Puy-de-Dôme : la destruction de la source d’eau chaude Croizat indigne Auvergnats et Creusois

Par Nathalie Dieul
22 avril 2021 01:06 Mis à jour: 22 avril 2021 18:31

Un lieu enchanteur dans la forêt, en bord de rivière, avec des bassins d’eau chaude thermale, et le tout accessible gratuitement : c’était la source Croizat, dans le Puy-de-Dôme. Elle a été détruite il y a deux semaines sur décision de la mairie de La Bourboule à cause des incivilités, au grand désespoir des habitués.

« Il y avait des gens qui adoraient se baigner dans une eau à 39 °C, dans un espace complètement naturel et gratuitement », remarque sur France 3 Rémi Carruttys, créateur du groupe Facebook Sauvons la source de Croizat, qui compte quelque 3 400 membres désolés par la destruction du site.

« C’était la seule source chaude où l’on pouvait se baigner dans le centre de la France. Il n’y en a que six dans le pays. Maintenant la plus proche est dans les Pyrénées », s’indigne auprès de France Bleu Frank Martin, un habitué venant de la Chapelle-Baloue (Creuse).

C’est la mairie de La Bourboule qui a fait procéder à la démolition des bassins, afin de « respecter les instructions extrêmement précises de l’État, qui depuis 2015, durcissait le ton. Il fallait empêcher la baignade, celle-ci est interdite depuis 2016, mais ce n’était pas respecté ». Victime de son succès depuis la construction d’aménagements touristiques, la source Croizat avait attiré de plus en plus de monde, entre autres depuis qu’elle disposait d’une page Tripadvisor.

« Cette solution me désole, mais c’était la seule », assure François Constantin, le maire de La Bourboule, dans une vidéo publiée par La Montagne.

Il ne reste maintenant plus aucun des bassins construits par les usagers dans les années 1960. La source a été en partie bouchée et seul un tuyau de plastique laisse échapper un mince filet d’eau thermale, dont la température a baissé à 25 °C. Dans une pétition réclamant la restauration de la source, signée par plus de 12 000 personnes, on apprend que M. Croizat avait donné le lieu à la commune de La Bourboule pour la somme d’un euro symbolique, « afin que la population puisse continuer de profiter des ses vertus gracieusement ».

Le maire de La Bourboule se dit consterné par le fait que « le bassin [ait] été construit avec des pierres de la rivière et du ciment par les usagers qui se sont approprié le site. Deux autres bassins ont été construits dans le lit de la rivière, dans une zone Natura 2 000 où il y a des loutres ».

« Est-ce que ça valait vraiment le coup de tout casser alors qu’on aurait très bien pu garder cet endroit et puis l’aménager avec de belles vasques en pierre ? » interroge Pascal Marcilloux, conseiller municipal d’opposition, qui est certain « qu’il y a un super projet à faire ».

La surfréquentation du site – 25 000 passages enregistrés l’été dernier – a entraîné des incivilités répertoriées dans des commentaires sur Tripadvisor : « Lieu sale (mégots de cigarettes, bouteilles, capsules, mouchoirs sales, excréments…), bondé, fréquenté par des gens grossiers et irrespectueux… » ou encore « à éviter, sale, polluée et gens bizarres ]…]. Les gendarmes surveillent et vous sortent, car la baignade y est interdite. »

De son côté, le maire François Constantin parle aussi de la délinquance qui a augmenté. « Entre 2018 et 2020, il y a eu, enregistrées par les gendarmes, 22 procédures », explique-t-il, évoquant une agression sexuelle, des problèmes de stupéfiants et des vols dans les voitures dans le parking.

« Il y a des solutions, consultez la population » : ceux qui veulent sauver la source Croizat suggèrent aux élus de s’inspirer de la source Lefort, située à Châteauneuf-les-Bains (Puy-de-Dôme), dont l’eau sort à 35 °C pour se déverser « dans un grand bassin aménagé dont l’accès est gratuit et ouvert à tous ».

« Les suites de cette affaire (car ça commence à devenir un affaire) sera certainement la création d’une association de défense et réhabilitation (ou reconstruction) de la source Croizat », propose l’un des administrateurs du groupe Facebook. À en croire l’indignation grandissante sur les réseaux sociaux, on n’a pas fini d’entendre parler de la source Croizat.

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