Ukraine: la contre-offensive vue depuis le champ de bataille

Par Epoch Times avec AFP
20 juin 2023 18:45 Mis à jour: 20 juin 2023 18:52

Plus d’une semaine après l’annonce du lancement d’une contre-offensive tant attendue, l’Ukraine a revendiqué des gains modestes, de premières avancées pour une opération appelée à durer face à des Russes ayant considérablement renforcé leurs positions défensives ces derniers mois.

Un flou volontaire continue de flotter sur les opérations en cours, et l’Ukraine assure que le gros de ses troupes n’est même pas encore engagé, et les analystes s’accordent à dire que Kiev est encore dans une phase initiale de son offensive. Mais une chose est sûre, la libération de huit villages sur une centaine de km2 n’a pas été facile.

Selon un rapport du renseignement britannique, « les deux camps subissent de lourdes pertes » et « les forces russes mènent souvent des opérations défensives relativement efficaces ». Des journalistes de l’AFP ont pu se rendre sur des positions ukrainiennes le long de la ligne de front, du Donbass au Sud, obtenant des indications sur la dynamique actuelle de la progression de Kiev et sur le coût humain et matériel de cette opération.

Trois axes principaux : Bakhmout, Orikhiv et Vougledar

Les attaques ukrainiennes se concentrent sur trois axes principaux : Bakhmout, la zone d’Orikhiv (sud) et la zone de Vougledar (sud-est), où la plupart des huit localités que Kiev revendique avoir reprises aux troupes russes se trouvent. Sur ce terrain d’action, l’AFP a pu échanger avec des soldats de la 68e brigade de chasseurs, une unité d’infanterie équipée avec des véhicules blindés américains MRAP.

Selon eux, les forces russes ont opposé une importante résistance dans le village de Blagodatné, à 50 km au sud-ouest de Donetsk, où des cadavres de soldats russes gisaient encore, quelques jours après sa libération. « Il a fallu deux jours pour ‘nettoyer la zone’. C’était vraiment difficile pour nos gars d’expulser (les Russes) d’ici », raconte à l’AFP « Vinni », un infirmier militaire. Le commandant-adjoint de la brigade, de son nom de guerre « Lermontov », se dit lui confiant à ce stade pour la suite des opérations et dit vouloir reprendre la principale ville du Donbass, Donetsk, aux mains des forces installées par Moscou depuis 2014. La difficile campagne des Ukrainiens n’a pas été sans échecs.

Le 8 juin, les forces russes ont affirmé avoir repoussé une colonne de blindés sur la ligne de front, au sud d’Orikhiv, dans la région de Zaporijjia (sud). Des images de drones russes montraient sur les réseaux sociaux ce qui semblaient être des chars allemands Leopard et des blindés américains Bradley endommagés, le président russe Vladimir Poutine évoquant quelques jours plus tard des pertes ukrainiennes quasiment « catastrophiques ». « Dans notre unité, six des dix Bradley ont été détruits et trois autres endommagés », a confirmé à l’AFP un soldat de la 47e brigade mécanisée, rencontré proche de la ligne de front.

Un officier ukrainien, avec qui l’AFP a échangé séparément, a toutefois affirmé que les pertes humaines étaient finalement moins importantes que craintes initialement, le blindage de ces engins ayant en partie protégé leurs équipages, selon lui. En plus de ces assauts sur le front sud, la bataille continue autour de Bakhmout, ville prise par les forces russes en mai au prix d’innombrables pertes dans les deux camps après une dizaine de mois de combats. Les hommes du groupe paramilitaire russe Wagner se sont depuis retirés de la zone, laissant leur place à l’armée régulière, ce qui a donné l’opportunité aux Ukrainiens d’attaquer les flancs de la ville.

L’Ukraine teste encore le front

Appuyée par de l’équipement lourd occidental, dont des canons auto-moteurs allemands Panzerhaubitze 2000, l’armée ukrainienne a avancé de plusieurs centaines de mètres, malgré l’utilisation importante de drones russes explosifs. Selon des experts militaires, avec ses multiples opérations, l’Ukraine teste encore actuellement le front pour tenter de déterminer d’éventuels points faibles dans la défense russe.

Ainsi, d’autres attaques ailleurs sont tout à fait possible. Dans la région de Lougansk (est), la Russie s’y prépare, selon l’armée ukrainienne. « Les forces russes sont en train de creuser des tranchées encore plus profondes », affirme un soldat ukrainien de 47 ans, qui répond au nom de « Général » du fait de sa barbe grisonnante.

Des officiers expliquent de leur côté à l’AFP que l’artillerie russe est elle devenue beaucoup moins active, signe, selon eux, que l’armée russe économise ses munitions pour pouvoir faire face à une éventuelle attaque. Un commandant ukrainien opérant dans la zone, « Tooth », soupçonne lui que certaines des troupes de Moscou avaient été redéployées sur le sol russe pour repousser les attaques de combattants russes pro-ukrainiens, des opérations analysées par des observateurs comme faisant partie de la tactique de Kiev pour étirer les lignes adverses.

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