Des milliers de cours d’eau effacés des cartes préfectorales, favorisant l’épandage des pesticides

Par Léonard Plantain
18 janvier 2020 20:30 Mis à jour: 18 janvier 2020 20:30

En France, la loi interdit l’épandage de pesticides à proximité des cours d’eau. Ce qui protège humain, faune et flore d’une exposition trop grande aux pesticides. Mais dans plusieurs départements, il a été remarqué que de nombreux cours d’eau ont disparu des cartes préfectorales, permettant alors l’épandage de pesticides dans des zones qui ne sont pas censées l’être.

Dans les campagnes françaises, des milliers de cours d’eau ont été volontairement effacés des nouvelles cartes préfectorales. Cette disparition administrative viendrait des lobbys agricoles, qui auraient fait pression pour faire gommer certains cours d’eau de certaines cartes.

Le but ? Pouvoir répandre des pesticides plus facilement. En effet, de la même manière qu’il existe des zones de non-traitement aux pesticides à proximité des maisons, les cours d’eau sont eux aussi protégés, avec une interdiction d’épandage de quelques mètres autour d’eux. Si certains cours d’eau « n’existent plus », alors les contraintes sur l’épandage de pesticides dans certains zones n’existent plus également.

Ruisseaux, mares, étangs, petits points d’eau ou petits fossés, ce sont généralement des petits cours d’eau qu’on ne remarque pas toujours qui sont visés, et ce dans 45 départements. Cependant, chacun d’eux a une présence cruciale pour le réseau d’eau de leur zone concernée.

C’est le cas à Neuillé-le-Lierre à 25 km de Tours, où les fossés qui bordent les grands champs de blé jouent un rôle essentiel dans l’irrigation.

Damien Avril, de l’Association de défense de l’environnement SEPANT, a été interrogé à Europe 1 et a expliqué que « Désormais, il est possible d’appliquer des pesticides à moins d’un mètre de ces fossés. Et comme ils se jettent dans les rivières en aval, on va se retrouver avec des concentrations de pesticides largement au-delà des seuils autorisés. C’est à la fois un risque pour la consommation humaine de l’eau, mais aussi pour la biodiversité. »

En Indre-et-Loire, sur 7 400 km de cours d’eau et fossés répertoriés depuis toujours, 3 200 km ont été effacés, soit une disparition de 43 % du réseau d’eau du département. Plusieurs ONG de défense de l’environnement ont déposé des recours sur les 45 départements concernés.

Il y a 2 mois, l’association France nature environnement Auvergne-Rhône Alpes (FNE AuRA) avait communiqué sur la victoire obtenue auprès de la justice administrative, pour protéger les points d’eau de la pollution par les pesticides dans 6 départements :

« Le 19 novembre 2019, le juge administratif de Grenoble emboîte le pas sur la décision du juge de Lyon un mois plus tôt. Tous deux donnent unanimement raison à France nature environnement et enjoignent l’État à mieux protéger des pesticides les points d’eau des départements de l’Ain, l’Ardèche, la Loire, le Rhône, l’Isère et […] la Haute-Savoie. »

Pour Eric Feraille, Président de FNE AuRA, « le danger est là. Les rouleaux compresseurs des lobbys de l’agrochimie et de l’agriculture continuent leur’travail’ et montrent les crocs. Plus de 970 000 citoyens signent l’appel pour l’interdiction de tous les pesticides de synthèse. Des dizaines de maires prennent des arrêtés de protection par rapport aux pesticides… Messieurs les Préfets, n’est-il pas de votre devoir de nous protéger et de protéger nos milieux naturels ? Aujourd’hui, nous demandons des décisions fortes et s’il le faut, nous saisirons la justice pour inaction de l’État. »

Le combat continue.

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