Un composé présent dans le brocoli pourrait aider à dissoudre les caillots sanguins et prévenir les accidents vasculaires cérébraux (AVC)

Par Allison DeMajistre
27 mars 2024 20:10 Mis à jour: 29 mars 2024 09:26

Le sulforaphane, une substance chimique naturelle présente dans le brocoli et d’autres légumes crucifères, pourrait révolutionner le traitement des accidents vasculaires cérébraux.

Des chercheurs du Heart Research Institute (HRI) en Australie ont découvert qu’un légume commun consommé par des millions de personnes chaque jour pourrait être en mesure de prévenir et de traiter une des principales causes de décès dans le monde.

L’étude, publiée dans la revue ACS Central Science, présente les résultats d’une recherche de trois ans sur la façon dont une substance chimique naturelle présente dans le brocoli peut aider à dissoudre les caillots sanguins et à améliorer l’action d’un médicament commun destiné à briser les caillots et utilisé pour traiter un accident vasculaire cérébral ischémique aigu.

Traitement actuel des accidents vasculaires cérébraux

En France, selon AVC Normandie, on estime à environ 150.000 par an (incidence) le nombre de nouveaux cas d’AVC, soit 1 AVC toutes les 4 minutes. Une personne sur 5 aura un AVC dans sa vie.

Il existe deux types d’AVC : ischémique et hémorragique. Un AVC ischémique se produit lorsqu’un vaisseau sanguin du cerveau est obstrué par un caillot, tandis qu’un AVC hémorragique se produit lorsqu’un vaisseau affaibli du cerveau se rompt et provoque une hémorragie à l’intérieur du cerveau. Selon l’American Heart Association, les accidents vasculaires cérébraux ischémiques représentent 87% de l’ensemble des accidents vasculaires cérébraux.

Le seul médicament actuellement disponible pour traiter un accident vasculaire cérébral ischémique aigu est l’activateur tissulaire du plasminogène (tPA), un agent thrombolytique qui rompt les caillots sanguins et rétablit un flux sanguin adéquat vers le cerveau. Malheureusement, le tPA présente de sérieuses limites et des dangers potentiels, notamment des hémorragies cérébrales dont le taux de mortalité peut atteindre 45%.

Xuyu Liu, chercheur principal de l’étude et titulaire d’un doctorat en biologie chimique, a déclaré en 2022 : « Les traitements actuels sont une arme à double tranchant : en éliminant les caillots sanguins, ils augmentent le risque d’hémorragie cérébrale pour les patients qui doivent subir une intervention chirurgicale d’urgence. Nous cherchons des indices dans la nature pour trouver ce médicament anticoagulant magique qui peut agir là où c’est nécessaire tout en permettant aux patients de recevoir des traitements antithrombotiques ».

Les chercheurs de l’HRI ont découvert que la substance chimique naturelle contenue dans le brocoli, le sulforaphane, peut améliorer les performances du tPA et pourrait conduire à de nouveaux médicaments plus sûrs et plus efficaces pour traiter les accidents vasculaires cérébraux aigus.

« Nous savons que manger beaucoup de fruits et de légumes frais et des aliments pauvres en graisses saturées peut aider à prévenir les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux, mais certains de ces mêmes légumes peuvent-ils traiter et faire reculer les accidents vasculaires cérébraux ? Je pense que oui et mon équipe travaille à le prouver au niveau moléculaire », a déclaré Xuyu Liu dans l’entretien accordé à HRI en 2022.

Propriétés protectrices du sulforaphane

Lors d’une interview accordée à une radio australienne, Xuyu Liu a déclaré que son équipe avait commencé à étudier le brocoli et d’autres légumes crucifères il y a trois ans en passant au crible une bibliothèque de plus de 100 produits naturels issus d’une alimentation saine afin de trouver un produit dont les propriétés permettraient de prévenir la formation de caillots sanguins dans le cerveau.

L’expérience de Xuyu Liu consistait à trouver des moyens de prévenir le cancer par une alimentation saine, mais lorsqu’il a pris ses fonctions actuelles à l’IRH, il a décidé d’étudier le sulforaphane dérivé des légumes crucifères et la manière dont il pourrait potentiellement traiter les caillots sanguins dans le système circulatoire.

Selon Xuyu Liu, le sulforaphane ne se limite pas au brocoli. Lors de l’entretien radiophonique, il a déclaré que les légumes crucifères produisent du sulforaphane comme mécanisme de protection contre les insectes ou d’autres types de destruction.

Par exemple, un morceau de brocoli intact ne contient pas de sulforaphane. Ce n’est que lorsqu’il est haché ou mâché qu’il subit une réaction chimique qui produit du sulforaphane. Les propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires du sulforaphane sont conçues pour protéger la plante, mais lorsqu’il est ingéré par l’homme, des études ont révélé que le sulforaphane possède de nombreuses qualités anticancéreuses et protectrices pour la santé.

Résultats et prochaines étapes

« Ce que nous avons découvert lors d’un essai préclinique, c’est que le taux de réussite du tPA passe à 60% [sic] lorsque le médicament est administré avec le sulforaphane, le dérivé du brocoli », a déclaré Xuyu Liu lors d’une interview . « Il est intéressant de noter que ce composé naturel ne provoque aucun signe de saignement, ce qui est un effet secondaire courant associé aux anticoagulants testés dans le traitement des accidents vasculaires cérébraux.

Les essais précliniques ont montré que l’administration de sulforaphane réduisait la formation de caillots sanguins tout en améliorant l’action du tPA. Les premiers essais ont également montré que le sulforaphane pouvait ralentir l’apparition de l’accident vasculaire cérébral.

« Non seulement le composé du brocoli est efficace pour améliorer la performance des médicaments anti-coagulation après un accident vasculaire cérébral, mais il pourrait être utilisé comme agent préventif pour les patients présentant un risque élevé d’accident vasculaire cérébral », a déclaré Xuyu Liu.

La prochaine étape pour Xuyu Liu consiste à trouver des fonds pour réaliser des essais cliniques sur l’homme, dans l’espoir de mettre au point un nouveau traitement préventif et anticoagulant d’ici cinq ans. « Ce produit naturel a déjà été utilisé pour prévenir le cancer, je pense donc que nous avons de solides arguments en termes de sécurité et d’autres propriétés pharmacologiques », a-t-il déclaré lors de l’entretien radiophonique.

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