Marseille: le boulanger Pascal Autexier s’est pendu, devenant le symbole d’une profession en détresse

Par Nathalie Dieul
27 septembre 2023 07:58 Mis à jour: 27 septembre 2023 10:30

Père de famille, Pascal Autexier était boulanger dans le 15e arrondissement de Marseille. Il s’est pendu dans sa boulangerie ce dimanche 24 septembre. Ce drame est très vite devenu viral sur Internet et s’est propagé jusqu’à l’Assemblée nationale, devenant le symbole d’une profession en détresse. Les causes du désarroi de ce boulanger ne sont pas connues pour l’instant.

On ne connait pas les raisons de son geste, mais Pascal Autexier était « une véritable figure à Saint-Louis [quartier du 15e arrondissement de Marseille, ndlr], boulanger historique de quartier, apprécié de tous », a écrit Sébastien Delogu, député des Bouches-du-Rhône, sur X (ex-Twitter).

C’est à 21h45 que les pompiers ont été appelés pour une intervention avenue de Saint-Louis ce dimanche. Ils sont arrivés sur place quelques minutes plus tard et ont essayé de réanimer, en vain, un homme d’une cinquantaine d’années qui s’était pendu dans sa boulangerie, ont-ils confirmé à 20 Minutes.

« J’ai un frère de travail qui vient de se suicider« 

Après le message du député des Bouches-du-Rhône, vu par près de 230.000 internautes, c’est une autre publication qui est devenue virale sur X, une vidéo obtenant plus de 700.000 vues. Cette vidéo, c’est celle de Stéphane Ravaclay, boulanger de profession et ancien candidat aux élections législatives. Ce dernier s’est fait connaître, en particulier en 2021, lorsqu’il a entamé une grève de la faim pour son apprenti menacé d’expulsion.

« J’ai un frère de travail qui vient de se suicider. Il était très connu pour ses dons à la population pauvre », a-t’il déclaré, en proie à l’émotion bien qu’il ne connaissait pas ce dernier, selon une entrevue qu’il a accordée à Sud-Radio.

Par la suite, c’est à l’Assemblée nationale que l’affaire a été portée, lorsque le député socialiste de l’Eure, Philippe Brun a interpellé la Première ministre Elisabeth Borne pendant la période de questions, assurant que « 25 % de nos artisans déclarent aujourd’hui réfléchir et penser au suicide quand 40 % avouent avoir déjà pensé à passer l’acte ».

Détresse financière ou récupération politique ?

Pour l’heure, les causes du suicide de Pascal Autexier sont inconnues. Nous avons tous en tête de nombreux témoignages d’autres boulangers qui ont du mal à survivre à cause de la hausse du prix de l’énergie et des matières premières. Toutefois, aucune preuve ne démontre que c’est la cause du passage à l’acte chez le boulanger du Fournil de Saint-Louis.

« La problématique est très profonde. Quand vous avez des gens qui ont beaucoup de crédits, à la moindre difficulté, si les charges augmentent et que le chiffre d’affaires baisse, vous tombez », explique le boulanger médiatisé Stéphane Ravacley au Parisien. « Après les paysans, ça va arriver dans d’autres corporations, les boulangers, les bouchers… »

À l’Assemblée nationale, c’est Olivia Grégoire, ministre déléguée au Commerce et à l’Artisanat, qui a répondu à la question de Philippe Brun. Selon elle, après vérification des dettes fiscales et sociales du commerce en question ainsi que sa situation auprès de ses fournisseurs, la boulangerie « n’avait pas de difficultés en matière d’énergie ».

La ministre a ensuite accusé : « Ce qui est indécent, c’est la récupération politique. Ce qui est indécent, c’est de tout mélanger. Ce qui est indécent, c’est de lier des choses qui ne sont pas à être liées. »

« La cause financière ne me semble pas plausible », assure de son côté Monique Imbert, présidente de l’union des syndicats des maîtres artisans boulangers-pâtissiers des Bouches-du-Rhône. Son ancien apprenti étant l’associé du boulanger en détresse, elle a su que deux jours avant le suicide de ce dernier, les deux hommes avaient eu une conversation au sujet de « racheter des parts et remplacer du personnel ». Pour elle, « ce n’est pas le discours de quelqu’un qui est au bout du bout ».

Une profession en détresse

Quelles que soient les raisons du geste du boulanger marseillais, on ne peut nier la détresse de toute une profession. Selon Stéphane Ravaclay, 50 boulangeries ont fermé leurs portes en un an et demi dans son département à cause de l’augmentation des charges.

« Quand votre facture d’électricité est multipliée par cinq, celle du beurre par deux et que vous augmentez votre masse salariale de 10 à 15 % face à l’inflation, c’est impossible de tous les côtés », explique l’artisan qui est maintenant salarié au lieu d’être à son compte.

Les exemples de boulangers en détresse ne manquent pas dans l’actualité au cours des derniers mois : un boulanger des Côtes-d’Armor qui a vu sa facture d’électricité multipliée par six pour s’élever à 25.000 euros, un autre qui vend sa voiture pour ne pas licencier son seul employé à cause d’une hausse d’énergie de plus de 50%, un artisan qui met la clé sous la porte à cause d’une facture d’électricité quasiment multipliée par quatre, une boulangère de Toulouse qui affiche l’avis de décès de son commerce parce qu’elle ne s’en sort plus à cause de l’inflation et des hausses de ses factures d’électricité.

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