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Nucléaire : la Belgique renonce officiellement à tourner la page

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La centrale nucléaire belge de Doel.

Photo: EMMANUEL DUNAND/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

La Belgique a acté jeudi son renoncement à sortir du nucléaire par un vote des députés abrogeant une loi emblématique de 2003, conformément à l’engagement du gouvernement dirigé par le conservateur flamand Bart De Wever.
Concrètement, le nouveau texte, voté à une large majorité, supprime toute référence à une sortie de l’atome en 2025, ainsi que l’interdiction qui était faite à la Belgique de construire de nouvelles capacités de production nucléaire.
Il offre la possibilité d’étendre la durée de vie d’autres réacteurs, au-delà des deux déjà prolongés pour dix ans -jusqu’en 2035 – après un accord conclu en 2023 entre l’État belge et l’exploitant du parc nucléaire, le groupe français Engie.
« Deux décennies de blocages et d’hésitations »
« Le Parlement fédéral vient de tourner la page de deux décennies de blocages et d’hésitations pour ouvrir la voie à un modèle énergétique réaliste et résilient », a salué le ministre belge de l’Énergie Mathieu Bihet. En entrant en fonction, il y a trois mois et demi, le nouveau gouvernement a dit tabler sur « une part d’énergie nucléaire de 4 gigawatts (GW) », ce qui correspond à la capacité de quatre réacteurs.
L’accord de coalition entre cinq partis évoque l’intention, à court terme, de « prolonger la capacité existante » mais aussi, à long terme, d’investir dans de nouveaux réacteurs.
Le nucléaire compte pour environ 42% de l’électricité produite en Belgique et la coalition De Wever souhaite qu’il conserve ce rôle de pilier. Reste désormais à convaincre l’actuel exploitant d’accompagner cet objectif. « Engie reste le propriétaire et l’opérateur des réacteurs, il faudra ouvrir un dialogue avec eux pour connaître leurs intentions », a déclaré Mathieu Bihet.

Le ministre belge de l’Énergie Mathieu Bihet lors d’une séance plénière de la Chambre du Parlement fédéral à Bruxelles, le 06 février 2025. (JONAS ROOSENS/BELGA MAG/AFP via Getty Images)

Sollicité par l’AFP, le groupe Engie a assuré œuvrer à la prolongation des deux réacteurs (Doel 4 et Tihange 3) concernés par l’accord de 2023 avec le précédent gouvernement. Mais « le nucléaire ne fait plus partie de la stratégie du groupe Engie », a ajouté un porte-parole.
Certains réacteurs « ne répondent plus aux normes de sûreté »
La Belgique a bénéficié pendant des décennies de l’énergie de sept réacteurs exploités par Électrabel, filiale d’Engie.
Réparti entre Doel, près d’Anvers (nord), et Tihange, dans la région de Liège (est), ce parc était censé être mis complètement à l’arrêt au plus tard fin 2025, d’après la loi votée en 2003 lors de la première participation des Verts au gouvernement fédéral.
Trois des sept réacteurs ont déjà été déconnectés du réseau depuis 2022, et deux autres doivent l’être à l’automne prochain, selon le programme de mise à l’arrêt actuellement en vigueur. « C’est une opération de communication qui ne changera strictement rien », a dénoncé Samuel Cogolati, co-président du parti Ecolo.
Il a souligné que Doel 4 et Tihange 3 sont « les seuls réacteurs » susceptibles d’être prolongés, car les autres « ne répondent plus aux normes de sûreté ».
Quitte à renoncer à un marqueur écologiste important, la coalition dirigée par Alexander De Croo (2020-2024) avait décidé de poursuivre l’exploitation de Doel 4 et Tihange 3 au-delà de 2025 en disant craindre pour l’approvisionnement du pays en électricité.