Sept batailles mémorables qui ont marqué l’histoire de France

Par Paul Tourège
2 novembre 2019 23:30 Mis à jour: 2 novembre 2019 23:33

Pionnières dans de nombreux domaines, les armées françaises se sont illustrées sur les champs de bataille depuis plus de 1000 ans. Des victoires et des coups d’éclat qui ont permis d’étendre les frontières du territoire et d’assurer le rayonnement de la France sur et en dehors du Vieux Continent.

Parmi les multiples conflits auxquels les troupes françaises ont participé, laissant une trace indélébile dans l’histoire de France par leur héroïsme et leur esprit de sacrifice, certaines campagnes ont, plus que d’autres, forgé le roman national. Voici sept victoires françaises aux conséquences décisives pour le destin du pays.

La bataille de Poitiers – Octobre 732

Huile sur toile de Charles de Steuben peinte en 1837 et représentant une scène de la bataille de Poitiers. Collection du Musée de l’Histoire de France, galerie des batailles du château de Versailles. Crédit : Wikimedia Commons.

Alors que les troupes du gouverneur omeyyade de Cordoue Abd al-Rahman multiplient les razzias dans le sud de la France, Charles Martel, futur grand-père de l’empereur Charlemagne, s’allie aux Burgondes pour arrêter l’armée musulmane et répondre à l’appel du duc Eudes d’Aquitaine.

Si l’armée de Charles Martel est, contrairement à ses adversaires, dépourvue de cavalerie, elle parviendra tout de même à briser l’élan des troupes musulmanes en adoptant la tactique de la palissade : regroupés en une masse compacte, les soldats sont protégés par leurs boucliers tandis qu’ils pointent leurs lances vers leurs assaillants.

À l’issue de la bataille qui s’est déroulée entre Tours et Poitiers, l’armée menée par Charles Martel a perdu environ un millier d’hommes quand celle d’Abd al-Rahman a été décimée. Les historiens estiment en effet que près de la moitié des troupes du général omeyyade, soit 10 000 à 12 000 soldats, tombèrent au combat. Le gouverneur de Cordoue trouvera lui aussi la mort pendant la bataille.

La bataille de Bouvines – 27 juillet 1214

Huile sur toile d’Horace Vernet peinte en 1827 et représentant une scène de la bataille de Bouvines. Collection du Musée de l’Histoire de France, galerie des batailles du château de Versailles. Crédit : Wikimedia Commons.

Opposant le roi de France Philippe Auguste a une vaste coalition initiée par le roi d’Angleterre Jean sans Terre, la bataille de Bouvines met aux prises les troupes françaises à celles de l’empereur du Saint-Empire romain germanique qui se trouve renforcé de contingents anglais et de soldats commandés par des princes et des seigneurs flamands

Rattrapés par des assaillants trois fois plus nombreux alors qu’ils s’apprêtent à franchir le pont de Bouvines traversant la Marque, aux environs de Lille, les chevaliers de Philippe Auguste sauront tirer profit du terrain où ils se trouvent pour réduire à néant l’avantage numérique de l’armée des coalisés. Déployée sur une ligne qui court d’un étang à un petit bois, l’armée du roi de France mettra en déroute les troupes de la coalition, ne perdant que très peu d’hommes et capturant de nombreux seigneurs ennemis.

Célébrée avec faste, la victoire de Bouvines aura d’importantes conséquences et un grand retentissement, renforçant le prestige et l’autorité du roi de France qui sut tirer partie de son triomphe pour en faire l’une des premières manifestations de l’unité nationale. Défait, Jean sans Terre se résout à signer le traité de Chinon qui le dépossède de la Normandie, du Maine, de l’Anjou, de la Touraine et de la Bretagne, avant de regagner l’Angleterre.

La bataille de Cocherel – 16 mai 1364

Huile sur toile de Charles-Philippe Larivière peinte en 1839 et représentant la reddition du captal de Buch à Bertrand Du Guesclin. Collection du Musée de l’Histoire de France, galerie des batailles du château de Versailles. Crédit : Wikimedia Commons.

Allié des Anglais, Charles II de Navarre dit le Mauvais, souhaite s’approprier la Bourgogne et empêcher le sacre de Charles V à Reims. Fort de cinq à six mille hommes, dont un redoutable contingent d’archers anglais et plusieurs mercenaires normands et gascons, il dépêche le captal de Buch Jean de Grailly contre les troupes du roi de France commandées par Bertrand Du Guesclin.

Les deux armées se rencontrent près de Cocherel, dans l’actuel département de l’Eure. Peu désireux de se frotter aux archers anglais dont la réputation était faite, Du Guesclin décida de tendre un piège à ses adversaires qui s’étaient établis dans un fortin érigé sur la colline du bois de la Ronce, à environ deux kilomètres du bourg de Cocherel.

