Paris : l’unique atelier-musée de l’éventail, patrimoine français menacé d’expulsion

Par Epoch Times avec AFP
7 mars 2021 08:31 Mis à jour: 2 avril 2021 18:30

Inscrit en 2020 au Patrimoine Culturel immatériel en France, l’atelier-musée de l’éventail aux collections uniques est en péril.

Située au 2 boulevard de Strasbourg dans le 10e arrondissement à Paris, l’entreprise d’Anne Hoguet, éventailliste et Maître d’art « Entreprise du Patrimoine Vivant » se trouve aujourd’hui au bord du gouffre. Avec la crise sanitaire en coup de grâce, l’unique atelier-musée français de l’éventail, dont le niveau muséal a été reconnu par plusieurs classements, est sous la menace d’une expulsion et de saisie des biens. Débiteur d’une dette de 117 000 euros d’arriérés de loyers, l’atelier-musée se trouve dans l’obligation de solder le 22 mars prochain ce qu’il doit à son propriétaire.

Contactée par Epoch Times, Mme Hoguet nous explique que le musée, qui avait été « géré par une association jusqu’en 2016, s’était endettée vis-à-vis » d’elle « par rapport aux loyers, puisque normalement il y avait une convention qui faisait que cette association devait en payer la moitié du loyer » et c’est à cause de cette dernière « qui n’honorait pas ses échéances », que l’éventailliste s’est « endettée auprès du bailleur ».

Des procédures vont durer 4 ans. « Une première procédure pour le paiement des loyers et pour l’expulsion, puis une seconde pour réévaluer le bail », commente Anne Hoguet.

« Danse des deux Amours », corne blonde reperçage. (Photo : atelier-musée de l’éventail, Paris)

 

« 117 000 euros à payer pour le 22 mars »

Le couperet tombe juste avant Noël pour l’atelier-musée. « Le 23 décembre, j’ai eu un commandement à payer. J’ai prévenu la mairie de Paris qui est propriétaire de l’immeuble et a donné la gérance à une société d’économie mixte qui est un bailleur social. La mairie a réussi à stopper ce commandement qui n’était que ‘provisoire’ car je viens d’en recevoir un deuxième qui m’enjoint à régler 117 000 euros pour le 22 mars », déplore Anne Hoguet à notre média.

« Un bailleur intransigeant »

Pour Mme Hoguet, « la mairie de Paris aurait pu faire des discussions avaient été engagées depuis trois ans sans qu’une solution ne soit fournie. Il a fallu ce commandement à payer pour que la mairie agisse, tout au moins stopper le premier commandement, et le deuxième malheureusement, la mairie nous a répondu que le bailleur n’épongera pas la dette. ‘C’est un bailleur intransigeant' », précise-t-elle.

« C’est ahurissant ! », s’insurge Anne Hoguet. « Cela fait des années que j’écris à tout le monde, on m’écoute, on me reçoit toujours très bien, mais ça ne va jamais au-delà. Il faudrait faire des relances sans arrêt et qu’une personne  ne fasse que ça », souligne-t-elle à Epoch Times.

 » Andromaque présentée a pyrrhos 1750″, Ivoire, haut de brins en bois, papier peinture. (Photo : atelier-musée de l’éventail, Paris)

Une collection de 2500 éventails

Âgée de 75 ans, la maître d’art est brisée par la perspective de la dispersion d’une collection familiale de quelque 2500 éventails depuis le 16e siècle. La disparition de ce patrimoine lui fend le cœur.

« C’est mon arrière-grand-père qui a créé l’entreprise en 1879. Mon père a racheté en 1960 le dernier atelier parisien d’éventails. J’ai hérité de ce patrimoine familial auquel j’ai consacré ma vie. Tout en continuant la production, j’ai ouvert le musée il y a près de trente ans. J’ai proposé à la ville d’en faire un musée municipal, mais cela n’a pas été possible », indique-t-elle à l’AFP.

Une cagnotte de la dernière chance pour sauver l’unique atelier-musée de l’éventail a été lancée « ici » sur Leetchi, elle a déjà atteint 46 725 euros. Une pétition est également en ligne « ici » .

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