Un triomphe en bois : « Saint-Georges terrassant le dragon » en Suède

La sculpture en chêne "Saint-Georges terrassant le dragon" de la cathédrale de Stockholm représente l'éternel combat du Bien et du Mal

Par Lorraine Ferrier
27 avril 2025 15:44 Mis à jour: 27 avril 2025 15:45

De nombreuses personnes dans le monde célèbrent la fête de la Saint-Georges le 23 avril, jour de son martyre. Il est le saint patron de l’Angleterre, de la Géorgie et de l’Éthiopie, pour ne citer que quelques pays. Il est vénéré pour sa foi, son courage et sa force d’âme.

Georges est né au IIIe siècle en Cappadoce, une région historique aujourd’hui connue sous le nom d’Anatolie centrale, en Turquie. Officier romain (l’équivalent d’un colonel), il a refusé de renier sa foi chrétienne sous le régime païen de l’empereur Dioclétien. La piété de Georges lui a valu d’être persécuté, torturé et décapité vers l’an 303 à Nicodème, près de Lydda, en Palestine (aujourd’hui Israël).

Le pape Gélase a canonisé Georges en 494. Il a compté Georges parmi ceux « dont les noms sont justement vénérés parmi les hommes, mais dont les actes ne sont connus que de Dieu ».

Bien que Georges n’ait jamais été chevalier, de nombreuses représentations artistiques du saint à partir de l’époque médiévale le montrent en armure étincelante en train de terrasser un dragon (souvent le symbole chrétien du mal, de Satan ou du paganisme).

Une réplique en bronze de 1912 de la sculpture Saint-Georges terrassant le Dragon de la cathédrale de Stockholm se trouve à Kopmantorget, Gamla Stan (le quartier de la vieille ville) de Stockholm. La réplique en bronze comprend également la princesse, qui n’est pas photographiée ici. (Nowaczyk/Shutterstock)

La version la plus populaire de la légende de saint Georges et du dragon est tirée de la Legenda Aurea (Légende dorée), un recueil de 153 hagiographies (biographies de saints) écrites par le chroniqueur italien et archevêque de Gênes Jacques de Voragine entre 1250 et 1280.

L’imprimeur William Caxton a publié en 1483 une adaptation anglaise du recueil, basée sur l’œuvre latine de Voragine et sur deux autres traductions en français et en anglais.

Dans la version de M. Caxton, un dragon tourmentait Silène, une ville de l’actuelle Libye. Les habitants de la ville l’apaisaient en lui offrant des sacrifices. George est tombé par hasard sur une princesse qui attendait le dragon et sa mort certaine. William Caxton a écrit :

« Alors que [la princesse et saint Georges] parlaient ensemble, le dragon est apparu et a couru vers eux. Georges était sur son cheval, a tiré son épée et a fait le signe de la croix. Il a foncé sur le dragon qui s’avançait vers lui, l’a frappé de sa lance en le blessant grièvement et l’a jeté par terre. »

Georges a alors dit à la princesse de se servir de sa ceinture comme d’une laisse et de conduire le dragon blessé jusqu’à la ville de Silène pour qu’il soit entendu par le roi et les habitants de la ville.

William Caxton poursuit le récit : « Saint-Georges leur dit : Ne doutez de rien, sans plus, croyez en Dieu, Jésus-Christ, et faites-vous baptiser, et je tuerai le dragon. » Après le baptême du roi et de ses sujets, Georges a accomplit son vœu et a tué le dragon.

La sculpture Saint Georges terrassant le dragon de la cathédrale de Stockholm représente Georges levant son épée, alors qu’il vient de transpercer le dragon. On voit également la princesse que Georges a sauvée d’une mort certaine. Des scènes de la vie du saint tapissent le socle de la sculpture  Saint-Georges et le dragon. (JoaLacerda/Shutterstock)

Saint-Georges en Suède

Une spectaculaire sculpture en bois de Saint-Georges terrassant le dragon se dresse dans la Storkyrkan (la grande église), également connue sous le nom de cathédrale de Stockholm (l’église Saint-Nicolas).

Le régent suédois Sten Sture le Vieil avait commandé cette sculpture pour commémorer sa victoire de 1471 à la bataille de Brunkeberg, au cours de laquelle il avait battu Christian Ier, roi de Norvège et du Danemark. Elle a été installée en 1489.

D’une hauteur d’environ 5 mètres, cette sculpture en chêne polychrome est largement considérée comme le chef-d’œuvre du sculpteur allemand Bernt Notke. Plusieurs mains habiles ont aidé le sculpteur Notke (vers 1440-1509) à créer cette œuvre. Au Moyen Âge, les artisans travaillaient ensemble dans des ateliers. Dans l’atelier de Bernt Notke, ils créaient des peintures, des tapisseries et des sculptures en bois, en particulier des retables.

Bernt Notke et son atelier ont capturé le moment où George lève son épée pour décapiter le dragon. Sculpté de façon dynamique dans le bois et embelli par le travail du métal, George est assis à califourchon sur son cheval qui se cabre. Il vient de transpercer le dragon qui recule, agonisant, sur le sol. Le dragon couché pousse un cri de douleur. Il se stabilise à l’aide d’une patte et, dans une ultime tentative de survie, il essaie d’arracher la lance brisée avec son autre griffe. Georges brandit son épée au-dessus de sa tête, comme s’il s’apprêtait à porter le coup de grâce.

La sculpture Saint Georges terrassant le dragon, 1489, attribuée à Bernt Notke. Chêne polychrome, pierres précieuses, cheveux, corde, pierre, cuir, ferronnerie et bois d’élan. Cathédrale de Stockholm. La sculpture comprend également la princesse, qui n’est pas représentée sur cette image. (HerculesKriticos/Shutterstock)

L’emplacement astucieux de la lance brisée et de la griffe du dragon sur le corps du cheval, réalisé par le sculpteur, soutient l’ensemble de la structure.

L’assurance de Georges traduit sa juste foi. Il est droit sur sa selle, avec un regard éthéré qui ne faiblit pas face à un danger imminent. Tout près, la princesse observe, la tête légèrement inclinée et les mains en prière.

Cette image de la sculpture Saint-Georges terrassant le dragon de la cathédrale de Stockholm montre les bois d’élan qui font partie du corps du dragon. (MikhailMarkovskiy/Shutterstock)

La sculpture présente des motifs significatifs. Parmi les pendentifs du harnais du cheval figurent la croix et les armoiries de Sture, avec trois nénuphars stylisés. Un agneau se tient derrière la princesse, symbolisant la brebis sacrifiée pour apaiser le dragon. C’est aussi l’agneau du Christ, représentant Son sacrifice pour l’humanité.

Outre les personnages, des sculptures en bas-relief ornent les socles. Elles représentent des scènes de la vie du saint sur le socle de saint-Georges avec le dragon, et des scènes de saint-Georges à Silène sur le socle de la princesse. Ils témoignent de l’habileté des artisans de l’atelier en matière de sculpture et de narration.

La sculpture Saint-Georges terrassant le dragon de l’artiste Notke est l’exemple même de l’artisanat d’art qui illustre l’éternel combat entre le Bien et le Mal.

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