Feignant une retraite, le Dogue noir de Brocéliande parvient à attirer une partie des troupes du captal de Buch hors de leurs retranchements. Faisant subitement volte-face, les Français se ruent alors sur leurs adversaires et les mettent en déroute après un corps à corps féroce au cours duquel les archers anglais sont incapables d’intervenir. La capture ou la mort des principaux chefs de guerre anglo-navarrais au cours de la bataille sonnera le glas des ambitions de Charles le Mauvais sur le trône de France.

La bataille de Patay – 18 juin 1429

Enluminure de la bataille de Patay issue de « La Cronicque du temps de tres chrestien roy Charles, septisme de ce nom, roy de France », par Jean Chartier, Paris, Bibliothèque nationale de France. Crédit : Wikimedia Commons.

Brillante réponse des troupes françaises à la défaite d’Azincourt, la bataille de Patay représente un événement majeur de la Guerre de cent ans. Mettant aux prises les soldats de Charles VII et d’Henri VI d’Angleterre, elle consomme la débâcle des armées anglaises amorcée dès le siège d’Orléans et la reconquête des territoires situés au nord de la Loire.

Attaqués par les flancs, les célèbres archers anglais se débandent rapidement sous les coups de boutoir des 180 chevaliers de l’avant-garde française menée par les compagnons d’armes de Jeanne d’Arc : Étienne de Vignoles dit La Hire, Ambroise de Loré, Jean Poton de Xantrailles et le connétable Arthur de Richemont.

Dans le même temps, la cavalerie française enfonce les lignes des chevaliers anglais avant d’être rejointe par le reste de l’infanterie qui achève les soldats commandés par John Fastolf, John Talbot et Thomas de Scales.

Décimée, l’armée du roi d’Angleterre perdit à Patay ses plus brillants officiers et l’élite de son corps d’armée, tandis que celle de Charles VII essuyait des pertes négligeables. La voie vers Reims libérée, le souverain français put enfin y être couronné le 17 juillet.

La bataille de Marignan – 13 et 14 septembre 1515

Huile sur toile d’Alexandre-Évariste Fragonard peinte en 1836 et représentant François Ier pendant la bataille de Marignan. Collection du Musée de l’Histoire de France, galerie des batailles du château de Versailles. Crédit : Wikimedia Commons.

Moins d’un an après son sacre, le jeune François Ier entreprend de faire valoir ses droits sur le duché de Milan, alors soutenu par les mercenaires suisses. Allié aux Vénitiens, il décide de franchir les Alpes à la tête d’une troupe de près de 30 000 hommes qui compte notamment dans ses rangs le Connétable Charles III de Bourbon, Louis II de la Trémoille, Robert III de La Marck de Bouillon ou le chevalier Bayard.

Empruntant une route secondaire, François Ier déjoue la vigilance des Suisses qu’il parvient à contourner en passant par le col de l’Argentière au début du mois d’août. Le roi de France fait ensuite mouvement vers la Lombardie et établit son camp à Marignan, à une dizaine de kilomètres de Milan.

Le 13 septembre, un combat féroce s’engage entre les troupes des Confédérés et celles de François Ier. Après une violente charge de la cavalerie française, un sanglant corps à corps fait des ravages dans les deux armées. La bataille ne cessera qu’à cause de l’obscurité qui ne permet plus de distinguer les adversaires des alliés, tambours et trompettes finissant par sonner le ralliement après plusieurs heures de lutte acharnée sans qu’aucun des deux camps n’ait véritablement pris l’avantage.

Si les combats reprirent avec vigueur dès le lendemain matin, l’arrivée de 3000 cavaliers vénitiens et de fantassins permettra toutefois aux armées du roi de France d’enfoncer les lignes des Confédérés. Ces derniers abandonneront finalement le champ de bataille après y avoir perdu la moitié de leurs troupes, soit environ 10 000 hommes.

La victoire de Marignan autorise François Ier à s’emparer de la Lombardie et consacre la renommée du jeune roi. À la faveur d’un traité conclut le 13 octobre avec le pape Léon X, qui reconnaît son autorité sur le duché de Milan, il obtient également Parme et Plaisance en échange de son soutien à Florence contre les Vénitiens.

La bataille d’Austerlitz – 2 décembre 1805

Huile sur toile de François Gérard peinte en 1810 et représentant une scène de la bataille d’Austerlitz. Collection du Musée de l’Histoire de France, galerie des batailles du château de Versailles. Crédit : Wikimedia Commons.

Surnommée la « Bataille des Trois Empereurs », elle opposa les armées de François Ier d’Autriche et de son allié Alexandre Ier de Russie à celle de Napoléon. Considérée comme un chef d’œuvre tactique, elle continue aujourd’hui d’être enseignée dans de nombreuses académies militaires.

Soutenue financièrement par l’Angleterre et forte du concours de 140 000 hommes promis par la Russie, l’Autriche envahit la Bavière, alliée de la France, au mois de juillet 1805. Fin août, Napoléon prend la tête d’une armée de 150 000 fantassins, 40 000 cavaliers ainsi que 350 canons et traverse le Rhin. Après avoir vaincu ses adversaires à Ulm, Munich et Vienne, l’empereur décide de défaire définitivement l’armée austro-russe.

