu’un comédien soit le dirigeant le plus courageux du monde. Il est plutôt surprenant que les gens pensent encore qu’une carrière politique de toute une vie produit de bons dirigeants. Joe Biden est un politicien à vie et, comme l’a montré son comportement lors de la pandémie du Covid-19, il pourrait bien être le président le moins courageux de l’histoire américaine.

N° 4 : Les écologistes occidentaux ont rendu l’invasion possible

Il est très probable que les écologistes européens et américains ont rendu possible l’invasion russe en Ukraine. Sous Trump, l’Amérique est devenue indépendante sur le plan énergétique et a même pu approvisionner l’Europe en énergie. Cependant, le mouvement écologiste, qui domine presque tous les pays d’Europe occidentale et le Parti démocrate américain, a fait de la Russie le principal fournisseur de gaz naturel de l’Europe, et surtout de l’Allemagne – le pays économiquement le plus important du continent européen.

Le mouvement écologiste utilise le changement climatique pour atteindre ses principaux objectifs : défaire les fondements économiques de l’Occident, remodeler le mode de vie occidental, démanteler le capitalisme et son système de libre marché et transférer les richesses accumulées vers le tiers-monde. Ils poursuivront leurs objectifs à n’importe quel prix, qu’il s’agisse d’une inflation paralysante, de pannes d’électricité ou même du renforcement de la Russie et de la Chine.

Si vous croyez vraiment que le changement climatique représente une « menace existentielle » pour la vie humaine, alors il n’y a pas de prix trop élevé à payer pour éliminer l’énergie basée sur les combustibles fossiles. Et cela inclut le fait de donner du pouvoir et d’enrichir des hommes livrés au mal.

Dennis Prager est chroniqueur et animateur des émissions radio diffusées à grande échelle.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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