Nantes : elle quitte son foyer pour échapper à son conjoint violent et se retrouve SDF avec ses trois enfants

Par Paul Tourège
29 mai 2020 13:31 Mis à jour: 29 mai 2020 13:31

Sans toit pérenne depuis le confinement, une mère de famille et ses trois enfants craignent de se retrouver à la rue après la fermeture des hébergements d’urgence ouverts dans le cadre de la crise sanitaire.

Âgée de 43 ans et mère de trois enfants, Ilonia – c’est le nom qu’elle utilise dans le cadre de son métier de tatoueuse – se retrouve à la rue après avoir fui son conjoint violent.

Il y a trois ans, la quadragénaire avait déjà dû quitter le père de ses trois enfants qui se montrait agressif. Après avoir atterri à Nantes, elle avait rencontré un nouveau compagnon avec qui elle avait emménagé dans une HLM.

Pendant le confinement, les relations du couple se sont pourtant dégradées et des tensions sont rapidement apparues.

« Lui, il travaillait de nuit. Moi, je m’occupais de tout à la maison. De mes enfants, de la sienne. On faisait l’école avec les programmes télé du matin. Quand il rentrait, il nous virait pour jouer sur l’écran », a expliqué Ilonia aux journalistes de Ouest-France.

D’une santé fragile – elle est en phase de rémission d’un cancer –, la quadragénaire finit par sortir de moins en moins de sa chambre pour échapper aux sautes d’humeur de son conjoint.

« Mais il s’en est pris à mon fils de 10 ans, qui est handicapé. Il y a eu des cris, que j’ai entendus. Et des marques sur le corps du petit, que j’ai vues », confie la mère de famille.

Le 5 avril, une énième altercation la pousse à partir : « Il avait mis de l’eau à bouillir pour faire cuire des pâtes. J’y avais jeté des nouilles. Il m’a hurlé dessus comme un fou parce qu’il voulait des spaghettis. C’était fou. Je savais que je devais partir, vite, avant que les choses empirent encore. »

Munie de deux petites valises, Ilonia quitte le logement en compagnie de ses filles de 16 et 7 ans et de son petit garçon de 10 ans. Elle contacte l’antenne locale de l’association Solidarité femmes et se retrouve hébergée en urgence dans un hôtel de Nantes réquisitionné par l’État pour y loger les personnes en difficulté.

« Les travailleurs sociaux m’ont tous dit de ne pas m’inquiéter, que je pouvais rester jusqu’à la fin du mois, au moins. Mais après ? Je suppose que les pouvoirs publics ne vont pas rejeter une mère avec trois enfants à la rue, mais si malgré tout ça arrivait ? J’en pleure, si souvent », souligne Ilonia.

La quadragénaire, qui n’a pas pu reprendre son travail du fait de la crise sanitaire, souhaite désormais entamer des démarches pour obtenir un logement social, mais elle ne parvient pas à récupérer ses papiers, restés au domicile de son ex-conjoint.

« Je voulais témoigner, parler, parce qu’on est nombreux dans ce cas, à ne pas très bien comprendre à quelles portes frapper. Et ce qu’on va devenir », poursuit la mère de famille.

Des démarches administratives compliquées

Du fait de la crise sanitaire liée au virus du Parti communiste chinois (PCC)*, connu sous le nom de nouveau coronavirus, de nombreux guichets administratifs sont en effet restés fermés, compliquant les démarches des demandeurs.

« Les guichets étant fermés, il fallait tout faire en ligne. Et cela alors même que dans les quartiers populaires, les familles sont souvent sous-équipées, voire pas équipées du tout, en ordinateur ou en box internet », observe Hervé Guéry, directeur du Compas, un bureau d’études nantais spécialisé dans l’observation sociale des territoires.

« Je n’ai pas d’ordinateur, seulement mon téléphone. Je dois fournir mon avis d’imposition pour faire les dossiers. C’est un exemple. Mais les impôts sont fermés, et mes papiers sont chez mon ex. Tout est bloqué pour l’instant », abonde Ilonia.

« Effectivement, nous aussi, à Solidarité femmes, nous avons été confrontés à la fermeture de tous les guichets ces dernières semaines. Ça été compliqué, même s’il y a globalement une volonté de tous les acteurs qui accompagnent les plus précaires, à Nantes, pour trouver des solutions. Mais oui, pour les personnes que l’on suit, le numérique est souvent un problème. Matériel qui manque, connexion, et aussi problème de langue. Il a fallu vraiment aider les femmes pendant le confinement, même s’il faut bien dire que c’est notre travail quotidien, toute l’année », renchérit Emmanuelle Beauchêne, responsable de l’association Solidarité femmes en Loire-Atlantique.

Concernant les hébergements d’urgence ouverts pendant la crise sanitaire, la préfecture de Loire-Atlantique assure que le dispositif sera maintenu jusqu’au 10 juillet, date à laquelle la fin de la trêve hivernale a été repoussée.

Services de l’État, collectivités territoriales, associations spécialisées et bailleurs sociaux travaillent ensemble sur un plan commun destiné à accompagner les personnes qui sortiront du dispositif d’hébergement d’urgence après le 10 juillet afin de leur proposer des pistes alternatives d’accès au logement.

 

* Epoch Times désigne le nouveau coronavirus, responsable de la maladie du Covid-19, comme le «  virus du PCC  » car la dissimulation et la mauvaise gestion du Parti communiste chinois (PCC) ont permis au virus de se propager dans toute la Chine et de créer une pandémie mondiale.

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