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Manœuvres chinoises : le président taïwanais promet de « protéger un Taïwan démocratique »

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Le Président taïwanais Lai Ching-te inspecte les troupes militaires de défense aérienne à Dacheng sur l'île de Penghu, le 6 septembre 2024.

Photo: WALID BERRAZEG/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 7 Min.

Le président taïwanais Lai Ching-te a promis lundi de « protéger un Taïwan démocratique », alors que la Chine effectue des manœuvres militaires à grande échelle.
« Face aux menaces extérieures, je voudrais assurer à mes compatriotes que le gouvernement continuera à défendre le système constitutionnel démocratique et libre, à protéger un Taïwan démocratique et à sauvegarder la sécurité nationale », a déclaré M. Lai dans un message publié sur Facebook.
Les États-Unis, qui avaient dès vendredi mis en garde contre toute « provocation » de Pékin à l’égard de Taipei après des échanges acrimonieux entre les deux voisins, ont dénoncé des opérations « injustifiées » qui représentent un « risque d’escalade ». Washington reconnaît Pékin au détriment de Taipei comme pouvoir légitime depuis 1979, mais reste l’allié le plus puissant de Taïwan et son principal fournisseur d’armes.
La Chine a qualifié ces nouveaux exercices de « sérieux avertissements » face aux « actions séparatistes des forces de ‘l’indépendance de Taïwan’ ». « Des chasseurs, des bombardiers » et d’autres avions d’attaque ont été déployés, ainsi que « plusieurs destroyers et frégates », a précisé la télévision publique chinoise CCTV.
Un « comportement irrationnel et provocateur » de Pékin
Le président taïwanais Lai Ching-te a convoqué une réunion de sécurité face à ces manœuvres qui entrent « en contradiction avec le droit » international, selon le chef de la sécurité Joseph Wu. Les exercices, baptisés Joint Sword-2024B, ont lieu « dans des zones au nord, au sud et à l’est de l’île de Taïwan », a expliqué le capitaine Li Xi. Ils « se concentrent sur des patrouilles de préparation au combat mer-air, le blocus de ports et zones clés » ou encore « l’assaut de cibles maritimes et terrestres », a-t-il ajouté.
Le ministère taïwanais de la Défense a condamné un « comportement irrationnel et provocateur » de Pékin, assurant avoir « déployé les forces adéquates pour réagir de manière appropriée dans le but de protéger la liberté et la démocratie, ainsi que pour défendre la souveraineté » de Taïwan. « Face à la menace ennemie, tous les officiers et soldats du pays sont prêts », a-t-il ajouté dans un communiqué.

Un avion de chasse Mirage 2000 de l’armée de l’air taïwanaise se prépare à atterrir sur une base aérienne à Hsinchu le 14 octobre 2024. (I-HWA CHENG/AFP via Getty Images)

L’armée taïwanaise en état « d’alerte renforcée »
Les îles taïwanaises en périphérie de l’île principale, comme Penghu, Kinmen et Matsu, situées pour ces deux dernières très près des côtes chinoises, ont été placées en état « d’alerte renforcée », a-t-il indiqué. Une équipe de l’AFP près de la base aérienne de Hsinchu, dans le nord de Taïwan, a vu quatre avions de chasse décoller lundi.
Les garde-côtes chinois ont de leur côté expliqué avoir engagé des « inspections du maintien de l’ordre dans les eaux entourant l’île de Taïwan ». Les garde-côtes taïwanais ont confirmé la présence de navires de leurs homologues chinois. « Plusieurs bateaux » ont traversé la ligne médiane du détroit de Taïwan, en référence à la ligne, non reconnue par Pékin, qui coupe en deux l’espace maritime entre l’île et la Chine continentale, ont-ils indiqué dans un communiqué.
La Chine a accentué la pression ces dernières années en renforçant son activité militaire autour de l’île. Elle a organisé trois séries de manœuvres de grande ampleur ces deux dernières années, faisant intervenir son aviation et sa marine pour encercler l’île. Dimanche, l’armée taïwanaise avait affirmé être « en état d’alerte » après avoir détecté le porte-avions chinois Liaoning au sud de l’île.
L’arrestation d’un ressortissant chinois après une possible « intrusion »
Les garde-côtes taïwanais ont annoncé lundi avoir procédé à l’arrestation d’un ressortissant chinois après une possible « intrusion » sur l’une des îles en périphérie de Taïwan, en pleines manœuvres militaires chinoises autour de l’île principale.
« Il n’est pas exclu que cette tentative clandestine à bord d’un petit bateau soit une intrusion dans une ‘zone grise’ liée à l’exercice militaire » chinois », ont déclaré les garde-côtes taïwanais dans un communiqué, en référence à ce concept de relations internationales désignant des manœuvres hostiles qui ne relèvent pas de la guerre ouverte.
Les relations entre Pékin et Taipei sont exécrables depuis 2016 et l’arrivée à la présidence taïwanaise de Tsai Ing-wen, puis de son successeur Lai Ching-te en 2024. Investi en mai, M. Lai s’était engagé jeudi à « résister à l’annexion » chinoise de l’île ou « à l’empiètement de (sa) souveraineté », lors de la fête nationale taïwanaise.
Indifférence croissante des habitants de Taipei
Pékin, qui qualifie M. Lai de « séparatiste », avait réagi en prévenant que les « provocations » du président taïwanais entraîneraient un « désastre » pour son peuple. Dans une vidéo publiée par un média d’État chinois, le lieutenant-colonel Fu Zhengnan, chercheur à l’Académie chinoise des sciences militaires, a affirmé que ces exercices pouvaient se « transformer en combat à tout moment ». « Si les séparatistes de Taïwan provoquent (la Chine) une fois », les troupes chinoises autour de l’île « passeront à l’action », a-t-il assuré.
« Je ne vais pas trop paniquer parce qu’ils font souvent des manœuvres », a réagi auprès de l’AFP Benjamin Hsiao, un habitant de Taipei. « J’y suis un peu insensible », a ajouté cet ingénieur. Les différends entre Pékin et Taipei remontent à la longue guerre civile qui a opposé les combattants communistes menés par Mao Tsé-toung aux forces nationalistes de Tchang Kaï-chek. Défaits par les communistes, qui ont fondé la République populaire de Chine le 1er octobre 1949, les nationalistes se sont réfugiés avec de nombreux civils à Taïwan, l’une des seules parties du territoire national alors non conquises par les forces de Mao Tsé-toung.