Le Premier ministre définit les objectifs de la Chine : une croissance économique modérée et une forte augmentation des dépenses militaires

9 mars 2018 04:08 Mis à jour: 9 mars 2018 04:08

Le 5 mars, au début des réunions de l’Assemblée nationale populaire – la législature fantoche du régime chinois qui fait office de parlement-tampon – le Premier ministre Li Keqiang a présenté un « rapport de travail » annuel qui met en lumière les objectifs économiques et militaires de la Chine.

Dans son discours prononcé lors de la séance d’ouverture de l’Assemblée, Li Keqiang a mis l’accent sur une croissance économique stable, la nécessité de lutter contre le chômage et le renforcement de l’armée chinoise. Voici quelques points principaux de son discours :

L’économie

Li Keqiang a annoncé que l’objectif du régime est de maintenir la croissance de l’économie chinoise à 6,5 % en 2018, le même taux qui avait été prévu pour l’année dernière.

Ce chiffre n’a pas changé même si l’économie chinoise a effectivement progressé de 6,9 % l’an dernier, dépassant ainsi l’objectif établi. Cela montre que le régime chinois souhaite rester prudent et réduire les risques financiers. L’année dernière, Li Keqiang avait mentionné le même chiffre dans un de ses discours, ajoutant que « dans le travail réel, [nous] viserons un résultat encore meilleur ». L’absence de cette phrase dans le dernier rapport de Li Keqiang indique que le régime chinois n’est pas sûr de pouvoir obtenir un meilleur résultat.

Un investisseur surveille les cours des actions sur les écrans d’une société d’investissement à Pékin, le 22 mars 2016. (Fred Dufour/AFP/Getty Images)

Les économistes prédisaient que l’économie chinoise perdrait de son élan cette année, alors que le régime cherche à contenir l’accumulation de la dette des entreprises. En outre, les mesures de la lutte contre la pollution et un marché immobilier en ralentissement pèsent sur le secteur manufacturier chinois.

L’armée

Lors de la séance d’ouverture de l’Assemblée, le ministère chinois des Finances a également dévoilé un rapport annonçant que le régime chinois prévoyait d’accroître ses dépenses militaires de 8,1 % en 2018 – augmentant ainsi son budget de défense à 1107 milliards de yuans (environ 145 milliards d’euros). C’est la plus forte hausse des trois dernières années.

Le budget de la défense de la Chine arrive juste derrière celui des États-Unis. Avec 686 milliards de dollars (environ 554 milliards d’euros) pour l’année fiscale 2018-2019, les États-Unis ont le plus important budget militaire du monde. Cependant, la Chine dépasse largement les autres pays. Selon un récent rapport de l’Institut international d’études stratégiques, l’Arabie saoudite se classe troisième avec 76,7 milliards de dollars (61,2 milliards d’euros), suivie de la Russie – 61,2 milliards de dollars (49,5 milliards d’euros) et de l’Inde – 52,5 milliards de dollars (42,4 milliards d’euros).

Les soldats chinois sur les chars devant la place Tiananmen et la Cité Interdite lors d’un défilé militaire à Pékin, le 3 septembre 2015. (Kevin Frayer/Getty Images)

Le 6 mars, lors d’une conférence de presse à Tokyo, l’amiral Scott Swift, commandant de la Flotte pacifique américaine, a déclaré que le budget militaire chinois manquait de transparence et « qu’on ne comprend pas clairement les intentions » de la Chine. Le régime chinois ne donne pas de détails de son budget.

Les voisins asiatiques de la Chine ont également exprimé leur inquiétude. Yoshihide Suga, Secrétaire général du Cabinet du Japon, a déclaré lors d’un point de presse : « Nous aimerions que la Chine soit plus transparente sur sa politique de défense, y compris les dépenses et la direction de sa puissance militaire. »

Les analystes constatent que les autorités chinoises sous-estiment souvent leurs chiffres budgétaires. Bruce Lui, maître de conférences au département de journalisme de l’Université baptiste de Hong Kong, a expliqué à Radio Free Asia (RFA) que certaines dépenses, telles que la recherche technologique militaire, ne sont pas comptabilisées dans le budget de la défense, mais présentées comme les dépenses sur la « science et technologie ».

En même temps, le ministère des Finances a également révélé les chiffres du budget 2018 sur les « dépenses de la sécurité publique » – un euphémisme pour les mesures visant à réprimer la dissidence et allant de la censure aux arrestations de personnes civiles. Ce chiffre a augmenté de 5,5 % par rapport à l’année précédente, atteignant le niveau de 191,91 milliards de yuans (25 milliards d’euros). Bruce Lui a précisé à RFA que les chiffres réels sont probablement plus élevés, car les chiffres officiels n’incluent pas les dépenses des gouvernements locaux. Si ces dépenses étaient incluses, M. Lui estime qu’ils totaliseraient plus de 1000 milliards de yuans (130 milliards d’euros).

Une telle augmentation suggère également que le régime chinois a des plans pour éliminer davantage la dissidence et ce qu’il perçoit comme menace à la légitimité de son règne. Dans le même reportage de RFA, un pétitionnaire chinois – un citoyen qui demande justice aux autorités centrales chinoises – s’est inquiété du fait que l’augmentation de ces dépenses budgétaires entraînerait plus d’arrestations de pétitionnaires. « À Pékin, peu importe où vous êtes, [les autorités] vont vous attraper et vous renvoyer chez vous », a expliqué ce pétitionnaire.

Le pouvoir de Xi Jinping

Simon Rabinovitch, le journaliste du magazine The Economist, a constaté que le discours de Li Keqiang contient un nombre anormalement élevé de références au chef du Parti Xi Jinping : 15 fois, contre 9 fois dans le même discours de 2017 et 6 fois dans celui de 2016.

En mars 2017, Radio France Internationale a analysé les « rapports de travail » d’anciennes Assemblées nationales populaires pour constater que seuls deux autres chefs du Parti avaient été mentionnés plus de 10 fois : Mao Zedong en 1975 (17 fois) et Deng Xiaoping en 1997 (11 fois). Une telle augmentation de références à Xi Jinping est considérée comme l’indication d’une très forte position de pouvoir qu’il a réussie à obtenir au sein du Parti communiste chinois.

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