Selon Bank of America, la Chine a passé « le point de non-retour »

6 janvier 2016 15:12 Mis à jour: 7 janvier 2016 21:18

Le régime chinois garde encore un pouvoir considérable sur les marchés. Après une chute de 7% de l’indice boursier Shanghai composite survenue le 4 janvier dernier, il a réussi à  inverser une autre chute de 3% le 5 janvier.

Alors, à très court terme, tout va bien. Toutefois, à long terme et même en 2016, Bank of America entrevoit de gros problèmes pour l’économie chinoise.

Selon leurs analystes, le régime chinois devra mener plusieurs batailles à la fois et finira par céder aux forces du marché.

« Nous estimons que la situation avec la dette de la Chine a probablement passé le point de non-retour et qu’il sera difficile de surmonter ce problème », affirme le rapport de David Cui, stratège principal de Bank of America.

Le rapport souligne que le sommet atteint par la dette du secteur privé amène presque inévitablement à une crise financière. La part de la dette privée dans le PIB de la Chine a augmenté de 75% entre 2009 et 2014, amenant la dette totale à environ 300% du PIB. C’est trop à supporter.

Des analystes occidentaux suggèrent souvent que la Chine peut gérer une telle situation et que Pékin a trouvé son propre modèle de capitalisme sponsorisé par l’État. Ce qui, selon eux, permettrait d’empêcher une crise d’éclater.

David Cui montre qu’une telle hypothèse est fausse dès le départ. La Chine est déjà passée par toutes les formes de crise de la dette (la dévaluation de la monnaie, l’hyperinflation et la recapitalisation de banques) depuis l’adoption en 1978 de la politique de réformes et de l’ouverture.

(Bank of America)
L’augmentation de la part du crédit privée dans le PIB (en %) (Google Finance)

« Les prêts non productifs ont atteint environ 40% dans le secteur bancaire à la fin des années 1990 – début des années 2000, et entre 1999 et 2005 le gouvernement a dû prélever du système bancaire l’équivalent des 20% du PIB de mauvaises créances», écrit David Cui.

(Bank of America)
Chine : dépréciation de la monnaie au début des années 1990 / hyperinflation à la fin des années 1980 – début des années 1990 (Bank of America)

David Cui affirme également qu’en 2016 les suggestions des investisseurs concernant les effets de la gérance du régime sur l’économie chinoise seront mises à rude épreuve. Ces suggestions prévoient que :

Le PIB continuera de croître rapidement
Le yuan va s’apprécier par rapport au dollar
Le régime va soutenir le marché boursier
Aucune grande entreprise ne subira de défaut sur sa dette
Le régime soutiendra le marché immobilier

Ces suggestions ne sont plus valides en 2016. En outre, les acteurs du marché et le régime ont aggravé le problème de la dette.

C’est « un cas classique de la stabilité à court terme qui amène à l’instabilité à long terme. Selon notre estimation, plus cette pratique se prolonge, plus augmentera le risque d’instabilité du système financier, et plus douloureuse sera la chute », précise David Cui.

Il estime qu’en faisant face à la future crise, la Chine devra probablement dévaluer sa monnaie, effacer les mauvaises créances, recapitaliser les banques et réduire le fardeau de la dette avec une forte inflation.

Même si le régime veut mettre en œuvre les cinq suggestions mentionnées ci-dessus, il n’en serait pas capable, car elles se contredisent parfois l’une l’autre. Par exemple, il est impossible de préserver la croissance en imprimant de l’argent sans accentuer la pression baissière sur la monnaie nationale.

Ainsi, suite aux les événements d’août dernier et à l’addition de yuan au panier de monnaies de réserve du Fond monétaire international, le régime chinois a complètement abandonné l’objectif de monnaie stable et a laissé le yuan fluctuer au niveau plus bas.

David Cui ne mentionne pas les reformes – un autre point crucial pour la Chine. Le régime promet des réformes et même essaye de les appliquer dans certains cas. Mais si les choses se gâtent, il fait marche arrière et retourne à la planification centrale pour gérer le marché selon ses besoins – et ceci avec de moins en moins de succès.

« Il nous semble que les options politiques du gouvernement deviennent de plus en plus limitées – on ne peut que constater à quel point il a été difficile pour le gouvernement de maintenir la croissance du PIB depuis la mi-2014. Un ralentissement de la croissance économique est généralement un prélude à l’instabilité du secteur financier », écrit David Cui ; il prédit qu’en 2016, l’indice Shanghai composite chutera de 27%.

 

Version anglaise : Bank of America Says China Passed ‘Point of No-Return’

 

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