New York se détruit elle-même

Par Jeffrey A. Tucker
11 septembre 2023 04:32 Mis à jour: 11 septembre 2023 04:32

Il est pénible de voir ce que sont devenus les grandes villes américaines dans leur ensemble. Déjà, avant même la mise en place des confinements et des fermetures obligatoires, la criminalité était exponentielle, la vie était chère, les réglementations excessives, les impôts élevés, les infrastructures délabrées et le niveau d’éducation en chute libre.

On sait tous que la fermeture de petites entreprises, les obligations de vaccination, le masque obligatoire et tout ce qui avait trait au Covid ont poussé les gens hors des villes ou vers tout ce qui ressemblait à des endroits que les Démocrates ne contrôlent pas. San Francisco, Boston, Seattle et New York étaient déjà en mauvaise posture, mais voici qu’éclate la crise des migrants. Les « villes sanctuaires » et protectrices des sans-papiers, comme ils aiment à se décrire, sont aujourd’hui parmi les endroits les moins sûrs du monde.

La crise est tellement criante qu’un seul passage dans une de ces villes suffit pour voir l’ampleur de la situation. On s’attendrait à ce que les politiques sur place rivalisent d’imagination pour faire repartir les petites entreprises, réduire les coûts, enrayer le crime, faire revenir les habitants et les capitaux, créer les meilleures conditions possibles d’un renouveau. Mais aussi rationnel que tout cela puisse paraître, c’est malheureusement exactement l’inverse qui se passe.

Par exemple, l’information est tombée que New York allait bloquer Airbnb. Non seulement la mesure peine à convaincre mais elle va surtout nuire au tourisme et à tous ceux qui cherchent à se faire un peu d’argent en louant leurs espaces vacants, et ainsi espérer pouvoir espérer payer leur propre loyer.

Soyons clairs : il ne s’agit pas d’une interdiction pure et simple, mais de la mise en place d’une réglementation tellement stricte que ce type de logement est voué à disparaître.

Comme l’a rapporté Epoch Times précédemment :

« La loi locale 18 – adoptée à New York en 2022 – comprend plusieurs règles qui pourraient éliminer l’attrait du séjour en appartement :

Les locations à court terme ne peuvent accueillir plus de deux hôtes payants à la fois, quelle que soit la taille de la propriété ou le nombre de chambres.

Les hôtes doivent être physiquement présents lorsque leur propriété est louée.

Les hôtes et les visiteurs doivent laisser les portes intérieures de la location déverrouillées, et ainsi permettre aux occupants d’accéder à l’ensemble de l’unité.

« La nouvelle loi exige que les hôtes de location enregistrent leur logement auprès de la ville pour obtenir une licence d’hébergement sur Airbnb. Elle interdit également aux plateformes de réservation comme Airbnb de traiter des transactions pour des logements qui ne sont pas enregistrés ».

Airbnb dénonce ce qu’ils estiment être une interdiction de facto.

En outre, cette mesure va faire grimper le prix des hôtels et rendre les séjours de longue durée quasiment impossibles. De plus, les gens dépenseront moins d’argent sur Broadway, pourtant déjà en difficulté, ou dans les restaurants, qui sont eux-aussi à la peine dans cet environnement peu reluisant.

Mais pourquoi ne pas simplement faire comme ils demandent et enregistrer votre logement ? Comme le dit l’internaute Zerohedge sur la toile : « Pour ceux qui espèrent suivre et respecter le cadre réglementaire, bonne chance : au 28 août, le Bureau de l’application spéciale de la ville de New York a reçu plus de 3250 demandes d’inscription de locations à court terme. Il a examiné 808 demandes, accordé 257 certificats, en a rejeté 72 et en a renvoyé 479 pour complément d’information ou corrections, selon le Washington Post ».

Plus loin : « L’OSE [l’administration du logement de la ville] tient également à jour une liste des bâtiments interdits, sur laquelle figurent les logements qui ne peuvent pas être loués à court terme en raison de conditions de bail ou de réglementation des loyers. Les pénalités peuvent aller de 100 à 1000 dollars pour la première infraction. Les clients ne seront pas sanctionnés. »

Pourquoi Airbnb ne poursuit-elle pas la ville en justice ? Ils ont essayé mais le juge a rejeté leur plainte.

