Tous les « ingrédients d’une guerre civile » en Birmanie (présidence de l’Asean)

Par Epoch Times avec AFP
5 janvier 2022 13:30 Mis à jour: 5 janvier 2022 13:31

La Birmanie présente « tous les ingrédients pour une guerre civile », a averti Prak Sokhonn, le ministre des Affaires étrangères du Cambodge qui a pris cette année la présidence tournante de l’Association des pays d’Asie du Sud-Est (Asean).

Le Premier ministre cambodgien, Hun Sen, doit se rendre vendredi et samedi en Birmanie, plongée dans une grave crise depuis un coup d’Etat militaire le 1er février 2021, suivi d’une répression qui a fait plus de 1.400 morts selon un observatoire local.

« La crise politique et sécuritaire en Birmanie s’aggrave et a débouché sur une crise économique, sanitaire et humanitaire », a souligné le chef de la diplomatie cambodgienne.

« Nous pensons que tous les ingrédients pour une guerre civile sont maintenant sur la table ».

-Les stagiaires participent à des exercices militaires avec la brigade 6 de l’Union nationale Karen (KNU), un groupe rebelle armé dans l’est de l’État de Karen le 9 mai 2021. Photo par STR/AFP via Getty Images.

« Il y a à présent deux gouvernements, plusieurs armées, les gens font face à un mouvement qui appelle à la désobéissance civile et il y a une insurrection armée à travers le pays », a noté Prak Sokhonn.

Le ministre s’exprimait au cours d’une conférence lundi organisée par le centre de réflexion de Singapour ISEAS-Institut Yusof Ishak.

250 groupes de résistance anti-coup d’État en Birmanie

Selon les règles de cette conférence, un accord doit être donné avant toute publication. Le ministère cambodgien des Affaires étrangères a donné son feu vert à l’AFP mardi pour que ces propos soient repris.

Hun Sen, qui compte parmi les leaders à la plus longue longévité au pouvoir, a appelé mercredi à un cessez-le-feu, déclarant que « toutes les parties concernées devaient mettre fin à la violence ». 

« Que nous parvenions ou non à un accord dans le cadre des négociations, je demande d’abord un cessez-le-feu », a-t-il déclaré lors d’une cérémonie à Phnom Penh.

Un groupe d’ingénieurs manifestant brandit des pancartes appelant à la libération de la dirigeante civile birmane détenue Aung San Suu, le 15 février 2021. Photo par STR/AFP via Getty Images.

Dans une déclaration commune, plus de 250 groupes de résistance anti-coup d’État en Birmanie ont condamné la visite et ont exhorté Hun Sen à l’annuler.

Prak Sokhonn a rejeté les craintes que la visite de Hun Sen puisse donner une légitimité à la junte et a souligné que la priorité du royaume était « d’améliorer la situation en Birmanie ».

Peu de signes de progrès enregistrés

Le Cambodge va continuer à promouvoir un plan de paix et le « consensus en cinq points » sur lequel les dirigeants de l’Asean se sont mis d’accord l’an dernier, a-t-il indiqué.

La visite de Hun Sen vise à « permettre un progrès » en « créant un environnement favorable à un dialogue inclusif et à la confiance politique entre toutes les parties », a-t-il noté.

Les stagiaires participent à des exercices militaires avec la brigade 6 de l’Union nationale Karen (KNU), un groupe rebelle armé dans l’est de l’État de Karen le 9 mai 2021. Photo par STR/AFP via Getty Images.

Depuis la prise du pouvoir par les militaires en Birmanie, peu de signes de progrès ont été enregistrés.

Une visite de l’émissaire de l’Asean pour la Birmanie a été repoussée après que la junte eut refusé de le laisser rencontrer la cheffe du gouvernement civil Aung San Suu Kyi, privée de liberté.

En retour, le bloc a exclu le chef de la junte birmane d’un sommet en octobre dernier, dans un geste rare pour l’organisation souvent critiquée pour sa mollesse.

La crise birmane a un effet néfaste sur « la stabilité régionale (…) l’image de l’Asean, sa crédibilité et son unité », a souligné Prak Sokhonn.

Il a ajouté néanmoins que le Cambodge faisait des efforts pour permettre au chef de la junte de revenir assister aux réunions de l’organisation.


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