Notre monde a besoin d’une nouvelle trêve de Noël

Par William Brooks
25 décembre 2021 11:09 Mis à jour: 25 décembre 2021 13:07

Au soir de Noël en 1914, la Grande Guerre durait depuis cinq mois déjà. Les troupes britanniques, canadiennes, françaises et allemandes s’affrontaient dans des combats meurtriers.

Mais ce jour sacré allait donner lieu à un événement incroyable. Pendant un bref moment, le tonnerre, les coups de feu, les explosions, tout fut interrompu par des chants de Noël. Des chants que des hommes adressaient à d’autres hommes du fond des tranchées. Dans un cessez-le-feu non officiel, les soldats des deux camps décidèrent de se rencontrer pour partager quelques gestes de paix et de bienveillance.

Les soldats allemands furent les premiers à s’approcher des lignes alliées en traversant le no man’s land. Ils criaient « Merry Christmas » ou « Joyeux Noël » dans la langue maternelle des troupes ennemies.

Les soldats alliés craignaient un guet-apens, mais voyant que les Allemands n’étaient pas armés, ils décidèrent de se montrer pour aller leur serrer la main.

Les historiens ont rapporté que ces hommes ont échangé de petits cadeaux comme des cigarettes ou du pudding et chanté des chants de Noël ensemble. Certains Allemands auraient entouré leurs tranchées de sapins. On rapporte un cas documenté de soldats opposés jouant une partie amicale de football. Un film français de 2005 intitulé Joyeux Noël, disponible sur YouTube, offre une restitution émouvante de cet événement.

Mais, d’après ce qui nous est parvenu, il n’y a plus jamais eu de trêve de Noël.

Entre la Première Guerre mondiale et la conclusion de la Seconde, l’humanité a connu 30 années brutales de conflits militaires et de révolutions violentes remarquablement cruelles.

La Grande Guerre a été suivie d’une pandémie meurtrière, de bouleversements politiques, de dictatures, de famines, de dépravation morale, de dépression économique, jusqu’à l’émergence, finalement, d’une nouvelle guerre mondiale, celle des génocides et armes de destruction massive sans précédent.

Lorsque la paix relative a été rétablie au cours du printemps et de l’été 1945, des millions d’hommes et de femmes avaient perdu leur foyer, leurs moyens de subsistance ou leur vie.

Après la célébration de la victoire des Alliés en Europe et dans le Pacifique, de nombreux chrétiens, juifs, musulmans et autres croyants se sont réjouis à l’idée de pouvoir reconstruire leurs vies dans une liberté de droit divin.

Malheureusement, la paix et la bienveillance tant attendues n’ont pas duré.

Soldats britanniques et allemands à Ploegsteert, en Belgique, le jour de Noël 1914. (Domaine public)

Un nouveau conflit

Le 5 mars 1946, moins d’un an après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’ancien Premier ministre britannique Sir Winston Churchill allait prononcer le célèbre discours de Fulton intitulé « Le nerf de la paix » et connu dans l’histoire comme le « discours du rideau de fer ».

M. Churchill déclarait : « De Stettin sur la Baltique à Trieste sur l’Adriatique, un rideau de fer est descendu à travers le continent. Derrière cette ligne se trouvent toutes les capitales des anciens États d’Europe centrale et orientale. Varsovie, Berlin, Prague, Vienne, Budapest, Belgrade, Bucarest et Sofia, toutes ces villes célèbres et les populations qui les entourent se trouvent désormais dans ce que je dois appeler la sphère soviétique, et sont toutes soumises, sous une forme ou sous une autre, non seulement à l’influence soviétique, mais aussi à un degré très élevé et, dans beaucoup de cas, à un degré croissant, au contrôle de Moscou. »

Mais l’« influence soviétique » marxiste et antichrétienne telle que décrite par Churchill n’a jamais été cantonnée à un rideau de fer lointain. Certes, il semble qu’elle ait bouleversé les cultures traditionnelles de territoires éloignés, mais c’est oublier que le marxisme est avant tout une hérésie occidentale.

Les profondes tranchées psychologiques

Au cours des 75 dernières années, c’est la culture du monde libre que le spectre du communisme et tous ses avatars idéologiques ont corrompu. En Occident, des forces politiques adverses ont élaboré un véritable dédale d’impasses pour l’esprit, un cloaque psychologique. De nouveaux murs idéologiques ont sans cesse fait grandir le labyrinthe, clivé les citoyens, atomisé les nations.

Les tranchées d’aujourd’hui sont plus que de simples fortifications temporaires séparant des troupes ennemies. Ce sont des séparations d’ordre philosophique extrêmement difficile à dépasser, communément décrites par les termes « gauche » et « droite ».

Les tranchées de gauche sont protégées par de nouvelles et puissantes armes d’influence. Leurs défenseurs comprennent des centaines de milliers d’universitaires socialistes, d’enseignants radicalisés, de journalistes, d’artistes, d’animateurs, de responsables politiques progressistes et de militants partisans déterminés à conquérir le cœur et l’esprit des citoyens, toujours prêts à exagérer pour gagner. Leur nombre augmente au fil des décennies.

Ainsi, les forces conservatrices se retirent toujours davantage, à contrecœur. Dans les pays anglophones, la « droite » célébrait récemment encore les victoires politiques de l’époque de Thatcher, Reagan, Harper et Trump, mais une force culturelle, post-moderne, fatale, a broyé la résistance.

Les rangs clairsemés de chrétiens, de juifs entre autres croyants, de patriotes, de travailleurs, d’agriculteurs, de militaires et de chefs d’entreprise indépendants sont piégés dans un État-providence qui privilégie les « preneurs » sur les « faiseurs ». Le marxisme occidental s’est révélé d’une efficacité redoutable pour bouleverser les modes de vie hérités de la nuit des temps et dissoudre les valeurs traditionnelles.

Jusqu’à présent, les guerres civiles ouvertes ont été évitées, mais les nations occidentales restent divisées quant aux fondements de la liberté, la démocratie, la religion.

Les camps opposés sont séparés par le « no man’s land » de la vie quotidienne ; toujours plus dangereux et difficile à traverser. La civilité est morte et nous sommes devenus des étrangers sur un champ de bataille idéologique permanent.

L’esprit de Noël

Il est intéressant de noter que l’initiative d’une trêve de Noël en 1914 est venue des soldats au plus bas niveau. Les historiens ont rapporté que les futures tentatives de cessez-le-feu ce jour-là ont été découragées par les menaces de mesures disciplinaires venant des hauts-gradés.

Néanmoins, ce geste bref mais poignant de 1914 constitue la preuve réconfortante que, sous l’affrontement brutal des camps opposés, une humanité indétrônable demeure parmi les enfants du Seigneur.

Noël, la fête de la foi, de l’amour, du pardon et de l’espoir plutôt que du ressentiment, du mépris, de la vengeance et de la peur, a réuni les ennemis du champ de bataille pour un bref aperçu de la paix à laquelle ils aspiraient tous. Grâce à leur foi, les antagonistes ont dépassé leurs craintes, placer leur confiance dans la providence.

Si même la Grande Guerre n’a pas réussi à détruire l’esprit de Noël, peut-être avons-nous des raisons d’espérer.

Joyeux Noël !

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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