Tout cela semble bien étrange, me direz-vous ? En effet, personne n’oserait dire que ce dont la ville de New York a besoin en ce moment, c’est de nettement moins de logements abordables pour les visiteurs. Comment se fait-il qu’une législation aussi épouvantable soit adoptée maintenant ?

La réponse est en suspens, mais il se peut que le lobby hôtelier y soit pour beaucoup, car réduire le nombre d’unités disponibles permettra de faire grimper leurs prix. Et dieu sait qu’ils ont besoin de ces revenus complémentaires compte tenu des coûts élevés de la main-d’œuvre et de tous les autres coûts.

Voyons donc ce qu’il en est.

Sur Airbnb, pour Manhattan, seules quelques annonces ont survécu, et toutes sont entre 300 et 400 dollars la nuit. Rien que ça. Mais dès 2024, Airbnb sera contraint de retirer toutes les annonces qui ne sont pas validées par un logo spécial, et donc les prix des locations grimperont encore d’avantage. Quants aux hôtels, en ce moment, ils coûtent entre 500 et 1000 dollars, mais bien-sûr dans certains cas, il est possible de payer jusqu’à 10.000 dollars par nuit, tant qu’on en a les moyens et que l’on aime dépenser sans compter.

Une personne normale peut-elle envisager une telle offre ? Absolument pas. Et pour ne rien arranger, Broadway est toujours en difficulté, le Lincoln Center annule des concerts par manque d’intérêt, et les visites au Metropolitan Museum of Art ne représentent plus que la moitié de ce qu’elles étaient avant les confinements.

Dans le même temps, à Miami, on trouve des hôtels à 50-100 dollars et des hôtels exceptionnels à 200 dollars la nuit, pour ceux qui aiment le luxe. Il en va de même pour d’autres villes américaines, comme Dallas et Houston. Charlottesville, en Caroline du Sud, est plus chère, mais on y trouve toujours un endroit exceptionnel pour moins de 300 dollars, ainsi que de nombreux Airbnbs pour beaucoup moins cher.

Manhattan et ses environs ont développé la particularité qu’ils interdisent aux gens d’utiliser leur propre propriété pour louer une chambre, sauf situations extrêmement inhabituelles.

On se demande vraiment comment le législateur peut arriver à faire exactement le contraire de ce qui permet à une ville de rebondir. Interdire aux gens de louer de l’espace dans leur propre maison va inévitablement faire baisser la valeur des propriétés et pousser de plus en plus de gens à quitter la ville. Ne savent-ils pas cela ? Bien-sûr qu’ils le savent. Il doit y avoir une sorte d’arrangement en sous-main.

Enfin, il y a un problème encore plus profond, et qui remonte à l’université elle-même. Car la plupart de ces villes ont leur propre forme d’État profond. Elles ont des urbanistes qui restent en place quel que soit le maire, et des commissions de zonage et une pléthore de bureaucrates embauchés uniquement en raison de leurs liens avec certaines universités. Tous les cours d’urbanisme de l’Ivy League sont axés non pas sur la libre entreprise et la croissance économique, mais sur la mise en place de réglementations toujours plus contraignantes.

Ces personnes occupent tous les postes les plus élevés des administrations du pays. Par conséquent, le renforcement de la liberté n’est jamais pour eux la solution à quoi que ce soit. Il s’agit toujours d’adopter davantage de restrictions à l’encontre des propriétaires. Cette situation perdure depuis plusieurs décennies. Même face au déclin massif auquel ils sont confrontés, ils ne parviennent pas à se défaire de leur mentalité restrictionniste et réglementaire.

Il est déjà assez difficile de rester les bras croisés face au déclin urbain qui nous entoure, mais il est tout aussi insensé d’aggraver la situation et de faire des choses absurdes et destructrices comme interdire Airbnb.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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