Un homme paralysé depuis 12 ans marche de nouveau grâce à des implants cérébraux et médullaires

Par Katabella Roberts
26 mai 2023 07:29 Mis à jour: 26 mai 2023 07:29

Un homme paralysé a pu remarcher pour la première fois depuis des années en utilisant simplement la puissance de son mental grâce à des implants placés dans son cerveau et sa moelle épinière.

Gert-Jan Oskam, Néerlandais de 40 ans, est paralysé des jambes et partiellement des bras suite à un accident de vélo survenu il y a 12 ans, au cours duquel il a subi des lésions de la moelle épinière.

Les médecins lui ont annoncé qu’il ne remarcherait plus jamais.

Cependant, après avoir été doté d’un dispositif baptisé « interface cerveau-épine dorsale », M. Oskam a retrouvé la capacité de bouger volontairement ses jambes et ses pieds, rien qu’en y pensant, d’après une étude publiée le 24 mai dans la revue Nature.

Selon des chercheurs, il peut désormais se tenir debout, monter des escaliers et même traverser des terrains complexes à l’aide d’une prothèse ambulatoire.

« J’ai l’impression d’être un enfant en bas âge qui réapprend à marcher », a déclaré M. Oskam à la BBC. « Le chemin parcouru est considérable, mais je peux désormais me lever et boire une bière avec mon ami. C’est un plaisir que beaucoup de gens ne soupçonnent pas. »

Une équipe internationale de chercheurs, dirigée par le Dr Grégoire Courtine, le professeur Jocelyne Bloch et d’autres chercheurs de l’École polytechnique fédérale de Lausanne, a équipé M. Oskam d’une interface cerveau-épine dorsale, qui fonctionne en créant un lien direct entre « les signaux corticaux et la modulation analogique d’une stimulation électrique épidurale ciblant les régions de la moelle épinière impliquées dans la fonction marche ».

Fonctionnement du dispositif

En d’autres termes, le dispositif a rétabli le lien neurologique entre le cerveau et la moelle épinière, qui est généralement rompu lors d’accidents tels que celui de M. Oskam.

Le dispositif a été implanté dans la boîte crânienne de M. Oskam, ce qui signifie qu’il n’est pas visible. Lorsque M. Oskam souhaite marcher, l’implant détecte l’activité électrique du cortex, la couche externe du cerveau, et envoie des ondes cérébrales sans fil à un ordinateur que M. Oskam porte dans un sac à dos.

L’information est ensuite transmise à un générateur d’impulsions inséré dans la moelle épinière, qui active les muscles et lui permet de produire les mouvements nécessaires.

Gert-Jan Oskam, 40 ans, victime d’une lésion de la moelle épinière qui l’a laissé paralysé, pose avec ses implants qui lui permettent de marcher naturellement lors d’une conférence de presse à Lausanne, en Suisse, le 23 mai 2023. (Fabrice Coffrini/AFP via Getty Images)

M. Oskam a également suivi une quarantaine de séances de rééducation à l’aide de l’interface cerveau-épine dorsale, à l’issue desquelles il a pu retrouver la capacité de bouger volontairement ses jambes et ses pieds.

Les chercheurs estiment que les mouvements de M. Oskam n’auraient pas été possibles avec la seule stimulation de la colonne vertébrale. Les séances d’entraînement « ont favorisé la récupération des cellules nerveuses » qui n’avaient pas été complètement détruites lors de son accident.

Non seulement M. Oskam peut marcher en utilisant ce dispositif, mais il peut également marcher sur de courtes distances sans ce dispositif, en utilisant des béquilles.

Des résultats qui changent la vie des victimes de lésions de la moelle épinière

M. Oskam assure que cet implant a changé sa vie.

« Lorsque je décide de faire un pas, le simulateur se met en marche, dès que j’y pense », a expliqué M. Oskam dans un communiqué de presse. « La semaine dernière, j’avais quelque chose à peindre. Personne ne pouvait m’aider. J’ai donc pris le déambulateur et la peinture, pour faire le travail moi-même en restant debout ».

Si ces résultats ont été salués par de nombreuses personnes, Antonio Lauto, ingénieur biomédical de l’université Western Sydney, en Australie, estime qu’un dispositif moins invasif serait mieux adapté, notant que l’un des implants placés dans la boîte crânienne de M. Oskam a dû être retiré environ cinq mois après sa mise en place, suite à une infection.

Les chercheurs ont indiqué qu’ils prévoyaient maintenant de rendre cette technologie plus rationnelle. Ils ont également recruté trois personnes pour déterminer si un dispositif similaire peut permettre de recouvrer les mouvements des bras.

« Il y a toujours un risque d’infection ou d’hémorragie, mais il est si faible que le jeu en vaut la chandelle », a déclaré M. Bloch dans le communiqué de presse.

« L’important pour nous n’est pas seulement de réaliser un essai scientifique, mais aussi de permettre à un plus grand nombre de personnes souffrant de lésions de la moelle épinière d’y avoir accès, alors qu’elles ont l’habitude d’entendre les médecins leur dire qu’elles doivent se faire à l’idée qu’elles ne pourront plus jamais marcher », a déclaré M. Bloch à la BBC.

Environ 17.700 Américains sont victimes d’une lésion de la moelle épinière chaque année, dont près de 40% à la suite d’un accident de la route et plus de 30% lors d’une chute, selon l’association United Spinal Association.

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