Taïwan abolit le tourisme de transplantation d’organes

1 juillet 2015 09:38 Mis à jour: 26 février 2016 09:08

 

Dans le contexte du mouvement mondial pour arrêter le trafic d’organes humains en Chine, le parlement de Taïwan a adopté des modifications à sa loi sur la transplantation d’organes ayant pour effet de considérer comme criminelle la transplantation d’organes de prisonniers exécutés en Chine.

Lors de la session du Yuan législatif de Taiwan du 12 juin dernier, plusieurs modifications importantes à l’ordonnance de transplantation d’organes humains ont été lues et adoptées en tant que loi. Selon la nouvelle législation, les patients qui voyagent à l’étranger pour recevoir un organe acquis par des moyens illégaux peuvent être condamnés à cinq ans de prison et des amendes allant de 8 600 à 430 000 euros.

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Les nouveaux amendements mettent une partie de la responsabilité sur les médecins et les hôpitaux. Les médecins doivent déposer un rapport pour chaque patient qui subit une greffe à l’étranger et effectue le traitement de suivi dans à Taïwan. Les médecins et les hôpitaux sont soumis à des amendes allant jusqu’à 4 300 euros s’ils ne déposent pas ces rapports. Les institutions médicales et leur personnel encourent des accusations criminelles pour le dépôt de faux rapports.

Lee Po-Chang, président du Centre d’enregistrement et de partage d’organes de Taiwan, a précisé que les médecins taïwanais peuvent diriger leurs patients vers des hôpitaux étrangers qui acquièrent les organes par des moyens légitimes. Les médecins doivent quand même soumettre un rapport sur ces greffes au retour de leurs patients.

Tien Chiu-chin, député du Parti démocrate progressiste de Taiwan, a déclaré : « La pénurie d’organes est un problème mondial, et le tourisme de transplantations d’organes est devenu un problème pour l’éthique médicale globale et les droits de l’homme internationaux. Les  prélèvements d’organes forcés et le trafic d’organes ne sont pas seulement des violations des lois d’approvisionnement en organes, mais aussi des crimes contre l’humanité. C’est pourquoi nous avons modifié les lois et les sanctions visant à interdire le trafic d’organes et le tourisme de transplantations. »

Selon Tien Chiu-chin, la réglementation de la transplantation d’organes à Taiwan « a atteint les normes internationales ».

En effet, selon Theresa Chu, avocat des droits de l’homme taïwanais, l’amendement de Taiwan complète l’Ordonnance de transplantation d’organes humains de Hong Kong, et correspond à la législation adoptée en Espagne et d’autres pays. « Ces règlementations sur la transplantation d’organes sont comme un pare-feu juridique qui sauve les gens pour qu’ils ne deviennent pas complices du Parti communiste chinois dans les atrocités des prélèvements d’organes. »

Dans le couloir de la mort ?
En décembre 2005, après des années de démenti, Huang Jiefu, l’ancien vice-ministre chinois de la santé et président actuel du Comité transplantation d’organes, a admis que le régime utilisait les organes de prisonniers condamnés à mort. Selon les médias d’État, ces organes approvisionnent les deux tiers de toutes les transplantations effectuées en Chine continentale.

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Le régime a promis d’arrêter éventuellement cette pratique, mais a fait le premier pas dans cette direction seulement en décembre 2014. Huang Jiefu a annoncé qu’à partir de janvier 2015, seuls les organes donnés volontairement par des civils seraient utilisés dans les transplantations.

Personne ne fait confiance cependant aux promesses du régime chinois.

Lors d’une conférence tenue le 21 avril dernier au Parlement européen à Bruxelles, des responsables européens, des médecins, des chercheurs et des experts médicaux ont déclaré qu’en Chine il y se passe toujours « des meurtres et des prélèvements d’organes extrajudiciaires sur des prisonniers qui ne sont pas condamnés à mort ».

Entre 40 000 et 60 000 pratiquants de Falun Gong auraient perdu la vie dans cet assassinat de masse, à but lucratif et sponsorisé par l’État chinois

En reconnaissant les résultats de la recherche de experts indépendants, les participants de la conférence au Parlement européen ont condamné le massacre des prisonniers de conscience, dont la majorité sont des pratiquants de Falun Gong, une discipline spirituelle persécutée en Chine depuis 1999.

Lorsque des allégations de prélèvements d’organes forcés ont été faites en 2006 par l’épouse d’un chirurgien de transplantation d’organes, David Matas, avocat des droits de l’homme, et David Kilgour, un ancien membre du Parlement canadien, ont décidé d’enquêter sur les allégations apparemment incroyables.

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Grâce à des appels téléphoniques anonymes aux chirurgiens en charge des transplantations dans les hôpitaux chinois et l’analyse des statistiques et du commerce de transplantation de la Chine, MM. Kilgour et Matas sont arrivés à la conclusion que le Parti communiste chinois a été systématiquement impliqué dans un prélèvement massif d’organes sur des pratiquants de Falun Gong vivants, effectué dans les hôpitaux d’État et destiné à la vente sur le marche du tourisme de transplantation. Les deux hommes estiment qu’entre 40 000 et 60 000 pratiquants de Falun Gong ont perdu la vie dans cet assassinat de masse, à but lucratif et sponsorisé par l’État chinois.

Dans une autre étude, le journaliste Ethan Gutmann estime à 65 000 le nombre de décès des pratiquants de Falun Gong. Dans son récent livre « The Slaughter » (Le carnage),  il retrace les abus de transplantation d’organes du parti communiste chinois, à partir de ses premières expériences avec les Ouïghours, une minorité turque dans la province du Xinjiang à l’ouest de la Chine, avec des dissidents politiques et des pratiquants de Falun Gong.

Les résultats de ces recherches sont présentés dans  « Human Harvest: China’s Illegal Organ Trade »,  un film documentaire qui a récemment remporté le Peabody Award, le prix le plus ancien et le plus prestigieux du monde dans le domaine de la radiodiffusion et médias électroniques.

Le documentaire présente plusieurs témoignages de citoyens taïwanais qui sont allés en Chine pour obtenir des organes, et montre leur horreur après s’être rendus compte de la véritable provenance des organes utilisés dans l’industrie de la transplantation en plein essor en Chine.

Article original: Taiwan Shuts Down Organ Transplant Tourism

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