Un décret ré-autorise l’injection de Rivotril aux patients en Ehpad si suspectés d’être atteints du coronavirus

Par Emmanuelle Bourdy
28 octobre 2020 08:27 Mis à jour: 28 octobre 2020 08:27

Interviewé par CNews, le docteur Gonzo tire la sonnette d’alarme. Il explique pourquoi le Décret n° 2020 1262 du 16 octobre 2020 (ré)autorise l’injection de Rivotril aux patients en Ehpad et à domicile, lorsque suspectés d’être atteints du Coronavirus.

Ce décret stipule que « le Rivotril sous forme injectable peut faire l’objet d’une dispensation en vue de la prise en charge des patients atteints ou susceptibles d’être atteints par le virus SARS-CoV-2 dont l’état clinique le justifie ».

Le Rivotril est une benzodiazépine (anxiolytique puissant), c’est un puissant sédatif prescrit contre l’épilepsie. Mais il est contre-indiqué en cas de détresse respiratoire, car il provoque la mort en quelques heures. Le décret étend sa prescription sous forme injectable aux suspicions de Covid. Il est donc clairement utilisé pour « accompagner jusqu’au décès » les malades du Coronavirus qui sont refusés à l’hôpital et laissés seuls sans aucun soin ni traitement.

« En prenant une moyenne de 640 boîtes mensuelles délivrées, il est possible de calculer l’excès de boîtes de Rivotril injectable délivrées sur la période de mars à août 2020 : 19 842 ampoules », indique l’un des tweets du docteur Gonzo.

Sur CNews, le docteur Gonzo déclare : « Il n’y a pas d’anticipation, pas de coordination. Sur le terrain […] y’a trop de malades qui arrivent, et donc il y a des malades qu’on peut plus prendre à l’hôpital, et les malades qu’on [ne] peut plus prendre à l’hôpital, c’est les patients des Ehpad, c’est les personnes les plus âgées, les plus fragiles. » Et comme « il n’y a pas assez de place, il n’y a pas assez de lits », alors « les Ehpad sont sacrifiés », et c’est un problème dont on « n’entend pas beaucoup parler ».

Le docteur explique que « ça ne veut pas dire que dans les Ehpad on ne les soigne pas », il précise : « On peut peut-être dispenser quelques soins », mais il ajoute que dans certains Ehpad, « il n’y a pas d’infirmières », dans certains autres, « il n’y a pas de médecins » et pour d’autres encore, « c’est des appartements, donc en fait il n’y a même pas d’oxygène. »

« Il y a des clusters dans énormément d’Ehpad », déclare-t-il encore. Il souligne : « Dans les Ehpad, ce [ne sont] pas que des gens déments, il y a aussi des gens juste âgés, qui finissent leur vie tranquillement et qui mériteraient un peu de soins. » « Les Ehpad, c’est symptomatique et en même temps c’est symbolique, puisqu’en fait, c’est un secteur du médico-social qui a été complètement abandonné », et « il ne relève même pas du Ségur 1 pour avoir un peu d’avantages », fait-il encore remarquer. Il conclut : « J’ai des témoignages d’infirmières en pleurs. »

France-Soir relate un témoignage laissé sur la radio France Culture par « Virginie », salariée d’un groupement public d’EHPADs du Val-de-Marne, habituellement en charge de la « gestion administrative » et qui s’était mise à la disposition de son établissement comme agente de bionettoyage pendant la crise sanitaire en mars dernier. Virginie témoigne du refus d’hospitalisation de résidents, ainsi que des traitements légalisés d’accompagnement à la fin de vie.

Elle explique que dans les Ehpad, « on trie, il n’y a pas un hôpital qui ne trie pas les patients. Ça s’appelle la perte de chance. On a 1 lit, on a 4 malades qui viennent, on va hospitaliser celui qui a le plus de chances de survivre et de s’en tirer. On va évaluer ses chances. Et l’hôpital public, c’est ça aujourd’hui ». « Le gouvernement, il nous a sorti un décret le 28 mars qui nous dit, en EHPAD vous avez le droit d’utiliser le Rivotril. […] On a le droit de sédater les résidents. Ce décret, il dit ben écoutez, comme de toute façon on n’a pas les moyens de les prendre à l’hôpital, quand ils sont vraiment au bout de leur vie en fin de vie, n’hésitez pas à les sédater, pour éviter qu’ils ne souffrent », précise-t-elle encore.

« Quand vous êtes vieux, très vieux, et malade et que vous êtes en EHPAD, on ne vous prend pas en compte. Donc, il y a un vrai problème d’âgisme (discrimination ou ségrégation à l’encontre des personnes âgées, selon le Larousse illustré 2020). Et il y a un problème aussi sur l’accompagnement de fin de vie, bien sûr. Si on prenait en compte réellement la fin de vie dans notre pays, les EHPADs ne souffriraient pas d’un manque de moyens depuis tant d’années », conclut Virginie.

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