Logo Epoch Times

Washington vise des ports chinois liés au pétrole iranien

top-article-image

Un porte-conteneurs entre dans le port de Qingdao, dans la province du Shandong, à l’est de la Chine, le 13 octobre 2025.

Photo: -/AFP via Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 8 Min.

Le 9 octobre, le Bureau du contrôle des avoirs étrangers (OFAC : Office of Foreign Assets Control) du département du Trésor américain a lancé une nouvelle salve de sanctions contre le réseau pétrolier iranien, visant notamment un terminal de brut basé en Chine. Selon des analystes, cette décision va fortement accroître le coût et le risque des importations chinoises de brut iranien, portant un coup à la chaîne d’approvisionnement énergétique du régime communiste.
Ces sanctions interviennent alors que Pékin a élargi ses contrôles à l’exportation sur les terres rares et a ouvert une enquête antitrust visant le géant technologique américain Qualcomm, des actions qui ont poussé le président américain Donald Trump à annoncer un tarif de 100 % sur les produits chinois. Ensemble, ces mesures signalent une escalade majeure de la confrontation commerciale sino-américaine, qui s’étend désormais à l’énergie, à la technologie et aux chaînes d’approvisionnement industrielles.
La dernière vague de sanctions confirme la volonté accrue de Washington de s’attaquer au rôle de Pékin dans le financement des exportations énergétiques de l’Iran, selon des experts.

Washington cible des terminaux pétroliers chinois

L’OFAC indique avoir imposé des sanctions à plus de 50 individus, entités et navires impliqués dans le commerce du pétrole et du gaz de pétrole liquéfié iraniens. À la différence des précédents volets, celui-ci dépasse le cercle des armateurs et négociants pour toucher les infrastructures portuaires, renforçant à la fois la précision et l’effet dissuasif.
Parmi les cibles clés figurent Rizhao Shihua Crude Oil Terminal Co. et Shandong Jincheng Petrochemical Group Co. Selon le Trésor, le port de Lanshan à Rizhao a accueilli plus d’une douzaine de tankers de la « flotte fantôme » transportant des millions de barils de pétrole iranien.
Shandong Jincheng, une raffinerie indépendante dite « teapot », a également importé depuis 2023 des millions de barils de pétrole iranien, pour des centaines de millions de dollars, y compris en provenance de navires sanctionnés pour leur rôle dans le transport de produits pétroliers iraniens, d’après le Trésor.
« Le département du Trésor sape les flux de trésorerie de l’Iran en démantelant des éléments clés de la machine d’exportation énergétique iranienne », a déclaré le secrétaire au Trésor Scott Bessent dans un communiqué.
Cette décision fait suite à une précédente série de sanctions du département d’État, annoncée le 30 juillet, visant 20 autres entités liées au commerce du pétrole et de la pétrochimie iraniens, dont la société chinoise Zhousan Jinrun Petroleum Transfer Co., accusée d’avoir reçu des cargaisons de brut d’origine iranienne.
Il s’agit du quatrième train de sanctions, sous l’administration Trump, ciblant des raffineurs chinois qui continuent d’acheter du pétrole iranien, signe clair de l’intention de Washington de faire pression sur Pékin dans le secteur énergétique.

Coûts et risques juridiques accrus pour les importations chinoises

L’économiste indépendant basé aux États-Unis, Davy J. Wong, a déclaré à Epoch Times que cette série de sanctions est conçue stratégiquement pour « remonter le risque de l’armateur vers l’écosystème portuaire ».
« Lorsque des terminaux et installations de déchargement sont nommément visés, transporteurs, assureurs et agents redoublent de prudence », souligne M. Wong. « Les retards à quai, au déchargement et à l’agrément douanier peuvent sensiblement accroître les coûts et les temps d’escale. »
Si d’autres grands ports chinois pourraient absorber physiquement une partie des cargaisons, l’enjeu principal est, selon lui, leur appétence au risque de sanctions élevé. Le port de Qingdao, en Chine, a déjà durci ses restrictions sur les navires suspectés de transporter du pétrole iranien, note-t-il.
« Il ne s’agit pas d’une coupure totale », poursuit M. Wong. « Mais cela renchérit le coût de la violation des sanctions et rend la conformité beaucoup plus ardue. Les flux de pétrole iranien vers la Chine fluctueront probablement, se renégocieront et reculeront par paliers, sans pour autant disparaître totalement. »
Shen Ming-Shih, chercheur à l’Institut taïwanais de recherche sur la défense nationale et la sécurité, a déclaré à Epoch Times qu’étant donné la forte dépendance de la Chine au brut iranien et russe, « il est possible que tout le pétrole iranien à destination de la Chine tombe sous le coup des sanctions ». Bien que le ralentissement de l’économie chinoise ait réduit la demande globale de pétrole, M. Shen estime que les États-Unis pourraient encore infliger des pénalités supplémentaires à l’Iran comme aux acheteurs chinois.

Pékin durcit le contrôle des terres rares

Les sanctions ont suscité une riposte rapide de Pékin. Le jour même de leur annonce par Washington, le ministère chinois du Commerce a annoncé l’élargissement des contrôles à l’export sur les éléments de terres rares, ajoutant cinq nouveaux matériaux à sa liste de restrictions.
La Chine domine l’industrie des terres rares, représentant 61 % de l’extraction mondiale et 92 % de la production de raffinage, selon l’Agence internationale de l’énergie.
Pékin a enchaîné, le 10 octobre, en lançant une enquête antitrust visant Qualcomm et en imposant des frais portuaires à tous les navires appartenant à des intérêts américains ou battant pavillon américain.
Selon M. Shen, ce calendrier reflète probablement des motivations politiques internes, y compris des manœuvres de factions en amont du Quatrième plénum du Parti communiste chinois, ainsi qu’une volonté d’afficher de la fermeté face aux États-Unis.
« Cela pourrait aussi viser à préparer le terrain à une éventuelle rencontre Trump–Xi lors du sommet de l’APEC », ajoute-t-il.
Dans un message publié sur Truth Social le 10 octobre, Trump a qualifié les actions de la Chine liées aux terres rares « d’extraordinairement agressives », accusant Pékin d’avoir adressé « une lettre extrêmement hostile au monde ».
Le président américain a annoncé dans ce message qu’à partir du 1er novembre, les États-Unis imposeront un tarif de 100 % sur tous les produits chinois, s’ajoutant aux droits existants, et étendront les contrôles à l’exportation sur des logiciels clés.

Contre-offensive américaine multisectorielle

Parallèlement aux nouveaux tarifs, le gouvernement fédéral a déployé des mesures dans plusieurs industries pour accentuer la pression sur la Chine.
S’agissant des équipements portuaires, le Bureau du Représentant au Commerce a annoncé, via un avis, l’imposition d’un tarif de 100 % sur les grues ship-to-shore et matériels de manutention fabriqués en Chine, à compter du 9 novembre, ciblant directement la domination chinoise dans la logistique portuaire.
Dans l’aéronautique, Trump a laissé entendre, en réponse à des questions de journalistes le 10 octobre, d’éventuelles restrictions à l’exportation sur les avions et pièces de Boeing, rappelant la forte dépendance de la Chine aux aéronefs et composants américains.
Dans l’électronique, le président de la Commission fédérale des communications, Brendan Carr, a annoncé le 10 octobre sur X le retrait effectif de millions d’appareils interdits, dont des équipements Huawei et ZTE, des principales plateformes de e-commerce.
Li Jing et Luo Ya ont contribué à la rédaction de cet article.