Établie à Austerlitz, dans l’actuelle République Tchèque, l’armée des coalisés est nettement plus nombreuse que celle dont dispose alors Napoléon. Une situation qui amène l’empereur des Français à mettre au point divers stratagèmes afin de faire croire à ses ennemis qu’il est trop faible pour les vaincre : il n’hésite pas à faire replier ses troupes lors d’affrontements ou d’escarmouches et envoie plusieurs émissaires auprès de ses adversaires, laissant entendre qu’il est prêt à négocier la paix.

Étudiant minutieusement le terrain sur lequel doit se dérouler la bataille qui s’en vient, le petit Caporal prévient ses maréchaux qu’ils auront chacun un rôle important à jouer pour l’emporter. Sûres de leur force, les troupes austro-russes décident d’attaquer le matin du 2 décembre, jour anniversaire du sacre de Napoléon. Après plusieurs charges destinées à prendre les villages de Telnitz et de Sokolnitz occupés par les Français, les troupes coalisées essuient une violente contre-attaque au centre de leur dispositif. Prise à revers sur son aile gauche, l’armée austro-russe est écrasée en quelques heures et cède à la panique.

Si la Grande Armée a perdu moins de 2000 hommes dans la bataille, ses ennemis ont payé un lourd tribut avec 4000 morts, 12 000 blessés et presque autant de prisonniers. Une victoire étincelante qui redessinera complètement la carte de l’Europe pour un temps.

La bataille de la Marne – 5 au 12 septembre 1914

Blessés allemands aux côtés de dragons et de chasseurs français du 5e Régiment de chasseurs de Châlon-sur-Marne devant l’église du village de Neufmontier-les-Meaux, le 8 septembre 1914. Crédit : Nicolas et Antoine Vasse – Flickr.

Offensive conjuguée de l’armée française et du corps expéditionnaire britannique, la première bataille de la Marne met aux prises deux millions d’hommes sur un front de près de 250 kilomètres. Un mois après le début du conflit, le plan du commandement allemand qui consiste à écraser rapidement ses adversaires sur le front de l’Ouest afin de concentrer son effort de guerre contre la Russie, est en passe de réussir. Passée par la Belgique pour contourner les défenses adverses, l’armée allemande a déjà pris pied sur le sol français et avance vers Paris après avoir fait reculer les Alliés.

Épuisées par plusieurs jours de retraite qui les ont conduites jusqu’au sud de la Marne, les unités françaises et britanniques sont finalement redéployées par l’état-major allié qui entend profiter de l’étirement des lignes adverses pour lancer une contre-offensive et mettre un terme à leur avancée.

Le 5 septembre, la 6armée française du général Maunoury engage le flanc droit de la 1re armée allemande commandée par le général Von Kluck, qui vient de dépasser Meaux et se dirige vers le sud en contournant Paris.

Obligeant Von Kluck à redéployer ses troupes sur la rive droite de la Marne pour contenir les assauts des Français, l’offensive du général Maunoury permet d’ouvrir une brèche de 48 kilomètres entre la 1re et la 2armée allemande dans laquelle s’engouffrent immédiatement la 5e armée française et les contingents britanniques du maréchal French.

Les combats feront rage pendant près d’une semaine, chacun des deux camps recevant des renforts afin de tenter de faire basculer l’issue de la bataille. Côté français, le général Gallieni réquisitionnera notamment des centaines de taxis parisiens pour acheminer les soldats de la 14brigade de la 7division d’infanterie sur les bords de la Marne dans ce qui constitue la première opération de transport de troupes motorisé de l’histoire. Menacées par les Alliés, les armées du Kaiser se replient entre le 10 et le 12 septembre avant de s’installer sur les rives de l’Aisne où elles s’enterreront dans des tranchées.

Si les troupes franco-britanniques ne parviendront pas à exploiter leur avantage pour écraser définitivement leurs adversaires et mettre un terme au conflit, la bataille de la Marne marque cependant un coup d’arrêt à l’avancée allemande qui s’avèrera décisif par la suite.

« Je suis le grand Veilleur debout sur la tranchée.

Je sais ce que je suis et je sais ce que je fais :

L’âme de l’Occident, sa terre, ses filles et ses fleurs,

C’est toute la beauté du Monde que je garde cette nuit.

J’en paierai cher la gloire, peut-être ? Et qu’importe !

Les noms des tombés, la terre d’Armor les gardera !

Je suis une étoile claire brillant au front de la France,

Je suis le grand guetteur debout pour son pays. »

Extrait du poème La prière du guetteur, écrit par le poète breton Jean-Pierre Calloc’h, tombé au champ d’honneur le 10 avril 1917 à Courbat de Cerisy, dans la Somme.

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