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Troisième dégradation de la note de la France : l’alerte financière s’intensifie

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Photo: LIONEL BONAVENTURE/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

La France enchaîne les mauvaises nouvelles sur la scène financière internationale. Pour la troisième fois en un an, une agence de notation vient de réduire la confiance des marchés envers le pays. Après Fitch et Moody’s, c’est au tour de S&P Global Ratings de frapper. Vendredi soir, l’agence américaine a abaissé la note souveraine française d’un cran, la ramenant de AA- à A+.
Cette succession de coups de semonce révèle une inquiétude croissante chez les observateurs internationaux sur la solidité des finances publiques hexagonales, malgré les efforts affichés par le gouvernement.
Un nuage supplémentaire sur un bulletin météorologique déjà sombre
Le ministre de l’Économie Roland Lescure ne cache pas son préoccupation face à cette accumulation de signaux négatifs. Il compare cette situation à une météo déjà chargée qui s’assombrit davantage. Cette dégradation de note n’est pas anodine : elle reflète les doutes persistants des experts quant à la capacité de la France à maîtriser ses finances. S&P justifie sa décision en évoquant une incertitude « élevée » sur les finances publiques, une formulation qui suggère une confiance ébranlée malgré les promesses gouvernementales.
Le projet de budget 2026 : une première marche décisive
Face à ces critiques, le gouvernement a déposé son projet de budget pour 2026 dès mardi dernier, preuve de la détermination affichée. Cet exercice budgétaire vise un objectif ambitieux : réduire le déficit public de 5,4% du PIB actuellement à 4,7% l’année prochaine. Il ne s’agit que d’un début. L’administration Macron vise une cible plus exigeante encore : passer en dessous de 3% du PIB d’ici 2029, le seuil censé stabiliser progressivement la dette nationale.
Le vote parlementaire : seul moyen de convaincre les marchés
Roland Lescure ne s’y trompe pas : la présentation d’un budget sur le papier ne suffit pas. Encore faut-il que le Parlement valide ces intentions et leur donne force de loi. Le ministre insiste sur ce point crucial : « Pour convaincre les agences de notation, il faut qu’on vote le budget. » Cette affirmation révèle la fracture entre les annonces gouvernementales et la réalité politique instable du Palais-Bourbon, où les majorités se font fragiles.
Le débat parlementaire qui s’annonce sera déterminant. Les agences de notation ne jugent pas seulement la qualité intrinsèque des plans financiers, elles évaluent aussi la capacité réelle des gouvernements à les mettre en œuvre. La fragmentation politique française, bien connue depuis les dernières élections, constitue donc un handicap supplémentaire dans cette quête de confiance retrouvée.
Une responsabilité partagée entre gouvernement et Parlement
Roland Lescure appelle à l’unité derrière cette nécessité budgétaire. Il le formule clairement : « C’est à nous, à la fois le gouvernement et le Parlement, de convaincre les observateurs, les agences de notation, les marchés financiers. » Cette invitation à la responsabilité collective reconnaît implicitement que seule une mobilisation politique globale pourra redresser la situation.
Le défi de l’assainissement rapide et durable
S&P elle-même reconnaît que les objectifs annoncés dépendent entièrement de leur concrétisation. L’agence craint que « en l’absence de mesures supplémentaires significatives », l’assainissement budgétaire « sera plus lent que prévu ». Autrement dit, le gouvernement devra non seulement voter son budget, mais aussi le respecter rigoureusement et, possiblement, aller au-delà en matière d’économies.
Un appel à la lucidité pour redresser la barre
Le ministre conclut en transformant cette crise en appel à la responsabilité civique. Ces dégradations successives constituent, selon lui, une alerte que la nation ne peut ignorer. Elles illustrent les limites de la communication politique face à la réalité économique : il ne suffit pas de dire, il faut faire. Et il ne suffit pas de faire au niveau exécutif, il faut aussi que le Parlement s’aligne et que la société accepte les efforts inévitables.
La France se trouve à une croisée des chemins. Les agences de notation lui disent : prouvez-nous que vous êtes capables d’assainir vos finances de manière durable. La balle est désormais dans le camp des députés et sénateurs.
Avec AFP