Normalisation Maroc-Israël: la pâtisserie kasher de Casablanca en effervescence

Par Epoch Times avec AFP
12 décembre 2020 13:40 Mis à jour: 12 décembre 2020 13:46

C’est l’effervescence dans la boulangerie « Madame Fhal », célèbre à Casablanca pour ses pâtisseries kasher, et la récente annonce de la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël anime les discussions.

« Tout le monde en parle, que ce soit nos clients juifs, qui représentent la moitié de notre clientèle, ou musulmans », affirme Kevin Fhal, 36 ans, petit-fils de la fondatrice de cette institution, en plein rush du vendredi.

Communauté juive du Maroc en joie

« Depuis la normalisation (avec Israël) annoncée par les Emirats arabes unis et le Bahreïn, c’était obligé qu’on soit sur la liste. Et finalement, c’est venu plus tôt que prévu », constate le commerçant qui attend avec impatience l’ouverture des liaisons aériennes directes vers Israël prévues par l’accord officialisé jeudi.

Après l’annonce, « toute la communauté juive du Maroc était en joie. C’est un geste très fort et très courageux de la part du roi Mohammed VI », lance une cliente quadragénaire venue chercher quelques Hallah, pain consommé durant le shabbat.

-Un juif marocain remplit des sacs de pâtisseries pour servir les clients de la boulangerie casher « Madame Fhal » dans la ville portuaire marocaine occidentale de Casablanca, le 11 décembre 2020. Photo Fadel Senna /AFP via Getty Images.

Cette Casablancaise qui préfère ne pas donner son nom estime que la décision « aura un impact positif sur les Marocains en général, pas que sur les juifs ». Mais elle s’inquiète depuis qu’elle a « fait un tour sur les réseaux sociaux » où les commentaires de certains, « probablement musulmans », l’ont « refroidie ».

On travaille ensemble dans le plus grand respect

« J’ai peur que des manifestations éclatent, qu’un clivage se crée entre les communautés, que les malentendus prennent le pas », confie-t-elle.

« Nous avons des relations très cordiales depuis fort longtemps. On n’a jamais eu de problèmes. On travaille ensemble dans le plus grand respect », tempère une des employées de la boulangerie, âgée d’une soixantaine d’années.

À la charcuterie « Amsellem », une autre institution culinaire du centre de Casablanca, dans le quartier qui abrite les derniers commerces juifs, le patron se dit lui aussi « très heureux » de l’évolution des relations entre son pays et Israël.

-Une femme juive marocaine achète des pâtisseries à la boulangerie casher « Madame Khal » dans la ville portuaire de Casablanca, à l’ouest du Maroc, le 11 décembre 2020. Photo Fadel Senna /AFP via Getty Images.

Jacques Bitton « n’arrête pas de recevoir des appels de Marocains, juifs et musulmans, tous satisfaits de cette décision ». « J’ai de la famille en Israël, un cousin germain est dans le gouvernement. J’ai parlé avec lui, il était fou de joie », dit ce sexagénaire.

Liens très forts avec le royaume

En Israël, les quelques 700.000 juifs d’origine marocaine, ont souvent gardé des liens très forts avec le royaume, son dialecte darija, ses traditions culinaires et musicales.

La plupart sont partis en famille au début des années 50, après la création de l’Etat hébreu. A l’époque, le Maroc accueillait la plus importante communauté juive d’Afrique du Nord, de 250.000 à 300.000 âmes, selon les estimations. Il en resterait moins de 3.000 aujourd’hui.

-Des membres de la communauté juive marocaine achètent des pâtisseries à la boulangerie casher. Photo Fadel Senna /AFP via Getty Images.

« Qu’on nous permette à nous, juifs qui somme nés là-bas ou à nos enfants et nos petits-enfants de retourner sur cette terre où nos ancêtres ont vécu plus de 2.000 ans, c’est immense, c’est un grand jour », commente Avraham Avizemer, joint par téléphone à Cesarée, une petite ville de la côte israélienne.

Originaire de Casablanca, ce septuagénaire entreprenant importe des produits marocains, propose des voyages organisés, écrit des livres sur les juifs marocains et a déjà visité « 401 fois » son pays natal que sa famille a quitté quand il avait trois ans.

« Il va y avoir des vols directs »

Lui aussi dit avoir « reçu plein de messages en arabe d’amis marocains qui disaient +mabrouk+ » (félicitations) depuis l’annonce de l’accord de normalisation.

-Des membres de la communauté juive marocaine attendent leur tour à la boulangerie casher.  Photo Fadel Senna /AFP via Getty Images.

« Il va y avoir des vols directs, plus besoin de passer par Istanbul, Rome, Paris, Madrid ou Amsterdam pour aller au Maroc, on gagne du temps. Et aussi de l’argent », jubile-t-il.

Actuellement, entre 50.000 et 70.000 juifs d’origine marocaine, la plupart en provenance de l’Etat hébreu partent chaque année au Maroc, en visite touristique, en pèlerinage ou pour des fêtes religieuses.

« Les relations entre le Maroc et Israël avaient lieu dans les coulisses. C’était une sorte d’amour interdit, officialisé aujourd’hui », estime Fanny Mergui, ancienne cheville ouvrière de la jeunesse sioniste dans les années 60.

Cette juive marocaine qui se présente comme une « militante pour la paix israélo-palestinienne » regrette cependant que « les Palestiniens n’aient pas été impliqués dans ce processus ». 

Élections américaines – Pompeo : le PCC empoisonne les écoles

Le saviez-vous ?

Epoch Times est un média indépendant, différent des autres organisations médiatiques. Nous ne sommes influencés par aucun gouvernement, entreprise ou parti politique. Notre objectif est d’apporter à nos lecteurs des informations factuelles et précises, en étant responsables envers notre lectorat. Nous n’avons d’autre intention que celle d’informer nos lecteurs et de les laisser se faire leur propre opinion, en utilisant comme ligne directrice les principes de vérité et de tradition.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.