« Un silence stupéfiant dans la salle »: la Hongrie confronte les ministres de l’UE avec une vidéo sur la sécurité des frontières

Les politiques de l'UE devraient voir de leurs propres yeux ce que signifie la crise migratoire, affirme le gouvernement hongrois. Une vidéo de la frontière hongroise montrant des tentatives d'intrusion violentes a été montrée aux ministres de l'Intérieur de l'UE à Bruxelles

Par Mária S. Szentmagyari
19 décembre 2023 12:50 Mis à jour: 19 décembre 2023 19:09

« Fini les décisions sur l’immigration clandestine prises derrière des bureaux. Nous ne pouvons pas prendre de décisions sur le sort des pays et des nations sans voir ou refuser de voir la menace réelle des migrants illégaux », a déclaré Bence Rétvári, secrétaire d’État au ministère hongrois de l’Intérieur.

Bence Rétvári a profité d’une réunion des ministres de l’Intérieur de l’UE début décembre pour leur montrer un film tourné à la frontière entre la Hongrie et la Serbie. On y voit comment les policiers et les gardes-frontières, qui protègent l’une des frontières extérieures de l’UE, sont attaqués. Certains assaillants semblent également être armés d’armes à feu. Les policiers « risquent leur vie pour empêcher les migrants d’atteindre les frontières de la Hongrie et de l’UE. Il est temps que Bruxelles regarde la réalité en face », a-t-il poursuivi.

Résistance à la projection de la vidéo

Jeudi 7 décembre, Bence Rétvári a affirmé à la télévision nationale hongroise que les ministres des États membres de l’UE étaient régulièrement invités par la Hongrie à évaluer personnellement la situation à la frontière. Mais ils ne le font pas. C’est pourquoi il a voulu montrer le film à Bruxelles.

Il a également expliqué qu’il n’avait pas été facile d’imposer la présentation de la vidéo. Les représentants de l’UE ont essayé de lui « refuser » la présentation du film. Ils auraient dit, entre autres, que ce genre de choses « ne se fait pas normalement ici » et qu’il valait mieux « retirer la demande ».

De même, le film ne devait être diffusé qu’en toute fin d’ordre du jour. « À ce moment-là, beaucoup de ministres ne sont même pas dans la salle », selon la page Facebook de Bence Rétvári. Et d’ajouter : « Pourquoi ne veulent-ils pas laisser la réalité entrer dans les salles de réunion bruxelloises ? »

« Un silence stupéfiant dans la salle »

Finalement, les responsables ont toutefois autorisé la projection. L' »effet » sur les 27 ministres de l’Intérieur n’a pas manqué, selon Bence Rétvári. Il a également publié le film dans son intégralité sur sa page Facebook.

Après la réunion, plusieurs politiciens auraient demandé aux Hongrois de leur envoyer la vidéo et leur auraient dit qu’ils aimeraient la montrer dans leur pays. Bence Rétvári n’a pas cité de noms ou de pays spécifiques. Il a toutefois déclaré qu’il y avait « un silence stupéfiant dans la salle » et que le contenu était totalement nouveau pour beaucoup. Plusieurs députés ont pris des photos avec leur téléphone portable.

Il a ajouté que les Hongrois s’opposaient à l’immigration clandestine parce qu’ils étaient confrontés directement à ceux qui tentaient de pénétrer dans l’UE et à la manière dont ils se comportaient.

C’est pourquoi il est « totalement irréaliste » de s’attendre à ce que les policiers qui viennent d’être attaqués s’approchent des agresseurs en souriant, formulaires à la main, et leur demandent « si possible dans leur langue comment ils peuvent les aider », a expliqué le secrétaire d’État hongrois.

Lors d’une conférence de presse à Bruxelles, l’homme politique a également indiqué que l’Union européenne pouvait désormais décider de la direction à prendre : « Réintroduire des contrôles sur 7.500 kilomètres de ses frontières intérieures ou stopper l’immigration illégale sur 440 kilomètres le long […] de la frontière extérieure de l’Union européenne ». La Hongrie soutient cette dernière solution.

Attiser la peur ?

Des commentaires de soutien pour la vidéo de Bence Rétvári ont été postés sur Facebook, mais aussi des remarques critiques indiquant que le maintien des conditions à la frontière est bon pour le récit politique du gouvernement hongrois. Si la situation était effectivement aussi critique, le gouvernement pourrait, en effet, intervenir plus durement et renforcer la coopération avec les forces de police serbes, expriment-ils.

Certains partis d’opposition hongrois ont déclaré à plusieurs reprises depuis la crise des réfugiés de 2015 qu’Orbán avait délibérément attisé la peur en manipulant les rapports sur l’immigration afin de se présenter aux électeurs comme un chef de gouvernement axé sur la sécurité.

Récemment, le Premier ministre Viktor Orbán a déclaré à ce sujet à la radio hongroise « Kossuth » que les prévisions du gouvernement hongrois en matière de migration « semblent se réaliser » malgré toutes les critiques. Selon lui, il existe un lien direct entre sa politique migratoire et le faible risque terroriste dans le pays – contrairement à d’autres pays de l’UE.

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