Un haut fonctionnaire publie un livre sur la corruption en Chine et se fait licencier

Par Nicole Hao
12 août 2020 16:41 Mis à jour: 13 août 2020 14:01

Les autorités de la province chinoise de Jilin ont récemment licencié un fonctionnaire après la parution de son livre controversé.

La suite d’événements qui a conduit à son licenciement met en évidence les luttes intestines au sein du Parti communiste chinois (PCC).

He Dian, secrétaire adjoint du Parti et directeur exécutif adjoint du département de la sécurité publique de Jilin, a été démis de ses fonctions le 31 juillet.

L’organisme de surveillance fu Parti contre la corruption, la Commission centrale d’inspection disciplinaire (CCDI), a commencé à enquêter sur He Dian et le gouvernement de la province de Jilin après que He Dian a publié un livre intitulé Ping’an Jing, qui signifie en gros « livre de la paix« .

Controverse

Le livre de He Dian n’a pas attiré l’attention des gens en dehors de la province de Jilin avant le 27 juillet.

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Ce jour-là, un internaute a partagé sept pages du livre sur Weibo, une plateforme de médias sociaux similaire à Twitter. Les phrases répétaient « ping an », ce qui signifie être en paix ou être en sécurité, encore et encore, avec différents sujets.

Le contenu pouvait être traduit comme tel : « Souhaitant que les yeux soient en paix, souhaitant que les oreilles soient en paix, souhaitant que le nez soit en paix… souhaitant que vous soyez en paix à l’âge d’un an, souhaitant que vous soyez en paix à l’âge de 2 ans… souhaitant que les gens soient en sécurité à la gare de Pékin, souhaitant que les gens soient en sécurité à la gare de Xi’an, souhaitant que les gens soient en sécurité à la gare de Zhengzhou […] «  Le texte se poursuit dans un format similaire tout au long de l’ouvrage.

Selon le site web de l’imprimerie, le livre a été imprimé en décembre 2019. Il a été mis en vente en janvier 2020 au prix de 299 ¥ (36,67 €).

En mai, le livre a été imprimé une deuxième fois, après la rupture de stock de la première édition. Les fonctionnaires de Jilin ont acheté les exemplaires et en ont fait l’éloge sur les médias sociaux. Les médias publics locaux ont également fait des critiques élogieuses du livre.

L’auteur du livre était He Dian, un haut fonctionnaire local. Selon le journal People’s Daily, porte-parole du PCC, il est âgé de 57 ans, a un doctorat en droit, est professeur à l’université normale du Nord-Est et inspecteur de police. En novembre 2019, il a été promu secrétaire adjoint du Parti et directeur exécutif adjoint du département de police de Jilin.

Après que son livre a été exposé sur les médias sociaux, les internautes ont remarqué qu’il y avait un contraste flagrant entre le langage simple du livre et son bagage éducatif.

Le post de Weibo a été partagé à de nombreuses reprises.

Un employé vérifie les livres à la bibliothèque provinciale de Hubei à Wuhan, en Chine, le 14 juin 2020. (Getty Images / Stringer)

Un grand changement

Le 29 juillet, le CCDI, l’organisme de surveillance du Parti contre la corruption, a publié un article de commentaire sur son site officiel, affirmant que le livre de He Dian « manquait tellement de culture qu’il a totalement mis en colère les gens ».

L’organisme de surveillance contre la corruption a ensuite ordonné aux autorités locales de Jilin, y compris au département de la Propagande, d’enquêter sur He Dian et sur les autres fonctionnaires qui étaient derrière la publication du livre.

La chaîne de télévision publique CCTV, l’agence de presse Xinhua et le People’s Daily ont depuis commenté le livre, affirmant haut et fort qu’un livre aussi simpliste a pu être publié grâce au « léchage de bottes » des fonctionnaires.

La commission provinciale de Jilin a annoncé une enquête sur le livre le 29 juillet. Le lendemain, les médias publics ont rapporté qu’il avait avoué son mauvais comportement lors d’une réunion interne avec le département de la police provinciale.

Le 31 juillet, il a été démis de ses fonctions.

Sur Weibo, de nombreux internautes chinois ont fait part de leur opinion sur la débâcle.

Li Shenye 292 a publié le 31 juillet qu’il spéculait sur le fait qu’il s’était retrouvé dans la ligne de mire des autorités parce qu’il avait mis ses patrons en colère.

Les commentaires de Li Shenye ont trouvé un écho auprès des internautes, qui ont exprimé leur colère face à la corruption au sein de l’administration chinoise.

Le site chinois de Radio France International, dans un article d’opinion, a noté que « le livre reflète la corruption profonde et l’instabilité de l’administration chinoise ».

L’article expliquait dans son analyse que les autorités purgeaient probablement les fonctionnaires qui n’étaient pas loyaux envers le dirigeant actuel Xi Jinping.

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