Violation de l’espace aérien ukrainien par la Hongrie : pour Viktor Orban ce « n’est pas le problème »

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban s'entretient avec les journalistes à son arrivée à la réunion informelle des chefs d'État et de gouvernement de l'UE au palais de Christiansborg à Copenhague, le 1er octobre 2025.
Photo: THOMAS TRAASDAHL/Ritzau Scanpix/AFP via Getty Images
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a une nouvelle fois jeté de l’huile sur le feu des tensions avec l’Ukraine. Lundi, il a balayé d’un revers de main les accusations de survol illégal de l’espace aérien ukrainien par des drones hongrois, tout en assénant une déclaration fracassante : l’Ukraine ne serait pas un État souverain.
Face aux allégations de Volodymyr Zelensky concernant la violation de l’espace aérien ukrainien par « des drones de reconnaissance probablement hongrois », Viktor Orban adopte une posture pour le moins désinvolte. « Que deux, trois ou quatre drones hongrois aient franchi la frontière ou non n’est pas le problème », a-t-il lancé lors d’un podcast animé par le porte-parole de son parti.
« Disons qu’ils aient volé quelques mètres dans le pays, et alors ? »
Le dirigeant hongrois affirme faire confiance à son ministre de la Défense, Kristof Szalay-Bobrovniczky, qui a catégoriquement démenti ces accusations vendredi derni er. Mais ViktorOrban va plus loin dans la provocation : « Disons qu’ils aient volé quelques mètres dans le pays, et alors ? » Cette déclaration minimise délibérément la gravité d’une potentielle violation de souveraineté territoriale.
Retournant l’argument contre Kiev, le Premier ministre suggère ironiquement que l’Ukraine devrait plutôt « s’inquiéter des drones » russes « à sa frontière orientale », détournant ainsi l’attention du comportement hongrois.
« L’Ukraine dépend de l’Occident » : une déclaration explosive
C’est toutefois la suite de son intervention qui provoque le plus de remous. Selon Viktor Orban, l’Ukraine ne peut prétendre au statut de nation indépendante et souveraine. « C’est nous qui la maintenons à flot, donc elle ne devrait pas se comporter comme si elle l’était », affirme-t-il sans détour.
Le raisonnement du dirigeant populiste repose sur la dépendance économique et militaire de Kiev envers ses alliés occidentaux. « Si l’Occident décidait demain de ne plus donner un seul forint, l’Ukraine s’effondrerait », assène-t-il, utilisant le nom de la monnaie hongroise pour souligner son propos.
Cette rhétorique n’est pas nouvelle dans la bouche d’Orban, qui avait déjà qualifié l’Ukraine d' »État vassal » par le passé. Mais ces déclarations interviennent dans un contexte particulièrement tendu, alors que l’Ukraine se bat pour sa survie face à l’agression russe.
La Hongrie, alliée ambiguë au sein de l’OTAN et de l’UE
La position hongroise détonne au sein de l’Alliance atlantique et de l’Union européenne. Rare pays membre de ces deux organisations à avoir renforcé ses liens avec Moscou depuis l’invasion de février 2022, la Hongrie partage environ 140 kilomètres de frontière avec l’Ukraine occidentale.
Budapest adopte une politique systématiquement hostile aux intérêts ukrainiens : refus d’aide militaire à Kiev, blocage des négociations d’adhésion à l’UE, et obstruction aux sanctions européennes contre la Russie. Cette attitude fait de la Hongrie d’Orban un véritable cheval de Troie russe au cœur des institutions occidentales.
Escalade : guerre de l’information et minorité hongroise
Les tensions ne se limitent pas aux déclarations. Lundi, Budapest a annoncé le blocage de douze sites internet ukrainiens d’information, en représailles au blocage par Kiev de deux sites progouvernementaux hongrois. La guerre médiatique s’ajoute ainsi aux conflits diplomatiques.
Un autre point de friction concerne la minorité magyarophone de Transcarpatie, région ukrainienne frontalière de la Hongrie. Kiev dénonce régulièrement la distribution par Budapest de dizaines de milliers de passeports hongrois à ses citoyens, y voyant une tentative d’influence et de déstabilisation.
Entre provocations verbales, survols présumés et guerre de l’information, les relations entre Budapest et Kiev n’ont jamais été aussi dégradées depuis le début du conflit ukrainien.
Avec AFP

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