Verdict Cédric Jubillar : les raisons d’une condamnation à trente ans de prison
La cour d'assises du Tarn a rendu public jeudi les motivations détaillées de sa décision concernant Cédric Jubillar, condamné à trente années de réclusion criminelle pour le meurtre de son épouse Delphine. Dans un arrêt de douze pages, la juridiction explique pourquoi elle a prononcé cette peine particulièrement lourde, malgré l'absence du corps de la victime, disparue depuis la fin de l'année 2020.

Le 6 mars 2025, des bougies et des fleurs déposées devant la maison de Delphine et Cédric Jubillar à Cagnac-les-Mines.
Photo: LIONEL BONAVENTURE/AFP via Getty Images
Le verdict de culpabilité, prononcé le 17 octobre dernier, met fin à une affaire qui a tenu en haleine l’opinion publique française pendant près de quatre ans. La cour d’assises considère que le meurtre conjugal est « caractérisé » et que l’ensemble des éléments du dossier justifie pleinement la sévérité de la sanction.
Un crime qui ébranle les fondements de la société
Dans son arrêt, la cour d’assises souligne avec gravité que Cédric Jubillar « a porté atteinte à l’une des valeurs que la société protège le plus précieusement ». La protection de la vie humaine constitue en effet un principe fondamental de notre ordre juridique, et sa violation appelle une réponse pénale à la hauteur de l’atteinte commise.
La juridiction insiste particulièrement sur la nature du lien unissant l’accusé à sa victime. Les faits sont considérés comme « aggravés par le lien entre l’auteur et la victime dans un contexte de vie conjugale marquée par les insultes, l’humiliation et le rabaissement de la victime ». Cette circonstance aggravante transforme le domicile conjugal, censé être un lieu de protection et de sécurité, en théâtre d’un crime odieux.
L’absence totale de remords, facteur déterminant
Au-delà de la gravité intrinsèque des faits, c’est l’attitude de Cédric Jubillar qui a particulièrement pesé dans la décision des magistrats. En contestant systématiquement sa culpabilité, l’accusé « établit qu’il n’a pas pris la mesure de la gravité de ses actes, ni encore des raisons de son passage à l’acte », observe la cour.
Les juges notent avec sévérité qu’il « n’a exprimé aucun remords, restant autocentré sans aucune remise en question ». Cette absence totale d’introspection et d’empathie a manifestement convaincu la juridiction qu’une peine exemplaire s’imposait. L’incapacité de l’accusé à reconnaître ses torts empêche toute perspective de rédemption ou d’amendement.
Le silence cruel face à la souffrance des enfants
La cour d’assises a également été marquée par l’indifférence de Cédric Jubillar face aux conséquences de ses actes sur ses propres enfants. Les magistrats relèvent son absence de réaction « à l’évocation de la souffrance et des questionnements de ses enfants », privés de leur mère dans des circonstances tragiques.
Plus grave encore, l’accusé « n’a donné aucune information sur l’endroit où se trouve le corps de son épouse, privant la famille de cette dernière d’un lieu de recueillement ». Ce silence ajoute une dimension supplémentaire à la cruauté du crime, prolongeant indéfiniment la souffrance des proches de Delphine Jubillar qui ne peuvent faire leur deuil.
Une défense qui ne désarme pas
Face à cette décision de justice, la défense de Cédric Jubillar a rapidement réagi. Ses avocats, Maître Emmanuelle Franck et Maître Alexandre Martin, ont interjeté appel dès lundi suivant le verdict prononcé vendredi. « Nous allons nous remettre au travail pour préparer cet appel », a déclaré Maître Martin, signalant clairement que le combat judiciaire n’est pas terminé.
Cette procédure d’appel ouvrira un nouveau chapitre dans cette affaire retentissante, offrant à l’accusé une nouvelle chance de présenter sa défense devant une autre cour d’assises. En attendant, Cédric Jubillar demeure incarcéré, condamné à une peine qui reflète la gravité exceptionnelle des faits qui lui sont reprochés et l’absence totale de coopération avec la justice.
Avec AFP

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