Sénégal: le coronavirus, « malédiction » des pêcheurs

Par Epoch Times avec AFP
6 avril 2020 16:30 Mis à jour: 6 avril 2020 16:51

Sur le quai de pêche de Hann-Bel Air, aux portes de Dakar, le mareyeur Galaye Sarr s’en remet à Dieu pour que cesse la « malédiction » du coronavirus. Depuis que les avions sont cloués au sol, les poissons ne s’exportent plus, le privant de ses principaux revenus.

Galaye Sarr, 23 ans, travaille sur le quai des exportations depuis son enfance. Il achète les prises ramenées par les pêcheurs qui écument la côte atlantique à bord de pirogues multicolores, les trie et les vend à des usines, qui les conditionnent pour l’exportation par avion ou bateau, notamment vers l’Europe.

Depuis l’apparition du Covid-19 début mars au Sénégal, les autorités ont interdit les rassemblements et proscrit la circulation entre les villes. Surtout, la quasi suspension du trafic aérien prive toute la filière de la pêche d’un débouché essentiel.

La pêche représente 22,5% des recettes d’exportation

Au Sénégal, la pêche occupe environ 17% de la population active, elle représente 22,5% des recettes d’exportation et plus de 70% des apports de protéines d’origine animale, indiquait fin 2014 l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

-L’épidémie de COVID-19 a fait en sorte que plus aucune exportation ne sorte et donc la pêche a ralenti avec moins de bateaux qui sortent. Photo par JOHN WESSELS / AFP via Getty Images.

« Ce poisson est un merlot noir. D’habitude, il est exporté vers l’Italie. Mais à cause du coronavirus, tous les vols ont été annulés », explique Galaye Sarr en désignant du doigt des caisses frigorifiques entreposées dans une chambre froide. « Ça, ce sont les thiofs (mérous), là-bas les liches noires et les liches rouges, derrière, les rascasses ».

Les stocks vers les marchés locaux

Les portes de l’exportation fermées jusqu’à nouvel ordre, les vendeurs tentent de rediriger leurs stocks vers les marchés locaux, mais ceux-ci sont saturés et les prix ne font que baisser.

Certains mois, Galaye Sarr arrivait à épargner jusqu’à 100.000 francs CFA (150 euros), dit-il, mais à présent, il gagne à peine 20.000 CFA (30 euros), à peine de quoi vivre.

« Dieu va enlever cette malédiction »

En outre, il est quasiment impossible de respecter les distances de sécurité. « Au travail, on mange ensemble, on boit ensemble, on fait tout ensemble. J’ai vraiment peur. Peut-être qu’un jour Dieu va enlever cette malédiction ».

C’est toute la famille du jeune homme qui subit la crise.  Ses proches, pêcheurs, restent à quai. « Même s’ils attrapent des poissons, on ne peut plus le vendre. Alors ils restent chez nous », soupire-t-il.

« Mon commerce est familial. Mes enfants et cousins travaillent sur nos pirogues. Si on ne peut plus vendre, comment on va faire ? », s’inquiète Moussa Diop, qui possède deux pirogues.

 

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.