Questions de modernité

28 octobre 2015 09:00 Mis à jour: 24 février 2016 19:37

Nous connaissons dans nos pensées, dans notre vision du monde, par notre technologie, des mutations accélérées, une sorte de mouvement d’accélération permanente amorcé avec la Révolution industrielle du XIXe siècle et qui a pris les seules vingt dernières années une allure de réaction en chaîne incontrôlée. Ceux qui n’ont pas accompagné le mouvement de dissolution de la pensée ancienne dans la modernité sont les « réacs » de tous bords, brocardés pour oser croire qu’on peut trouver des repères dans l’héritage culturel des anciens. Leur façon de voir le monde n’est plus qu’un vestige d’époques qu’on nous présente comme arriérées car on se souvient des masses envoyées à l’abattoir des guerres plus que de la droiture et du courage, des religions punitives arc-boutées sur leurs privilèges plus que des sincères aspirations au ciel.

L’immensité du changement de nos conceptions a été diversement illustrée cette semaine dans la triple actualité du « synode sur la famille » de l’église catholique, du second procès du docteur Bonnemaison et de celui, moins médiatique, de l’ex-ministre Christine Boutin. Madame Boutin a déclaré il y a un an : « L’homosexualité est une abomination. Mais pas la personne. Le péché n’est jamais acceptable, mais le pécheur est toujours pardonné » ; la justice doit trancher sur la première phrase et dire si celle-ci est une simple manifestation de sa liberté de pensée et d’expression, ou une incitation à la haine condamnée par la loi. Dans le procès du Dr Bonnemaison, la question est une nouvelle fois posée de savoir si la souffrance humaine peut-être abrégée en provoquant la mort. Les évêques catholiques, enfin, débattent pour savoir s’il faut donner le droit de communion – donc, de lien avec Dieu – aux couples divorcés.

Gardons-nous de juger, pour seulement imaginer – à la façon des Lettres persanes – la surprise qu’aurait un parfait étranger qui consulterait notre histoire et mesurerait nos changements : après avoir été longtemps publiquement – et violemment – condamnée, l’homosexualité est presque devenue la première cause à défendre pour toute personne voulant se montrer tolérante et ouverte d’esprit. On ne peut d’ailleurs plus que difficilement voir les choses autrement si on ne souhaite pas être, comme la présidente du parti chrétien-démocrate sur twitter, représenté en fasciste ou menacé de mort. C’est donc une tolérance très partielle qui anime la communauté connectée.

Les déchirements entre évêques lors du synode sur la famille illustrent, eux, la question fondamentale qui se pose à l’église catholique pour prévenir l’érosion de la croyance. Après les coming-out de prêtres gays et en voyant la fréquence des divorces, peut-elle maintenir ses dogmes ou doit-elle devenir une religion 2.0 adaptée à l’esprit moderne ? Doit-elle pour survivre faire son mea culpa ? Car notre monde connecté a fait émerger une sorte de religion de la foule, dans laquelle la communion s’opère via Facebook, où la croyance du bien et du mal se construit et évolue fonction des intonations de la grande voix commune plus qu’en suivant un message divin. La loi et les religions ne font que suivre. Dans ses Lettres persanes, Uzbek se demanderait peut-être aujourd’hui si les outils sociaux ne nous ont pas mis sous le joug d’une dictature de l’émotion et des rassemblements communautaires. Fondamentalement, nous sommes mis face à la question de croire et suivre les tendances du jour ou de trouver – que l’on soit athée ou croyant – un critère haut, lumineux, qui soit plus que la somme des piaillements d’un réseau social.

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